The Green Hornet (Michel Gondry, 2011)
Je me souviens encore de la sortie de SpiderMan ou l’annonce de celle des X-Men au cinéma… A une époque, les films de super-héros étaient plus que rares au cinéma, et pour le geek de base, chaque sortie était digne d’intérêt. Aujourd’hui que le public des geeks des années 80 est devenu trentenaire et qu’il a les moyens de se payer les entrées au ciné, les DVD et le marchandising qui tourne autour, on compte bien cinq ou six films de super-héros par an, et il y a donc moyen de faire le tri entre ce qui est digne d’intérêt et le reste (Thor, par exemple, sur lequel je pense bien faire l’impasse même si la deuxième plus belle femme du monde, Natalie Portman, joue dedans).
Autant dire que The Green Hornet, basé sur un super-héros de série télévisée (hem) des années 60 (hem hem) dont personne ne se souvient à part pour le fait que c’est dans cette série qu’a débuté Bruce Lee, partait plutôt pour être un film dont je ne connaitrais que l’affiche (pas très réussie, d’ailleurs). Le fait qu’il soit réalisé par Michel Gondry a quand même éveillé mon intérêt, et plusieurs bonnes critiques ont fini par me donner envie de voir ce que ça valait vraiment.
Bon, pour le coup, l’argument « Gondry » ne marche pas trop, parce qu’on ne retrouve pas vraiment l’esthétique ni le côté ‘bricolo’ du français dans la réalisation du film, et sans être un grand spécialiste de Gondry (que je trouve super en tant que personne par ailleurs, on parlera dans un prochain article de l’excellente installation ouverte qu’il a mis en place au Musée Georges Pompidou à Paris), j’ai l’impression que ce film-ci aurait pu être réalisé par des tas d’autres réalisateurs sans que ça change grand chose au résultat final. Niveau action, le film n’est pas très réussi non plus: même avec l’effet sympa (une sorte de Bullet time) qui permet à Kato de cibler les armes de ses adversaires à l’avance et de définir ainsi en quelques secondes les différents points stratégiques qu’il va attaquer, les scènes de baston et de fusillade sont relativement confuses et donc pas très intéressantes à regarder.
Par contre, là où le film est une vraie réussite, c’est dans la personnalité de ses personnages, vraiment originale : comme pas mal de super héros, le Frelon Vert naît un peu par hasard, mais à la différence des autres héros, lui n’en est vraiment pas un. D’une part, à l’instar de Batman, Iron Man, et quelques autres, il n’a pas de pouvoir, en-dehors de sa scandaleuse richesse qui lui permet de vivre comme un patachon ; mais surtout, il n’a pas vraiment de respect pour l’ordre, et ne combat le crime que parce que ça lui permet de vivre des trucs délirants avec son acolyte Kato. Kato, qui est le véritable « super-héros » du duo, puisque c’est lui le génie qui conçoit et maîtrise tous les gadgets qu’ils utilisent pour combattre le crime, et lui également qui est l’expert en arts martiaux qui leur permet d’affronter les gangsters. La relation entre les deux personnages, l’un qui prend naturellement la posture du leader mais qui est un rigolo (aux deux sens du terme), et l’autre qui devrait être dans la lumière mais se retrouve condamné par les circonstances au rôle frustrant du « second couteau », fournit l’essentiel de la matière du film (il y a une trame de fond, avec un chef mafieux assez original aussi, que les deux héros vont déposséder progressivement de tout son royaume, mais elle est assez classique).
L’autre point fort du film, c’est son humour. Seth Rogen, qui incarne Britt Reid a.k.a. le « Frelon Vert », et qui a co-écrit le scénario et produit le film, est parfait pour ce rôle de gros nul fêtard et friqué, resté coincé au stade intellectuel de l’enfance, qui recherche la satisfaction immédiate et n’a aucune considération pour la sensibilité des gens. Et la personnalité originale de son personnage permet des dizaines de gags réussis, sans que ça tourne au film à sketches ou à la parodie.
J’ai donc passé un très bon moment avec ce « Green Hornet » inattendu ; on l’a vu malheureusement un peu tard, longtemps après sa sortie et au rythme auquel j’écris mes articles, il n’est sans doute plus possible de le voir en salles aujourd’hui. Mais peu importe ! Rattrapez-vous quand ce sera disponible en vidéo, le changement de format ne devrait pas lui faire perdre ses qualités.