Deux semaines au Pays Basque Espagnol (Eté 2010 – 1ère Partie)
Pour reprendre une formule qui marche (et rendre cet article potentiellement intéressant pour d’autres que ma copine et moi) les futurs voyageurs à la recherche d’infos concrètes sur les logements au pays basque espagnol trouveront à la fin de ce billet un descriptif des hôtels et gîtes dans lesquels nous sommes descendus, histoire de démêler les bons plans des mauvais. Pour renforcer encore le côté pratique de l’article, je vais même ajouter cette fois une appréciation synthétique de chaque visite, selon le barème suivant :
* sans intérêt / ** seulement si vous êtes à côté et que vous cherchez des trucs à faire / *** bien / **** vaut le détour / ***** mérite d’organiser un voyage juste pour le voir.
Samedi 3 juillet : Arrivée à Javier
La semaine passée avec notre bande a filé comme dans un rêve, et nous avons tous du mal à croire que sept jours se sont écoulés si vite… Un peu déboussolés (par la précipitation des préparatifs du départ, par le changement d’ambiance, et pour ce qui me concerne par le rhume qui me tient depuis deux jours), nous quittons nos amis sur le quai de la gare et partons seuls, Marion et moi, vers de nouvelles aventures.
Nous passons ainsi subitement de l’ambiance animée d’un groupe de 10 dans une ville très peuplée (je pense qu’il était temps qu’on parte parce que l’invasion commençait ce jour-là) à celle plus intime d’un couple dans une région quasi déserte : bien que nous nous approchions de Pampelune à quelques jours du début des férias, nous ne croisons à peu près aucune voiture dans le coin où nous arrivons, un peu plus à l’est à la frontière entre Pays basque et Navarre. « Heureusement », pour maintenir une ambiance festive, l’hôtel où nous logeons reçoit ce soir-là un mariage et nous avons donc droit aux musiques à pouet-pouet puis à de la musique dansante jusque tard dans la nuit (mais pas trop quand même, ouf); je reste bien content de l’habitude que j’ai prise de glisser une boite de boules Quiès dans chacune de nos valises. C’était aussi le soir de la victoire de l’Espagne contre le Paraguay en quarts de finale de la Coupe du Monde, premier match que je suivais à peu près en entier depuis le début de la compétition et un spectacle très plaisant avec un beau jeu et une magnifique dramaturgie (le jeu très serré entre les deux équipes malgré la supériorité de l’Espagne sur le papier, le but refusé aux Paraguayiens, le pénalty qui leur est accordé mais que manque Cardozo, suivi immédiatement par celui -clairement plus discutable- accordé aux Espagnols et qu’Alonzo devra tirer deux fois, que le gardien du Paraguay sauvera la seconde,…). Néanmoins, comme nous sommes arrivés relativement tard à l’hôtel et que nous étions un peu fatigués, nous n’avons rien fait de plus de cette journée.
Dimanche 4 juillet : Foz de Lumbier (***), Foz de Arbayun (**)
Les « Foz » sont l’équivalent de nos gorges. La Foz de Lumbier propose deux modes de visite : soit l’agréable chemin plat (accessible aux handicapés, c’est dire) qui passe au cœur de la gorge en longeant la rivière, traversant quelques courts tunnels (appréciables quand il fait bien chaud) et permettant de voir quelques vautours planer entre les deux parois abruptes qui le surplombent (nous avions nos super jumelles pour nous permettre de vraiment apprécier : sans, la balade doit être franchement moins excitante); au bout de ce chemin très facile, un très court détour plus dangereux permet d’atteindre un joli point de vue au Puente del Diablo, petit pont de pierre aujourd’hui en ruines qui enjambait la rivière à 30m de hauteur.
Un autre chemin, de vraie randonnée celui-là, permet de faire une boucle depuis ce sentier gentillet jusqu’au parking de départ. Mais en fait, comme il contourne la gorge par l’extérieur, ce parcours d’environ 2h offre très peu de points de vue et à part pour le plaisir de la marche, il ne présente pas vraiment d’intérêt.
Nous enchaînons avec la Foz, voisine, de Arbayun. Celle-ci n’a pas été aménagée pour être visitée, et on se contente donc de l’observer depuis un belvédère un peu décevant pour qui a déjà admiré les gorges de l’Ardèche ou celles du Verdon. Pas satisfaits, Marion et moi reprenons la voiture et nous aventurons sur une route bien pentue, étroite et cahoteuse, à la limite de l’inquiétant (d’autant que plus on avançait, plus ça empirait) pour atteindre cette fois un vrai point de vue plus rare et plus élevé, permettant d’embrasser la région entière.
Assommé à la fin de la redescente par de violents acouphènes (que je m’explique par l’important changement d’altitude, fenêtres ouvertes, et alors que mon rhume est à son pic), je prends quelques minutes pour me reposer, allongé dans l’herbe à côté de la rivière. Nous ne reprendrons la route ensuite que pour regagner tranquillement l’hôtel pour nous rafraîchir et attendre le diner.
Lundi 5 juillet : Olite (****), Artajona (**), Laguna de Pitillas (**), Ujué (***)
La journée commence par une visite du vraiment très chouette Palacio de Los Reyes de Navarra (****), largement reconstruit et donc plus trop authentique, mais plein de coins et de recoins qui en feraient un terrain de jeu idéal et évoque les châteaux imaginaires de notre enfance. Le village d’Olite lui-même est très plaisant, notamment la petite place sur laquelle donne le château. Une visite que je recommande sans hésiter.
Nous poursuivons notre route et atteignons Artajona (**), un village fantôme -en tous cas au moment où nous l’aurons traversé, sans habitant et sans visiteur- (d’une façon générale, les infrastructures dans la région nous aurons impressionnées par leur qualité comparée au nombre de touristes que nous aurons effectivement croisés) perché sur un léger promontoire et dont les fortifications (du moins les tours, ouvertes vers l’intérieur de l’enceinte pour pouvoir être reprises facilement si des envahisseurs venaient à s’en emparer) sont encore en partie debout. Quelques belles photos à faire, mais le village ne mérite malheureusement pas le détour à lui seul à mon sens.
Nous tentons de faire un tour à la Laguna de Pitillas (**), une réserve située autour d’un lac, avec des observatoires à oiseaux, mais nous réalisons une fois sur place que juillet n’est pas la bonne période pour ça : il ne reste que quelques canards dans la lagune, et nous renonçons donc à notre balade.
La journée se finit à Ujué (***), autre village médiéval perché, qui abrite l’étonnante église Santa Maria la Real qui avec ses deux tours crénelées et son enceinte intérieure fait autant penser à un sanctuaire qu’à un petit château fortifié. Original et séduisant.
Mardi 6 juillet : Castillo de Javier (***), Monastère de Leyre (**), Santa Maria de Eunate (**), Puente La Reina (**)
Bien que nous ayons séjourné à côté pendant trois jours, c’est seulement mardi que nous visitons enfin le Castillo de Javier(***), dans lequel est né Saint François-Xavier (en fait, Saint François « de Javier »). Là encore, le château a été entièrement reconstruit (à part le donjon central), et si on peut regretter la perte d’authenticité, cette reconstruction donne une vraie vision, belle et intéressante, du château entier tel qu’il était à l’époque. L’intérieur du château a été aménagé en musée (je recommande l’audioguide pour comprendre ce qu’on voit, sans quoi l’enchaînement des salles doit avoir peu d’intérêt) qui retrace le parcours du saint, avec un diorama assez chouette en entrée, d’étonnants kakemonos japonais d’époque mettant en scène les missionnaires chrétiens en orient, et l’hallucinante (et minuscule) chapelle du château décorée avec un christ crucifié entouré de peintures macabres de squelettes animés représentant la Mort.
Nous passons ensuite rapidement au Monastère de Leyre (**), relativement anecdotique mais dont l’église un peu mal fichue (les ailes ne sont pas de la même taille de chaque côté, les arcades sont bancales et inégales) lui donne un petit charme. Comme nous sommes arrivés en plein au début d’une courte cérémonie à laquelle ne participaient qu’une dizaine de moines entonnant des chants grégoriens, notre visite y a gagné en plus une aura mystique qui nous a bien plu à tous les deux.
Après une pause pour déjeuner sur l’herbe, nous faisons un crochet pour retourner à Olite où nous avions repéré une boutique qui offrait l’accès à Internet (nous n’avons plus eu d’accès depuis notre arrivée en Espagne) : la boutique étant fermée, c’est finalement sur mon Iphone (pour un prix qu’il me reste à découvrir) que nous vérifions que Marion est bien admissible à son concours d’Attaché Principal, malgré l’impression qu’elle avait eu d’avoir foiré l’examen écrit ! Reste à réussir aussi l’oral en septembre : à suivre.
Soulagés par cette bonne nouvelle, nous poursuivons nos visites du jour, direction une église dont la présentation dans le Lonely Planet était alléchante : de forme ronde à l’extérieur et octogonale à l’intérieur, entourée d’un portique inhabituel d’une cinquantaine d’arcades et isolée au beau milieu de nulle part, elle s’est vue attribuer des vertus mystiques et ésotériques (elle se trouverait à l’un des sommets d’un triangle magique jouant sur les forces telluriques) ; en sus, l’un de ses chapiteaux est orné d’une figure barbue qui, regardée à l’envers, devient la tête cornue du diable… Malheureusement, cette présentation de cette petite chapelle est plus excitante que le bâtiment réel et au final une fois cette description intrigante lue, se rendre physiquement à Santa Maria de Eunate (**) n’apporte rien de plus, et démystifie même le truc. Décevant.
Nous ajoutons à cette longue journée de visites un passage à la ville toute proche de Puente la Reina (**) avec son pont médiéval, ses deux églises, ses échoppes artisanales… Après avoir vu plusieurs villages basques médiévaux, malgré la beauté des portes (fait remarquable : dans la région, la porte de chaque maison ancienne est littéralement unique), des balcons, la magie opère moins et la ville ne me laisse qu’une impression (injuste, sans doute) de déjà-vu.
Mercredi 7 juillet : Las Bardenas Reales (****, *** en été)
Las Bardenas Reales sont une vaste réserve naturelle promue par l’Unesco au rang de réserve de la biosphère. Notre visite s’y est limitée à la Bardena Blanca, qui constitue la partie désertique de la réserve, quasi-exclusivement minérale et dépouillée de toute végétation. Bien que nous ayons déjà eu pas mal d’occasions de traverser des paysages arides étonnants (en Argentine ou à Petra en Jordanie, par exemple), j’ai régulièrement été étonné par les paysages que nous y avons découverts, différents de ce que j’avais déjà pu voir, mais différents aussi entre eux, passant de décors lunaires à des canyons désolés évoquant la Vallée de la Mort, des cheminées de fée,… L’essentiel de la visite s’effectue en voiture sur une piste qui fait le tour de la zone, mais il est possible de s’arrêter un peu partout pour s’écarter à pied de la piste. L’endroit doit être spécialement intéressant à visiter hors été, et à l’instar de Petra, j’imagine qu’on doit pouvoir facilement improviser des balades terribles dans ces paysages déserts où on peut se donner l’impression d’avancer en territoire hostile inexploré ; là pour le coup en juillet, la chaleur était telle qu’on hésitait très franchement à sortir des sentiers les plus clairement balisés (se perdre est un peu plus ennuyeux quand on est vraiment dépendant de l’eau), et Marion ayant fini par ne pas se sentir très bien, c’est tout seul que j’ai gravi en fin de parcours un plateau rocheux (d’où, surplombant seul en maître la région inanimée entière, je me suis autorisé un glorieux « pipi de la victoire » dans le vent, depuis les hauteurs).
Le soir, nous avons profité de la cuisine du gîte pour nous faire un diner de pâtes en suivant à la télé la victoire des Espagnols face aux Allemands en demi-finale (« profité » n’est pas forcément le bon terme parce que la sauce de nos pâtes -à base de purée de tomates brute et de mauvais parmesan râpé local- était dégueu, mais vous voyez l’idée).
Jeudi 8 juillet : route de Laguardia vers Vitoria Gasteiz (***), Salto del Nervion (***)
Même si le coin était intéressant, c’est avec un certain plaisir que nous avons quitté la chaleur écrasante de la sèche Navarre pour gagner plus à l’ouest les environs de Vitoria Gasteiz, via une route pittoresque à travers champs, vignes et vallées, un peu plus longue à parcourir, mais bien plaisante (***). Ayant pris notre temps, nous sommes arrivés un peu tard en ville et avons crisé un peu en redécouvrant les joies de la circulation en milieu urbain (difficulté à s’orienter, affluence des véhicules, impossibilité de se garer,…) ; histoire de quand même faire quelque chose de notre journée (plus que le simple voyage d’une région à l’autre, même s’il avait été agréable jusque là), nous avons tenté une petite balade jusqu’au Salto del Nervion (***), un peu loin de la ville. Le coin est décidément très vert et très beau, la balade était sympa, mais ce que le guide ne disait pas c’est qu’en été la cascade est à sec, ce qui rend l’objectif de la promenade un brin moins excitant. Fatigués, pressés de retourner en ville avant la nuit, nous n’avons ensuite pas vraiment profité de la soirée, retirant à tort de cette première journée un ressenti désagréable de Vitoria Gasteiz.
Vendredi 9 juillet : Parque Natural de Valderejo (***), Défilé de Sobron (***)
Suit une nuit pas très bonne (réveillés en pleine nuit par la pluie -les premières gouttes depuis le début de nos vacances- battant violemment à nos carreaux, puis au matin par les prières de nos voisins), et un petit-déjeuner que nous sommes contraints de prendre hors de l’hôtel dans un bar à pintxos où tu as intérêt de savoir ce que tu veux commander et comment le dire (une des raisons pour lesquelles nous n’avons pas trouvé les bars à pintxos si cool que ça), servi par une tenancière super pas aimable : c’est avec plaisir que nous sortons de la ville pour retrouver les forêts verdoyantes du Parque Natural de Valderejo (***) pour une rando traversant un ancien village en ruines et de nombreux pâturages avant de longer une petite rivière où nous nous serions bien baignés (si nous étions moins coincés)… une rando qui descend traîtreusement pendant tout le chemin aller et qui nous a paru un peu longue au retour !
Rentrés pas trop tard après un détour en voiture via une petite route longeant au ras de l’eau le Défilé de Sobron (***) -une jolie balade qui m’a rappelé notre balade quelques années plus tôt dans les Gorges de Galamus- nous nous sommes convenablement rafraîchis avant de sortir dîner puis nous promener dans la ville, profitant cette fois davantage de l’atmosphère en vérité très agréable et détendue de Vitoria Gasteiz. La soirée aura été légèrement assombrie par le fait que notre voiture de location a récolté un bon pain et 10 gros centimètres carrés de rayures quand j’ai frôlaé de trop près un poteau dans un parking souterrain affreusement étroit, mais bon, ça me donnera l’occasion de vérifier si ma carte Visa Premier sert vraiment à quelque chose… :/
(suite du récit à venir, je m’arrête là pour cette première partie ; pour les amateurs d’images, l’album avec le reste des photos est ici !)
LOGEMENTS EN PAYS BASQUE ESPAGNOL
(les * traduisent mon appréciation sur 5, pas le nombre d’étoiles réel de l’hôtel)
Hotel Xabier à Javier (****) : difficile de faire plus proche du très chouette Castillo Javier : il est en face. Les photos du site et le commentaire du Lonely Planet m’avaient fait attendre un hôtel terrible, j’ai été assez déçu : les couloirs sont assez vieillots, les chambres petites, les lits un peu trop mous, le plancher craque… le petit-déjeuner n’est pas non plus formidable et pour un buffet, offre trop peu de choix. Rien à redire par contre sur la propreté, impeccable, ou le restaurant, au service rapide et qui propose des plats bons et servis généreusement à un prix très décent (18 € le menu – à noter quand même que la seule chose qui change sur le « menu du jour »… c’est la date ; il est probable que les plats du menu du jour soient des surgelés réchauffés, mais ça ne se sentait pas dans l’assiette donc pas de quoi se plaindre à mon sens). Les environs du Castillo -et donc, de l’hôtel- sont par ailleurs un petit paradis de tranquillité verdoyante et ombragée, où on trouve sans le moindre mal un coin paisible où profiter du beau temps un livre à la main, sans subir la chaleur.
Casa Rural La Bardena Blanca à Arguedas (****) : une jolie chambre avec salle de bains dans ce gîte qui offre aussi l’accès à une salle commune et à une cuisine équipée pour ceux qui veulent se faire leur popote. Très appréciable dans la mesure où il n’y a pratiquement pas de commerces à Arguedas (trouver le gîte, ou la supérette, demande d’ailleurs soit une certaine patience, soit un appel à l’aide des habitants, car rien n’est indiqué). Le petit-déjeuner est très bien, même si le choix n’est pas gigantesque, il y a du vrai bon pain, un gâteau maison, des fruits, des céréales,… A voir ensuite pour l’accueil : les proprio et le personnel laissent largement les occupants faire seuls ce qu’ils ont à faire ; personnellement je trouve ça très bien parce que je suis un sociophobe, mais certains pourraient regretter ce manque d’échanges (j’ai lu des critiques en ce sens sur le Net).
Hotel Dato à Vitoria Gasteiz (***) : Cet hôtel a de vraies qualités : il est situé au cœur de la ville (dans laquelle il est plaisant de se balader, mais bien lourd de se déplacer en voiture) ; les chambres, bien qu’un peu exigües, sont propres et fonctionnelles (le lit, notamment, était très bien) ; la déco de l’entrée et des paliers est géniale (archi-too much, avec des miroirs de tous les côtés comme si on entrait au casino ou en boite, et des statues à l’ancienne complètement inappropriées au milieu de tout ça (nous, une servante égyptienne en ébène gardait notre porte, par exemple). Par contre, l’insonorisation est limite (on entendait nos voisins prier…), et il n’y a pas de petit-déjeuner (il y a de quoi prendre des desayunos partout dans la ville, mais pour qui ne sait pas commander son petit-déj, et qui aime se gaver comme un cochon le matin, c’est ennuyeux).
Recit sympa, photos sympas, pratique les critiques des coins ou vous avez passe la nuit. Un bon article!
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