Max et les maximonstres (Spike Jonze – 2009)

Max et les maximonstres est l’adaptation par Spike Jonze (auquel on doit essentiellement Dans la peau de John Malkovitch) d’un livre de Maurice Sendak, auteur et illustrateur américain controversé (la violence physique et les aspects cauchemardesques de son œuvre sont souvent jugés comme psychologiquement dangereux pour le public auquel il s’adresse : les enfants). Le livre est paru en 1963, mais son thème est éternel, et la technique le rend aujourd’hui davantage viable (encore que personnellement L’histoire sans fin (1984) ou Dark Crystal (1982), par exemple, me laissent en mémoire des images moins parfaites mais certainement aussi puissantes que celles de ce film de 2009).

L’histoire est celle de Max, un jeune garçon dont la sœur a grandi, dont la mère divorcée est trop occupée, et qui n’a pas de copains : il est abandonné à son imaginaire et à ses pulsions destructrices d’enfant frustré. Le soir d’une journée où les choses se sont particulièrement mal passées de son point de vue, il s’enfuit de la maison familiale, traverse des océans dans une barque découverte par hasard, et arrive sur une île sur laquelle il fait la rencontre de créatures monstrueuses trois fois plus grandes que lui et desquelles il devient le roi. Comme dans Alice au pays des merveilles (1865), le récit est bien entendu une plongée dans l’imaginaire du personnage mais à la différence du célèbre roman de Lewis Carroll, Max et les maximonstres ne mélange pas les références du monde des enfants avec celles du monde des adultes et se concentre intensément sur la transposition de la personnalité du petit Max dans le caractère des personnages qu’il rencontre et la forme des aventures qu’il vit : les étonnants monstres Carol (je comprend seulement en relisant mon article l’origine de ce nom bizarre pour le monstre principal : il s’agit clairement d’une référence à l’auteur d’Alice au pays des merveilles), KW, Douglas, etc. aiment donc casser des trucs, se bagarrer, mais aussi se réconforter en se pelotonnant les uns contre les autres, expriment leurs émotions sans ambages, et sont très cyclothymiques, passant en un instant de l’enthousiasme à la déprime pour des raisons parfois incompréhensibles… exactement comme Max et comme bien des enfants turbulents ou solitaires.

Image tirée du livre illustré Max et les maximonstres

Image tirée du livre illustré "Max et les maximonstres"

C’est ce thème qui rend le conte universel et éternel ou presque et qui garde l’histoire encore attractive aujourd’hui, y compris pour des adultes plus ou moins jeunes, qui ont connu le livre quand ils étaient petits et le retrouvent visiblement avec plaisir à l’écran. Personnellement, je n’ai pas retrouvé mon propre univers dans celui de Max mais parce que je vis avec quelqu’un qui partage en partie cet imaginaire et ce tempérament, je comprends parfaitement la nostalgie qu’il peut inspirer… même si je n’ai été pour ma part touché que lors de la scène finale et que je suis sinon resté plutôt étranger à tout ça.

Esthétiquement, le film est réussi : les effets spéciaux sont très décents (le ‘+’ technique résidant dans l’animation des visages, plus difficile à obtenir à partir d’une animation classique), l’image est bonne, souvent belle (certains plans m’ont fait penser à Ico, extraordinaire jeu vidéo poétique sur PS2), et le gamin idéal : non seulement il est parfaitement crédible en tant que petit garçon alternativement colérique, enthousiaste puis abattu, mais en plus son joli visage en fait un avatar androgyne, incarnation aussi pertinente de leur enfance pour les garçons que pour les filles. Par contre, j’ai trouvé que l’image était excessivement tremblée, une plaie qui s’est massivement répandue dans le cinéma contemporain pour rendre l’image plus dynamique ou vivante mais qui moi, me la gâche juste.

La faiblesse du film se situe au niveau de l’histoire elle-même : comme l’auteur se place à la hauteur de son héros pour dépeindre son imaginaire, il ne s’y passe pas grand chose (on se rencontre, on construit un fort, on se bagarre, on se dispute, on se sépare… c’est léger, quoi), et les dialogues sont eux aussi bien pauvres.

Max et les maximonstres n’est donc pas nécessairement un film réservé aux enfants (à la différence d’un Ponyo sur la falaise par exemple) et bien des ados ou adultes y retrouveront avec plaisir quelque chose de l’atmosphère de leur enfance. Mais il laissera aussi sur le côté ceux qui s’attendraient à une véritable aventure et ne trouveront pas assez de magie dans ce rêve éveillé pour les garder attentifs pendant un peu plus d’une heure et demie.

4 réflexions sur “ Max et les maximonstres (Spike Jonze – 2009) ”

  1. C’est un de mes livres d’enfance qui m’a le plus marqué (sûrement à cause de la violence physique et des aspects cauchemardesques), et j’espère bien aller le voir avant 2010 :o)

  2. élise sur

    100% d’accord avec cette review! adaptation très réussie d’un superbe ouvrage : l’idée, le ton, le style sont bien rendus… mais qu’est-ce qu’on s’emmerde! quel dommage!

  3. Akodostef sur

    Elise ! J’étais passé à côté de ton commentaire ! Bienvenue !
    A quand des articles signés de ta main chez nous ? :D

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