The Rodeo + The Bewitched Hands + Emilie Simon au Hiro Ballroom (New-York, 19 octobre 2010)
Tiens pour une fois, je ne vais pas vous parler d’un concert qui s’est passé à Paris, mais bien Outre-Atlantique (comme on dit en langage journalistique pour dire « aux Etats-Unis »). C’est à l’occasion de notre séjour de 10 jours à New York (on en parlera plus tard) que le toujours-de-bon-conseil Dr Pierre nous a proposé d’aller à ce concert rassemblant The Rodeo, The Bewitched Hands et Emilie Simon, et organisé par le Bureau Export de la Musique Française (bien que les deux premiers groupes chantent en anglais, et qu’Emilie Simon ne joue qu’une partie de ses titres en français ; mais bon, tant qu’à faire, je préfère éviter de me demander ce que devrait être la « musique française »…). A noter que le concert était entièrement gratuit (avec même une Heineken offerte pour qui voulait (nous on voulait pas)).
Un mot sur le lieu : le Hiro Ballroom est une salle assez classe, au décor japonisant peut-être un peu cliché, mais très sympa (pour ceux qui passeraient par New York, on recommandera aussi le resto attenant à la déco toute aussi classieuse et à la carte succulente : le Matsuri). Le son y était vraiment parfait (à part deux ou trois larsen bizarres sur le chant à des moments inattendus) : l’avantage, décidément, des petites salles.
Je ne connaissais aucun des deux groupes qui passaient, et je n’ai écouté d’Emilie Simon que son album Végétal (parce que j’avais adoré Fleur de saison, mais que j’avais trouvé l’album globalement très mou), donc j’y allais avec une grande ouverture d’esprit, ne sachant pas du tout ce que j’allais entendre, et de bonne humeur (ambiance vacances à New York et soirée coolos avec ma copine et un ami pas vu depuis longtemps).
C’est devant un public très restreint (quoi, 20 ? 30 personnes peut-être ?) qu’a d’abord joué The Rodeo. Une intimité qui m’a paru parfaite pour apprécier au mieux la voix chaude, légèrement cassée mais parfaitement maîtrisée de la chanteuse Dorothée, officiellement à elle seule The Rodeo (j’ai compris l’astuce de ce nom de scène en préparant cet article : pendant le concert, elle a annoncé deux fois son nom, et Pierre avait cru qu’elle prononçait celui du groupe : en fait à l’oral et avec l’accent, « Dorothee » et « The Rodeo » se prononcent à peu près pareil). Son partenaire de scène participait pourtant beaucoup de la qualité du concert, avec sa frappe de batterie féline et chaloupée qui m’a fait penser à celle du batteur des Cold War Kids (groupe extraordinaire à voir dans une petite salle, si c’est encore possible), et sa panoplie d’instruments bis autour de lui avec lesquels il jouait en fonction des morceaux. Je ne suis pas trop client de folk d’une façon générale : j’en écoute sans problème mais je me rends compte en y réfléchissant que d’une façon générale je n’ai jamais l’envie, spontanément, d’écouter de la folk dans la journée. Du coup, même si j’ai pris encore du plaisir à écouter ses morceaux pendant que j’écrivais ce billet, je ne pense pas aller jusqu’à acheter l’album de The Rodeo. Reste que dans l’ambiance intimiste de ce début de soirée, j’ai vraiment trouvé sa prestation parfaite et que si le concert s’était arrêté là, j’aurais déjà été comblé.
Après une petite pause assise dans l’arrière-salle le temps de se raconter nos vies pendant que les technicos préparaient les instrus pour le groupe suivant, nous avons retrouvé la scène occupée par une vraie petite foule : 6 musiciens sur scène, dont 3 guitares et une basse (ce qui me semblait un peu excessif). The Bewitched Hands est en effet un groupe choral, à la Arcade Fire, avec deux chanteurs attitrés mais où tout le monde chante un peu. Ça fait fouillis, un peu brouillon d’autant que les deux chanteurs sont souvent à la limite de la justesse, mais dans la joyeuse énergie de l’ensemble, ça passe très bien et en fait après un très court temps d’acclimatation, j’ai été carrément emballé. J’ai trouvé les membres du groupe attachants par leur côté « bande de potes » (particulièrement criant sur le titre « Out of myself », où ne joue plus qu’une guitare pendant que tout le monde se rassemble sur le devant de la scène pour chanter en choeur) pros mais pas formatés (j’ai adoré le lead guitariste changeant en 2 secondes sa corde de guitare cassée entre deux morceaux et expliquant avec une voix très geek -aigue, un peu zozotante, pas très assurée- qu’il faut qu’il change de corde parce que là sur la prochaine chanson il a un solo et que sinon, il peut pas le jouer ! ^_^).
A la différence de The Rodeo dont j’avais trouvé la prestation vraiment super mais dont le style musical ne me correspond pas vraiment, le rock pop de The Bewitched Hands m’a fait penser aux excellents premiers albums de Weezer et à l’inverse, je me voyais bien les réécouter encore et encore sur disque en rentrant. J’ai été surpris de trouver leur EP dans la sélection relativement restreinte de titres proposés pendant notre vol vers Paris : il y a en effet pas mal de buzz autour du groupe (je n’ai pas creusé l’enquête mais je sens que les Inrocks ont quelque chose à voir avec ça) ; ça m’aura permis en tous cas de les entendre avant même notre retour en France. Malheureusement, je ne retrouve pas le même son sur leurs enregistrements que sur scène, et le côté rock qui pulse disparaît pas mal des versions plus… folk proposées sur ces versions studios. Je vous laisse vous faire votre opinion avec ces deux titres parmi mes préférés, Hard to Cry en live, et Work version studio. Je ne suis plus sûr du coup de vouloir acheter leur album (qui est sorti quelques jours après notre retour), mais je pense que je retournerai avec plaisir les voir en concert (ils commencent ces jours-ci une tournée en France).
La soirée était donc jusque là excellente, et restait à écouter Emilie Simon. Elle est arrivée, seule, dans un costume à mi-chemin entre la robe très élégante et l’exo-squelette, avec un gant armure sur le bras gauche qui lui servait à piloter certaines de ses machines. Un peu déçu au départ par le fait que sa musique soit jouée par des instruments électroniques et programmés plutôt que par de vrais musiciens, j’ai rapidement apprécié le fait qu’elle joue de ses machines comme d’autant d’instruments, seule, tout en gardant une voix magnifiquement maîtrisée (et personnellement, je trouve que le fait que sa voix sonne de plus en plus souvent comme celle de Kate Bush est étonnamment plaisant). J’étais dans le bon état d’esprit pour lui faire un accueil très favorable, mais Marion est imperméable aux sons synthétiques et elle commençait à être fatiguée, tandis que Pierre (qui voulait surtout la voir elle au départ si j’ai bien compris) était tout perturbé par l’absence d’Elise (qui nous avait fait faux-bond au dernier moment et qu’il ne voulait pas laisser se morfondre chez eux pendant que lui s’amusait) et la pression de son boulot. Ca conjugué au fait qu’elle jouait plutôt ses titres récents alors que Pierre préférait les premiers, fait que nous sommes partis après 4 titres, dont une version réinterprétée d’Opium, l’une des chansons qu’il préfère mais qui n’a pas du tout plu à Pierre dans cette nouvelle version (je peux comprendre : moi non plus je n’aime pas trop quand on décide de réinterpréter des titres que je trouve déjà parfaits tels qu’ils sont). Je ne peux donc pas vous en dire plus sur cette dernière prestation, que personnellement j’ai trouvé très bien (toujours pas le genre de trucs que j’écouterais à la maison ou sur mon Ipod, mais nickel en concert -surtout gratuit ! ^_^). Je vous remets quand même pour le plaisir la vidéo live de l’excellent Fleur de saison, au cas où vous ne connaîtriez pas Emilie Simon et où vous n’auriez pas cliqué sur le lien là-haut.
Au final, excellente programmation, excellentes conditions sonores : je recommande les concerts au Hiro Ballroom et ceux proposés par le Bureau Export, et un grand merci à Pierre pour nous avoir encore dégoté un super plan :) !
Petite mise à jour pour dire que j’ai quand même craqué et acheté l’album de The Bewitched Hands, Birds and Drums, et que mon impression à la première écoute se confirme hélas : je regrette les trois guitares électriques + basse de leur show sur scène, là on est plus proches d’un MGMT mou, le son est décevant et l’énergie envolée… vraiment dommage :(
Bon, a ne pas acheter donc…
Malheureusement non. Je maintiens par contre qu’ils sont très bien sur scène, et que je compte les y revoir !