Voyage au Mexique – Juillet 2008 (2e partie)

 JOUR 11 : SAMEDI 12 JUILLET

San Juan Chamula, San Cristobal de Las Casas
 
Nous emportons une poignée de viennoiseries (les viennoiseries mexicaines sont étonnamment bonnes, et injustement méconnues) dans la boulangerie toute proche de l’hôtel et partons pour un village maya dont je n’attends rien, ou pire… Aller voir les pauvres indiens dans leur pauvre village dans lequel ils vivent tous de la mendicité grâce à la manne des touristes qui passent les observer chez eux en masse ne m’excite franchement pas. Celui dans lequel nous nous rendons est en plus le plus touristique d’entre eux (parce que le plus proche de San Cristobal, a priori), San Juan Chamula.
Arrivés sur place, c’est l’agression dès le parking, avec des gamins qui nous réclament des pesos à corps et à cris, certains en échange de la « protection » de la voiture… très rassurant.
La suite n’est pas mieux, le « village » est en fait une ville en dur, sans franchement de différence flagrante avec les précédents villages que nous avons traversé, avec des maisons en béton à étages dont les rez-de-chaussée sont occupés par des commerces destinés aux seuls touristes (ici, de l’artisanat). La place du marché donne l’impression d’un camp de réfugiés, l’église n’a l’air de rien… bref, je me sens comme un intrus dans un milieu hostile, alpagué tous les 10 mètres par un vendeur ambulant. Horrible.
Nous passons quand même la porte de l’église-qui-n’a-l’air-de-rien… et là c’est le choc. Rien ne nous y préparait de l’extérieur, mais l’intérieur de l’église est vraiment stupéfiant : des indiens sont agenouillés en prière à même le sol, au milieu de tas éparses d’aiguilles de pin et de milliers de chandelles posées devant chaque prieur. Le seul mobilier présent consiste en une centaine de petites étagères vitrées disposées le long des murs et qui contiennent des petites poupées de… plastique ? (je ne pense pas qu’elles soient en porcelaine, mais ce n’est pas impossible) aux masques très inquiétants, représentant les saints de la mythologie chrétienne (Saint Jean-Baptiste, Saint-Pierre…), tous porteurs de miroirs suspendus à leur cou supposés permettre à ceux qui les prient d’y voir le reflet de leur âme. De grande bannières de tissus violet sont pendues à la voûte, contribuant à l’atmosphère très hindouiste (telle que je me la représente ; sans doute une interprétation erronée d’européen ignorant, mais c’est l’image qui m’est venue spontanément) du lieu. Les litanies de dizaines de fidèles récitant chacun pour soi leurs prières à voix haute en buvant des sodas (roter permet d’expulser le mal de son corps à la fin de la prière) achèvent de rendre cette ambiance surréaliste et inquiétante, loin de ce qu’on peut s’attendre à trouver dans une église catholique… Un phénomène sociologique captivant, mais aussi la démonstration par le grotesque de la pure construction dont relèvent les mythologies religieuses. 
Nous nous avançons pas à pas dans l’église « détournée », passant tels des intrus entre les prieurs assis au sol et avançant en direction du fonds de l’église, dans le chœur de laquelle ont été placés les saints majeurs (je crois me souvenir avoir vu un Saint Jésus ; Jean-Baptiste a visiblement une place centrale dans ce panthéon), toujours dans leurs petites armoires flippantes, et des centaines de pots de fleurs devant d’autres milliers de cierges, quand Marion fait tomber une bougie (ou croit en faire tomber une : en tous cas, il y en avait une renversée sur le sol) et tente vainement de le rallumer puis de le faire tenir droit à nouveau pendant ce qui me semble l’une des plus longues minutes de ma vie tant j’ai l’impression (visiblement erronée) à ce moment-là que tous les yeux sont sur nous et qu’on va nous lyncher soit pour avoir fait tomber la bougie, soit pour l’avoir touchée en essayant de la remettre en place.
Mais finalement, personne ne nous a rien dit ni fait (en fait, un peu plus tard, une indienne interrompra même sa prière pour répondre à son téléphone portable, donc bon… les indiens ne semblent pas trop intégristes pour ce qui concerne le respect à accorder à leurs rites bâtards). Impressionnante ambiance néanmoins, d’autant plus qu’inattendue.
 
Revenus à l’extérieur, Marion achète un foulard gris et un pancho sans manche en laine, avant que nous repartions.
Du fait d’une incompréhension (la langue, toujours la langue…) avec les enfants qui nous assaillent à l’entrée d’un second « village maya » (l’entrée serait payante –ce que confirme le Routard- mais nous pourrions en être exemptés en acceptant de visiter une boutique d’artisanat particulière, sans obligation d’achat), nous faisons demi-tour vers San Cristobal. Visite du marché d’artisanat local à la recherche de souvenirs à ramener aux copains et à la famille, dont nous ressortirons avec deux porte-clés « sous-commandant Marcos »… et deux gros bijoux assez originaux et pas excessivement chers (en lapis-lazuli, ambre et jade) pour Marion.
L’endroit où nous dînons est moins sympa que la veille, et comme celui où nous nous apprêtons à prendre un verre joue aussi une musique moins à notre goût, nous annulons notre sortie et entrons nous coucher, après avoir sauvegardé les photos de Marion sur ma clés USB à l’hôtel (Marion aura pris au total pour environ 9Go de photos…).
 
 
 
JOUR 12 : DIMANCHE 13 JUILLET
Tonina, Agua Azul
 
Sur la route pour Palenque, nous visitons Tonina, site moins touristique construit tout d’un bloc dans une grande pyramide adossée à la colline. L’effet est moins impressionnant qu’espéré (l’aspect ‘bloc’ est moins flagrant que sur le plan du site présenté dans le Routard, on a globalement l’impression de gravir une colline sur laquelle ont été bâtis les bâtiments indépendamment les uns des autres) [ce site aura été une déception pour moi ce jour-là, mais le souvenir que j’en garde est quand même très positif parce que d’un point de vue du concept c’est quand même une construction vraiment originale (unique à ma connaissance) et intellectuellement enthousiasmante.]
 
Peu de choses remarquables sinon une fresque bien conservée où la Mort tient la tête de Chan-Balum, le fils du fameux roi Maya Pakal, qui fut capturé à Palenque et décapité ici à l’issue d’un jeu de pelote.
 
Plus loin et malgré la pluie qui vient de tomber et qui menace encore, nous faisons un nouveau détour par Agua Azul, point TRES touristique où quelques personnes se baignent au pied d’une assez impressionnante cascade très large, dans une eau… plus verde que azul, mais bon, jolie quand même. Un chemin bien pavé (et bordé de commerces) remonte le long du lit de la rivière et permet de découvrir plusieurs séries de jolies chutes qui précèdent la principale.
Une averse tombe à nouveau mais nous avons nos capes de pluie et avons bien assimilé désormais la façon dont la pluie s’annonce (d’abord pendant 15 secondes une toute petite pluie de rien du tout : l’ignorant croit que ce n’est rien ; le sage sait qu’elle annonce les trombes rituelles qui dureront ensuite durant au moins une demi-heure et tremperont en moins d’une minute les malheureux qui pensaient ne pas avoir besoin de se protéger) ; la pluie fait fuir une bonne partie des touristes, donc en plus c’est tout bon.
 
Nous achevons le trajet pour Palenque où nous profiterons de la piscine (avec toboggan !) de notre sympathique hôtel façon « rustique de luxe » avant d’aller dîner dans un resto sympa mais peuplé –uniquement- d’une trentaine de français, en pourtant 4 groupes différents… Routard power ! Je découvre avec plaisir que l’ « arrachera » semble être un plat assez répandu, même si je ne sais encore aujourd’hui pas dire avec certitude si l’idée qu’il soit préparé à partir de viande de taureau (ce que semblait dire le propriétaire du premier resto où nous en avons mangé, et où elle était spécialement bonne) est une erreur de compréhension de notre part, ou s’il s’agissait d’une spécialité de ce premier resto. D’une façon générale, l’ « arrachera » semble en effet être une simple bavette de bœuf, marinée avant la cuisson (ce qui lui donne son excellent goût légèrement relevé).
 
 
JOUR 13 : LUNDI 14 JUILLET
Palenque
 
Le site est assez vaste. Pour éviter la masse des touristes qui sont arrivés en même temps que nous (bien la peine de se lever tôt, tiens…), nous filons directement dans la jungle à l’autre bout du site (qui serait encore loin d’être totalement défriché et s’étendrait encore bien plus loin dans la jungle), découvrant à l’écart du gros des visiteurs les ruines d’un temple isolé, une petite cascade, un pont suspendu, au milieu des moustiques et avec en bruit de fond un son strident assez effrayant, évoquant celui d’une scie circulaire mais qui pourrait bien être le cri de singes hurleurs (je n’ai pas réussi à trouver confirmation sur Internet).
 
Nous revenons ensuite vers les bâtiments principaux, et notamment le très vaste palais (qui fut celui de Pakal) et les deux pyramides dites « de la croix » et « de la croix foliée », qui dominent la jungle (dans celle de la croix, amusante stèle avec un vieux shaman qui fume).
Je retiendrai surtout de la visite l’ambiance de la jungle ; pour le reste le site est plutôt anodin après tous ceux que nous avons vus et que nous verrons ensuite.
 
 
Petite pause sur la route dans un Burger King qui me réconcilie avec le Whopper, à Escarcega (qu’on peut également appeler « Escargosa », private joke qui ne fait rire que moi), où nous nous perdrons un moment avant de trouver la route, super mal indiquée, pour Calakmul.
Arrivés à l’hôtel (ambiance « huttes de luxe »), nous profitons une fois encore de la piscine (plus petite et où il est de fait presque impossible de nager, mais simplement barboter est bien plaisant à la fin d’une journée de visite et de route, et de la moiteur ambiante) avant de dîner d’une simple soupe (crème d’elote (maïs) pour moi, très doux, très bien). Mon oreille gauche me fait très mal, encore plus quand j’en touche l’intérieur, et quand j’avale ma salive… Il faudra que j’aille voir l’ORL en rentrant [ça reste à faire, comme ça s’est calmé ensuite, j’ai arrêté de m’en inquiéter].
 
 
JOUR 14 : MARDI 15 JUILLET
Calakmul

 Le trajet de l’hôtel à Calakmul est un poil long, mais moins éprouvant que je ne le craignais : je me voyais déjà conduire pendant deux heures sur une route boueuse et irrégulière, et en fait la route, bien que la vitesse y soit limitée à 30km/h pendant 60km, est goudronnée, ce qui change tout.

Excellente surprise sur le chemin piéton qui nous conduit aux pyramides, nous entendons des mouvements dans les arbres et observons fugitivement des silhouettes très déliées passant de branches en branches… suivies de voix, un peu plus loin, et j’ai cru un moment que des gens arrivaient, mais les sons évoquant plutôt la langue des Ewoks, en nous approchant nous avons pu rester quelques minutes au pied d’un arbre où, 7 mètres plus haut, deux singes mâles jouaient à se battre, puis à se faire des câlins. Une rencontre assez impressionnante, notamment au départ, avant qu’on ne puisse distinguer clairement ce à quoi nous avions affaire.
Plusieurs bâtiments du site sont en état encore respectable, mais le balisage et l’aménagement très « carré » font perdre un peu (trop) de l’ambiance « découverte dans la jungle ». Deux pyramides se détachent en particulier, l’une supposée être « la plus haute » (du Mexique ? du monde Maya ? La pyramide du Soleil de Teotihuacan me paraissait plus haute…) et une seconde qui paraît presque aussi haute, et qui en tous cas est moins rectiligne du point de vue architectural, donc un peu plus intéressante (d’autant que sur « la plus haute », les touristes campent au sommet, ce qui ruine franchement le trip). Une averse courte s’abattra sur nous lorsque nous serons au sommet de la seconde, et les singes se mettront à pousser de longues séries de cris se répondant d’un bout à l’autre de la jungle… Impressionnant et excitant, alors que nous sommes seuls au monde sur ce toit de pierre qui surplombe la jungle à perte de vue, cette fois nous profitons à plein de l’atmosphère unique que nous nous attendions à trouver dans un site comme celui-ci, perdu au cœur de la réserve naturelle.
 
 
Nous ferons deux nouvelles rencontres extras sur le chemin du retour en voiture dans la jungle : une ligne de 6 ou 7 animaux non identifiés (à mi-chemin entre le singe et le tapir, qui marchent à 4 pattes mais peuvent grimper aux arbres comme s’ils avaient des mains, mais avec un long museau et une face pas du tout simiesque) qui, la queue en l’air, traversent la route et se carapatent à notre approche ; puis un bizarre lézard bipède qui coupe la route devant nous à toute vitesse, trop mignon et trop marrant dans sa démarche, qui évoque un tout mini-vélociraptor (nous en reverrons un deuxième un peu plus loin ce qui me permettra de prouver à Marion que je ne l’ai pas inventé (authentique) –et encore un que nous pourrons mieux observer, le jour suivant à Bécan.
 
Léger stress au retour, où nous constatons que notre réservoir est quasiment vide, alors que nous n’avons pas vu de station depuis Escargosa… à 150km de notre hôtel…
Mon oreille va mieux, je fais attention à ne pas mettre mon oreille sous l’eau à la piscine.
 
 
JOUR 15 : MERCREDI 16 JUILLET
Bécan, Campeche
 
Incapables de trouver le chemin à pied partant de l’Ecovillage pour Bécan, nous partons en voiture d’abord au-delà de la ville la plus proche au nord pour refaire le plein (ouf !) avant de nous rendre sur le site, presque désert, ce qui est bien agréable. A l’entrée nous croisons un nouveau mini-vélociraptor, que Marion aura le temps de prendre cette fois en photo et dont nous pourrons mieux observer la démarche tordante.
Plusieurs bâtiments sont en bon état et, avec les esquisses de présentation, permettent de se faire une bonne idée de la masse impressionnante que certains devaient avoir (dont plusieurs avec deux hautes tours symétriques de chaque côté, très séduisantes dans l’esprit) ; une petite arcade (couloir étroit surplombé d’une voûte en ogive) entre deux bâtiments ; un visage d’homme-puma presque parfaitement sauvegardé dans une frise abritée derrière une vitrine. Becan fut l’un des gros centres de pouvoir politique, peut-être plus important que Palenque à son époque, et cela se sent dans ses structures.
 
 
Comme la route pour Campeche promet d’être longue et que nous voulons pouvoir profiter de la ville, nous ne nous attardons pas : Marion prend le volant (me permettant de repérer sur la route un supermarché de l’improbable chaîne « Super Saint François d’Assise » !) et nous conduit à Campeche, au bord de la mer… où la chaleur est écrasante.
Nous visitons le musée d’archéologie Maya, où 95% des textes sont exclusivement en espagnol (rmlll… heureusement à ce stade de l’expédition, je comprends plutôt bien l’espagnol quand je le lis) : quelques figurines Mayas sympas de plus, d’autres masques de jade un peu moins réussis que celui de Pakal (vu au musée d’anthropologie de Mexico) ; il y avait aussi une pièce assez étonnante, présentée comme une large ceinture de protection pour les joueurs de pelote, mais qui était… en obsidienne (donc pas flexible du tout, bien lourde, potentielle coupante…). Le mystère autour du principe du jeu de pelote reste bien dense !
La visite du musée est globalement très décevante, malgré la jolie vue sur la mer depuis le fortin dans lequel il a été installé.
 
Nous nous baladons ensuite dans la vieille ville de Campeche (le centre, donc, qui était autrefois circonscrit par des murailles pour la protéger des attaques de pirates, à l’époque où la ville était devenue un port majeur pour le commerce de l’ensemble du Yucatan). Les maisons sont jolies, avec de petits « sombreros » sculptés au-dessus des portes et fenêtres, de jolis lampadaires incurvés, encastrés dans les murs… Mais l’ensemble rappelle quand même beaucoup San Cristobal de Las Casas, en plus bourgeois (les voyageurs qui effectuent le trajet dans l’autre sens parviennent peut-être à la conclusion inverse…).

 
Nous allons dîner dans un restaurant dont le balcon donne sur le zocalo (‘zocalo’ est le nom générique donné par les mexicains à l’ensemble de leurs places centrales, bien que le nom semble provenir à l’origine de la place centrale de la ville de Mexico, sur laquelle avait été fixée un socle (‘zocalo’ en espagnol) destiné à accueillir une statue qui n’y fut finalement jamais érigée : le socle étant resté en place des années, les habitants de Mexico avaient baptisé la place du surnom de ‘zocalo’), situation assez idéale, et goûtons une pina colada excellentissime (il faut que j’apprenne à bien les préparer [j’ai réessayé depuis mon retour : l’utilisation d’un ananas frais plutôt que de simple jus est un vrai plus ; je tenterai une deuxième fois bientôt et je posterai ma recette si l’essai s’avère concluant à nouveau]) avant de nous balader une demi-heure sur le malecon (le remblai qui borde la mer, un endroit assez agréable pour se balader –et éventuellement faire du roller, des pistes lisses longeant le chemin piéton ; ou de l’exercice physique, des installations pour les abdos et les pompes ayant été construites sur le côté). Malgré l’heure et le vent, il fait toujours aussi étonnamment chaud.
 
 
JOUR 16 : JEUDI 17 JUILLET
Chichen Itza

Nous décidons de faire l’impasse sur Uxmal, dont la pyramide est pourtant, paraît-il, extra. Mais à ce stade, des pyramides nous en avons déjà vu beaucoup et nous préférons donc l’option « pas Uxmal, mais Chichen Itza » à l’inverse, ou à la 3e option « Uxmal+Chichen dans la même journée», qui aurait risqué de nous saturer un peu.

Bien qu’il semble que nous ayons évité l’heure de pointe, il y a quand même énormément de monde à l’entrée du site. Toutefois, rapidement, la population se diffuse sur tout le terrain et cela devient très vite supportable. La vraie nuisance proviendra en fait de la permanence des claquements de mains des guides qui démontrent les particularités acoustiques de certains bâtiments, suivi du même geste répété des visiteurs qui veulent les tester eux-mêmes (le touriste a d’ailleurs une incompréhensible propension à frapper 3 fois consécutivement dans ses mains, ce qui évidemment n’aide pas trop à suivre le nombre d’échos qu’il produit lui-même) : dans le jeu de pelote, on est supposé pouvoir entendre ce qui se dit d’un bout du terrain à l’autre en dépit des quelques 70m qui séparent les deux extrémités, et les échos sont supposés se répéter 9 fois ; choses naturellement impossibles à vérifier puisqu’il y a toujours un nouveau blaireau pour initier une nouvelle bordée de claquements.
 
En dehors de ça, le site lui-même est très bien, et efficacement restauré. Le jeu de pelote est exceptionnel, avec ses deux anneaux en place qui nous permettent enfin de comprendre comment se présentait réellement le terrain, et avec des frises bien conservées représentant les joueurs équipés et en tenue, et au centre, autour de la balle ornée d’une tête de mort, la décapitation de l’un des joueurs (les spécialistes ne sont toujours pas capables de déterminer si c’était le capitaine de l’équipe vaincue ou de celui de l’équipe qui l’avait emporté qui se retrouvait finalement exécuté rituellement), du cou duquel jaillissent des serpents en guise de gerbes de sang. Très chouette.
La grande pyramide du Devin (dont l’image, semble-t-il, est très connue – personnellement je n’avais jamais entendu parler de Chichen Itza avant de planifier notre voyage au Mexique ; l’image de cette pyramide m’était cependant effectivement familière), avec un escalier sur chaque façade, de façon assez exceptionnelle, mais sur laquelle il n’est plus possible de monter (l’ensemble du site est d’ailleurs interdit à la grimpette, ce qui est sans doute une décision sage compte tenu de la fréquentation) est très belle.
 
Le grand cénote sacrificiel de 20m de profondeur (+de 6 à 12m de profondeur sous l’eau),  excitant sur le papier, n’est pas très intéressant dans la réalité.
Le « Palais des 1000 guerriers », très original puisque encerclé de plus de 300 colonnes ornés de représentations de personnages armés, abrite sur sa terrasse, au sommet de l’édifice entre deux piliers en forme de massives têtes de serpent, un Chac-mool (statue typique allongée sur le dos mais avec les épaules redressées et le visage tourné vers le public, tenant sur son ventre un plateau destiné à recevoir les organes sanglants de la victime sacrifiée) qui trône en haut des marches, bien visible depuis la place centrale et se découpant parfaitement sur le ciel bleu.
 
 
Nous n’aurons pas le temps de visiter la partie purement Maya (la partie centrale, la principale, était supposément très influencée par l’art Toltèque), un peu excentrée, car le site ferme (un peu en avance d’ailleurs grmmlll) : nous entreverrons juste « l’Escargot », bâtiment en forme de dé à coudre, posé sans aucune symétrie sur une plateforme rectangulaire : plusieurs ouvertures dans le bâtiment permettraient d’observer certains alignements célestes ou solaires, et dont les escaliers intérieurs, nous dit le guide du site assez involontairement marrant (en gros, le type écrit qu’il a été le premier à remarquer l’importance de la figure du serpent dans les décorations de Chichen Itza, alors que tout le monde rejetait ses remarques au départ (c’est un autodidacte touche-à-tout et pas un anthropologue/archéologue) ; il insiste du coup beaucoup sur le fait qu’il fut LE premier –difficile pourtant de croire que les autres visiteurs du site aient pu passer à côté de ce qui crève franchement les yeux : il y a des sculptures de serpents partout !, et souligne régulièrement que les noms qui ont été donnés aux divers bâtiments sont complètement absurdes –c’est effectivement le cas (« L’escargot », « la pyramide du devin », « le temple des nonnes »…) mais il le dit de façon systématiquement si expéditive que ça amène forcément à rire) que Marion a acheté la veille, contraignent celui qui les gravit à basculer d’un côté des marches à l’autre… J’aurais aimé voir ça.
 
 
Un petit smoothie, un tour à la piscine de l’hôtel (dans laquelle, pour la première fois depuis que nous visitons les piscines d’hôtels du Mexique, on n’a pas pied partout !) et nous partons dîner dans un petit resto voisin (porc à la Yucatane pour moi, mariné et grillé, pas mal) plutôt que de tenter le son et lumière sur le site… Eh, on a peut-être loupé quelque chose, mais le concept du son et lumière, honnêtement…
 
 
JOUR 17 : VENDREDI 18 JUILLET
Arrivée à Tulum, Xel-Ha, Yal-Ku

Grosse déception en arrivant au village de Tulum, qui est passablement laid (une longue rue centrale qui prolonge l’autoroute, bardée de commerces…), puis en traversant la très longue allée qui mène à notre hôtel (chaque parcelle qui longe la plage est propriété privée d’un hôtel ou d’un club pour riches…).

Nous partons pour Xel-Ha, coin supposé (d’après le Routard 2008, quand même…) encore préservé bien qu’assez cher d’accès (350 pesos – 35€ par personne), dans lequel on peut faire du snorkeling (l’autre nom, plus cool, du « masque et tuba »), nager dans des lagons, descendre un bout de rivière en grosse bouée, etc. a priori très sympa. Mais la gérance a été récupérée par des pros des affaires qui ont mis toute la zone sous verrou, et l’entrée est en fait désormais à 80€ !
 
Toute la région de Tulum a l’air d’avoir salement tourné au paradis pour touristes richards :(
Nous décidons de ne pas contribuer à cette surenchère de requins et filons pour un coin plus petit et moins cher, un accès ouvert par le propriétaire d’une parcelle planquée. Marion peut ‘snorkeler’ un peu et voit notamment deux très gros poissons ; moi, je décide de jeter définitivement l’éponge : impossible d’éviter que l’eau entre dans mon masque, je ne sais pas ce que les gens font de leur salive, mais moi je ne peux plus l’avaler une fois le tuba dans la bouche, je déteste avoir de l’eau dans les oreilles, et je ne nage pas bien. Au-delà de la question des moyens, il y a aussi le fait que les poissons, ça ne m’excite que moyennement. Bref.
 
Nous prenons ensuite possession de notre chambre, une cabana (sorte de hutte) bien sympathique, très vaste et au look simple (bon, on reste quand même dans du 3 étoiles, donc c’est quand même pas la cabane du fond du jardin non plus, hein) mais agréable… Nous sommes accueillis –une fois n’est pas coutume- par une légère tempête qui nous coince sur place. Nous y dînons donc avant de nous coucher.
 
 
JOUR 18 : SAMEDI 19 JUILLET
Réserve Sian Ka’an, Punta Allen, Ruines de Tulum
 
Nous avions prévu une balade en kayak dans la réserve Sian Ka’an, pour pagayer dans la lagune, voir des oiseaux ou des crocodiles, tout ça. Malheureusement, si le temps était un peu moins diluvien que la veille, il restait très venteux, rendant le kayak impossible : le trajet retour étant à effectuer contre le vent, ç’aurait été faisable, mais pas agréable (faut voir : personnellement, le challenge m’aurait botté, mais bon…). Nous décidons donc de poursuivre la route dans la réserve (une route de terre bardée de trous : impossible d’y rouler à plus de 40km/h, et en général nous étions plutôt à 20 –pénible pour la conduite, mais bénéfique pour la préservation de la réserve), en direction de la presqu’ile de Punta Allen. Nous avions pris en stop deux mexicaines très sympas d’à peu près notre âge et qui parlaient parfaitement anglais, en voyage dans la région en sac-à-dos ; nous avons partagé un agréable moment le temps du voyage, nous arrêtant de temps en temps pour admirer le paysage, ou des animaux (notamment de magnifiques crabes violets –dits ‘violoncellistes’ car possédant une pince plus grosse que l’autre).
Arrivés à Punta Allen, nous nous séparons de nos passagères qui vont chercher un campement et partons pour une bien agréable balade à pied au soleil sur les plages presque désertes de la presqu’ile (avec une escale sur le ponton d’une jetée presque fantasmatique (les photos ne rendent pas du tout l’impression que donnait ce ponton lorsque nous y étions), avec une cabane construite non loin sur le sable, mais bâtie sur la coque en bois d’un ancien bateau !). Le coin me réconcilie un peu avec Tulum, que j’ai trouvé un peu trop « privatisé » pour les touristes.
 
Avant de sortir de Sian Ka’an, nous passerons quelques instants au cenote situé près de l’entrée de la réserve : une sorte de petite piscine naturelle créée par l’érosion naturelle du calcaire qui la forme, et dans laquelle l’eau est très claire. Pas grande chose d’autre à y voir malheureusement, donc Marion n’y reste que quelques minutes à snorkeler (moi je reste sur le ponton à me faire manger par les moustiques, c’est plus sympa : ne pas savoir ce qu’il y a au fond du trou –donc juste sous mon ventre ou mes jambes- me fiche la frousse).
 
Nous retournons ensuite vers Tulum pour visiter les ruines… celles-ci n’ont rien de véritablement remarquables (notamment après toutes celles que nous avons vues jusqu’ici), sinon leur situation géographique exceptionnelle, qui permet quelques photos magnifiques. La mer est ici étonnamment belle, turquoise, et nous abandonnons la visite à mi-course (nous n’avions qu’une heure avant la fermeture pour tout voir) pour que Marion aille avec le reste des visiteurs (ce serait dommage de se priver d’un tel plaisir, même si on est pas normalement là pour ça, piquer une tête dans les vagues couleur azur.
Chassés du site, nous filons à l’hôtel (qui donne donc lui aussi directement sur la plage, même si l’eau y est moins turquoise) pour profiter ensemble de la plage splendide et presque déserte. La mer nous appartient (l’avantage d’une plage privée, m’enfin…).
 
Nous dînons le soir dans un resto un peu chic où le serveur était un poil speed, et dans lequel il n’y avait QUE des touristes non-mexicains… Nous mangeons des pizzas assez fines (et pour ce qui me concerne, très épicée) : soirée très mexicaine.
Note : les crabes sont de sortie la nuit aussi, mais ils n’ont pas l’air de voir les phares, ni les voitures qui s’avancent… ça doit être un sale carnage.
 
 
JOUR 19 : DIMANCHE 20 JUILLET
Gran cenote, journée de la loose à Playa del Carmen
 
Cette journée fut spécialement marquée par la loose qui ne nous avait qu’occasionnellement frappés jusque là :
         le kayak de la veille dans le lagon de la réserve Sian Ka’an avait été reporté : il ne fut pas possible ce jour-là non plus (le vent soufflant cette fois en direction du large).
         Nous voulions faire du snorkel à Cozumel (l’île voisine de Playa del Carmen, et dont les récifs abritent la deuxième plus grande barrière de corail du monde, si je ne m’abuse) ; les bateaux partaient trop tard de Playa del Carmen, ou bien le retour était trop tôt pour nous permettre d’y faire quoi que ce soit ; nous avons donc dû laisser également tomber.
         Nous avons tenté de compenser par un peu de snorkel sur place, à Playa del Carmen, mais lorsque nous avons exploré cette piste il était trop tard pour quoi que ce soit (les commerces ferment d’une façon générale à 17h au Mexique)
         Nous sommes alors retournés à l’hôtel nous changer pour aller à la plage : la baignade était interdite ! (drapeau rouge : nous apprendrons le lendemain qu’une tourmente tropicale –Dolly- frappe le Yucatan [elle s’éteindra sans avoir fait de dommage sérieux])
         Le soir après le dîner, nous avons voulu sortir prendre un verre : une loi fédérale interdit la vente d’alcool le dimanche soir !! (et dans le resto dans lequel nous avons voulu prendre un dessert pour compenser, ils n’avaient plus de celui que voulait Marion – ailleurs, au « 100% Natural », sorte de « Paradis du fruit » mexicain, les serveurs nous ont superbement ignorés pendant 20mn, au point que nous sommes repartis de là sans rien avoir pu commander (ni même héler un serveur, puisqu’ils s’étaient tous barrés ailleurs)
         Et naturellement, il a plu toute la journée (y compris sur la fin de notre balade à pied sur la plage qui compensait le fait qu’on ne pourrait pas se baigner). Je me console en me disant que les gens qui étaient à Playa del Carmen pour la mer et la fiesta devaient salement plus pleurer que nous.
(je ne parle même pas des masques de catch mexicain (la lucha libre), dont je voulais acheter plein de modèles différents pour les distribuer aux copains, pensant les acheter 20 pesos (1,50€) chacun alors qu’ils me furent en fait annoncés à 10 fois plus (sale ville de requins et de plume-touristes –forcément vu le nombre de gros richards qui s’y pressent… grrr)
 
Tout ne fut naturellement pas à jeter pour autant. Le guide qui devait nous emmener en kayak était un maya (qui parlait toutefois parfaitement anglais) et qui a pris le temps de nous expliquer son travail et celui de son association (la construction de leur centre, produisant sa propre eau (récupérée des eaux de pluie et utilisée d’abord pour les douches puis pour les toilettes) et sa propre énergie (via des éoliennes), les travaux additionnels qu’ils ont eu à réaliser après des ouragans qui avaient menacé d’effondrement les habitations et installations construites, leurs efforts pour éviter l’extinction des 4 espèces de tortues qui viennent pondre sur les plages de la réserve –dont ils déplacent les œufs pour éviter qu’ils ne soient détruits par les touristes…).
Puis nous avons pris en stop les 2 touristes hollandais qui devaient faire du kayak avec nous, partageant un moment sympathique avec eux avant de partir de notre côté pour le Gran Cenote, un autre cenote plus grand que celui de la Réserve Sian Ka’an, dont la cavité principale est prolongée latéralement par des grottes parsemées de stalactites et de stalagmites [saviez-vous que « stalagmite » s’écrit avec un ‘g’ et « stalactite » avec un ‘c’?]… et habitées par des chauves-souris (qui restaient à l’écart même si elles volaient partout). Je me suis baigné aussi cette fois, mais sans masque ni tuba puisque je ne suis pas fichu de m’en servir, affrontant simplement ma peur des gouffres aquatiques. L’endroit était intéressant ; l’eau toujours limpide permettait de distinguer ce qui s’y trouvait, et l’une des deux grottes en particulier, plongée dans une légère obscurité, faisait tout spécialement flipper (Marion a pu mieux observer cette grotte-là grâce aux torches des plongeurs qui descendaient visiter d’autres cavités voisines au travers de tunnels sous-marins). La clarté de l’eau conjuguée à la luminosité ténébreuse donnait un aspect inquiétant à la roche aquatique, qui apparaissait comme une vaste masse obscure.
 
Playa del Carmen n’est pas une ville très intéressante. La rue principale, piétonne, est une pure extension du monde occidental ; le look de la rue est typique d’une rue centrale de station balnéaire européenne standard, la moitié des commerces sont de grosses franchises (Hagen Daas, Burger King, Mac Do…) et le reste est composé de boutiques vendant des tours vers Xel-Ha ou Xcaret (les deux grosses attractions touristiques de la côte Est, des sortes de Disneyland aquatiques), et des trucs divers pour touristes. Le Mexique se retrouve dans les autres rues, le changement est assez radical !
En revanche, les plages sont belles (moins qu’à Tulum néanmoins). Nous y avons fait une balade agréable (avant une nouvelle averse…).
Enfin, le resto où nous avons dîné, à la vraie mexicaine cette fois (avec télé et tout) était sympa, la bouffe très bien (notamment comme toujours l’arrachera, dont il faut que je trouve l’équivalent en France [c’est de la bavette, donc] et qui est désormais officiellement ma viande préférée).
Et avant de nous coucher, nous avons pris un chocolat chaud dans un petit bar où on nous a bien reçus (ce qui a compensé le « 100% natural » où on nous avait ignorés).
 
 
JOUR 20 : LUNDI 21 JUILLET
Cancun et voyage de retour
 
Réveil bien matinal pour le trajet vers Cancun (nous prendrons notre petit-déjeuner tous seul dans la salle de repas) ; j’apprends en consultant mes mails qu’une intempérie tropicale [Dolly, donc] passe en ce moment sur le Yucatan et se dirige vers le nord-est du Mexique… Je croise les doigts pour que nos vols ne soient pas perturbés.
L’averse tombe –sans surprise- sur la route, et –légère frayeur- un semi-remorque 10 mètres devant nous perd le contrôle de sa remorque, qui commence à chasser de droite et de gauche : je ralentis pour maintenir une distance respectable avec l’engin, craignant franchement qu’il ne se mette en travers de la route… Un peu comme lorsque j’avais eu mon premier accident de voiture en tant que conducteur, j’ai un moment eu l’impression de me retrouver plongé dans un jeu vidéo, avec ce véhicule dont les mouvements paraissaient soudain complètement irréels. Le spectacle est assez impressionnant, mais le conducteur finit par reprendre le contrôle de sa remorque, et nous poursuivons donc notre chemin sans souci.
 
La remise de notre voiture de location se passe aussi très bien (ouf), et nous prenons notre premier vol (direction Mexico), avec 1h de retard mais sans que cela nous pose de problème puisque notre vol suivant, pour Paris, nous imposait de toutes façons une attente de 3h à Mexico.
 
Bon, je vous passe le reste du récit du voyage de retour, qui s’est très bien passé mais qui n’était pas très intéressant, étonnamment (aviez-vous remarqué qu' »étonnamment » s’écrit avec deux ‘n’ et deux ‘m’?).
 
Le récit de ce voyage de trois semaines est terminé, je crois que dans la façon dont je décris les événements, je peux donner l’impression de ne pas avoir tellement apprécié le séjour mais ce n’est dû qu’à ma façon vaguement sarcastique d’écrire: je recommande vraiment à tous ceux qui le peuvent de faire un tour par là-bas, et je crois que les étapes que nous avions définies étaient assez idéales pour permettre de voir un peu de tout ce qui fait le Mexique; Marion insiste pour que nous allions un jour en Baja California maintenant (l’état de l’est du Mexique, une longue aiguille de terre longée par le Pacifique et qui a l’air assez aride), mais bon: en trois semaines, c’est déjà pas mal d’avoir pu voir autant de choses, on n’aura pas vraiment connu de temps morts (à part le temps perdu dans les aéroports pour nos deux jours de voyage avec connexion via Mexico).
 
Les photos sur ce blog ne sont pas trop mises en valeur, si vous voulez voir notre sélection de photos, vous pouvez jeter un oeil ici: picasaweb.google.fr/Akodostef/MexiqueJuillet2008 , je pense que ça leur rendra davantage justice.
 
Ariba! 

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