Rock en Seine – Août 2009 (Jour 1)
Souvenez-vous : c’était il y a un an, et Rage Against the Machine occupait la scène principale de Rock en Seine pour un concert mémorable (on en parlait là). Nous avions décidé de faire l’impasse sur le reste du festival, aucun des grosses têtes d’affiche ne nous inspirant plus que ça par ailleurs.
Cette année, même s’il n’y avait une fois encore pas vraiment de groupe que nous n’aurions voulu manquer pour rien au monde, nous avons fait l’inverse et nous avons donc pris pour la première fois le forfait 3 jours, posant même un jour de RTT pour le vendredi. J’avais pris un peu de temps pour passer écouter sur le site du festival chacun des groupes programmés pour me faire une idée et établir une liste de tout ce que j’aimerais écouter et, partis sur ces bonnes bases, nous avons débarqué dans un Domaine de Saint-Cloud extrêmement poussiéreux cette année (du fait de la sécheresse des semaines passées) pour cette première journée du vendredi 28 août.
J’avais envie de jeter une oreille par curiosité à James Hunter, un crooner plus très jeune qui apparaissait un peu décalé par rapport au reste de la programmation, séduit par la vidéo proposée sur le site du festival, Carina. Mais nous sommes arrivés sur la toute fin du set et il est donc difficile d’en faire un réel compte-rendu. Je dirai juste que ça doit être dur pour un artiste de jouer devant un parterre de gens assis au soleil et qui écoutent ce que tu fais d’une oreille dilettante (tiens, d’ailleurs aviez-vous que « dilettante » dans le contexte dans lequel je viens de l’utiliser ici, pourrait vouloir dire exactement le contraire de ce que j’ai voulu dire ? Comme quoi lire les définitions des mots qu’on emploie est souvent enrichissant… enfin, je digresse).
Nous sommes donc allés directement écouter la dernière moitié du concert de Just Jack, un artiste anglais qui pose un flow hip-hop nonchalant sur des grooves très funky/ disco, un mariage qui lui avait valu un bon succès avec Writer’s Block. Et il faut bien reconnaître que la formule marche vraiment pas mal et j’ai beaucoup apprécié la prestation, très dansante ; il y avait aussi une remarquable alchimie entre le chanteur et le public, qui réagissait vraiment à son animation et ça notamment quand il s’agit d’artistes modestes et encore en devenir, ça fait bien plaisir.
Etape suivante : Keane, groupe pop bien connu grâce à ses deux premiers très bons morceaux Somewhere only we know et Everybody’s changing qui mettaient en valeur le talent remarquable du chanteur Tom Chaplin et l’originalité du quatuor, organisé autour d’une basse, d’une batterie et… d’un piano pour remplacer la guitare. J’avais été séduit à l’époque au point d’acheter l’album, mais j’avais moyennement emballé par celui-ci qui en dehors de ces deux pépites, était assez mou du genou et insipide. Leur show à Rock en Seine m’a agréablement surpris, d’une part parce que j’ai retrouvé le son original du groupe (alors que sur leur deuxième album je trouvais que le passage du piano au synthé flinguait leur particularité) et d’autre part parce qu’ils m’ont paru être des gars sympas et sans prétention assurant leur prestation avec sincérité, et que plusieurs de leurs chansons sont quand même très chouettes (mention spéciale pour Nothing in My Way, que je ne connaissais pas et qui m’a donné envie à elle seule de les réécouter).
Après une pause restauration (qui n’a pas envie de faire la queue vingt minutes pour payer trop cher des produits dégueu ? Personnellement j’ai boycotté toute consommation de bouffe pendant ce week-end), nous sommes partis voir les Yeah Yeah Yeahs, dont j’attendais beaucoup : leur rock électro énergique me botte assez sur disque (même s’il devient de moins en moins punk et de plus en plus pop au fur et à mesure des albums), j’imaginais que sur scène la facette primitive de leur musique serait encore mieux mise en valeur. Malheureusement, le son n’était pas trop à la hauteur (je mets ça sur le compte de notre distance de la scène et le fait qu’il y avait pas mal de vent, ce qui faisait « tourner » le son, nous le restituant déformé et avec un volume aléatoire). Nous ne sommes donc pas franchement rentrés dedans… jetez-y quand même une oreille si vous ne connaissez pas (à Y Control, ou Pin, par exemple) personnellement j’aime assez la voix de la chanteuse quand elle est, brisée, dans les graves, proche du feulement (beaucoup moins quand elle lance des cris suraigus), ou quand elle évoque la voix de Siouxsie (and the Banshees) comme sur Gold Lion par exemple.
Amy Macdonald : l’ambiance était un peu retombée (bon, disons qu’elle n’avait pas encore vraiment pris pour l’instant) et la fatigue aidant, c’est assis et pas tout près de la scène que nous avons assisté à ce concert. Amy Macdonald a une très chouette voix (elle est mignonne, aussi; elle s’était teinte en blonde pour l’occasion ça lui allait pas mal), mais elle joue de la folk… et faut reconnaître que dans la folk, chaque artiste joue un peu toujours la même chanson (comment ça, c’est le préjugé de base qu’utilisent tous les gens qui n’aiment pas la techno, le rap, ou le reggae pour disqualifier d’un seul commentaire facile tout un pan de musique ? ^_^). C’est quand même particulièrement audible chez Amy Macdonald dont les deux titres les plus connus, This is the life et Let’s start a band utilisent strictement les mêmes accords Oo et du coup je ne m’attendais à rien de transcendant; je n’ai pas été déçu, c’était sympa mais pas de quoi s’en relever la nuit, malgré la voix, je le répète, bien sympathique de la demoiselle.
Laurent, le pote de Michel avec qui nous sommes venus au festival, nous a traîné un peu malgré nous vers la scène sur laquelle Madness entamait son concert. Bon, ils ont vieilli, ils ont grossi, mais quand a démarré le concert avec le mythique One Step Beyond, le chant de Suggs est exactement celui qu’on entendait, il y a quinze ans, sur disque. Pour le reste, je ne suis pas très client du ska, mais je pense que si nous avions été moins sceptiques il aurait été très possible de danser devant cette prestation tout à fait honnête.
C’a ensuite été mon tour de traîner notre bande vers Vampire Weekend. La première fois que j’ai entendu le nom du groupe (qui a connu un certain buzz), j’imaginais un groupe de rock gothique et j’étais curieux d’entendre leur musique. En fait, rien à voir, il s’agit d’un groupe de jeunes post-étudiants américains propres sur eux dont la musique est étonnamment décalée, mêlant une pop très douce avec des rythmes de musique africaine. Ce dernier point est celui qui est le plus souvent utilisé dans les médias pour parler du groupe et je ne comprenais pas trop pourquoi en entendant leur single A-Punk. L’influence était plus audible sur la longueur du concert, me faisant penser dans l’esprit au peu que je connais de Paul Simon, cet album « pop » inspiré des musiques africaines (Graceland) qui a notamment donné le tube You Can Call Me Al. Ceux qui m’accompagnaient n’ont pas eu l’air d’être très sensibles à l’originalité du groupe, mais personnellement j’ai apprécié le concert même si je ne me vois pas acheter l’album pour autant…
La première fois que j’ai entendu Bloc Party, c’était, naturellement, avec l’énormissime Banquet. Le groupe était alors inconnu, la musique était géniale, il était trop tôt et je m’éveillais difficilement : je crus reconnaître avec enthousiasme la voix du Robert Smith des débuts de Cure (oui oui je reconnais avec tout le monde que les meilleurs albums de Cure viennent ensuite avec leur période gothique droguée –Seventeen seconds, Faith, Pornography, mais je reste aussi très fan de leurs premiers albums, plus rocks –Three Imaginary Boys/ Boys Don’t Cry)… j’avais été un peu déçu de découvrir que non, Cure ne ressortait pas un bon album rock, mais restais optimiste : avec un tel single, Bloc Party allait être un grand, grand groupe ! Malheureusement, je n’ai jamais réussi à accrocher au reste de leur production même si je reste un fan inconditionnel de Banquet : les arrangements sur leur premier album étouffent à mon sens complètement la pêche que devrait transmettre la batterie énergique, je ne comprends pas l’engouement général pour le chanteur Kele Orekeke auquel je ne trouve pas du tout le charisme que tout le monde s’accorde à lui trouver, et quand j’écoute leur musique, je n’entends pas souvent de chanson : les titres s’enchaînent sans jamais m’atteindre par leur musicalité ou leur personnalité.
Bref. Bloc Party, c’était quand même LE gros concert où être ce soir-là, et tous ceux qui y ont assisté en sont ressortis enthousiastes (moi, comme prévu, ça m’en a touché une sans bouger l’autre, comme disait ma grand-mère). Ceux qui avaient plutôt misé sur Oasis, programmé à peu près à la même heure sur la Grande Scène, s’en seront doublement mordu les doigts, puisque, les frères Gallagher s’étant disputés quinze minutes avant le concert (Liam aurait cassé la guitare de Noël, et ça, ça se fait carrément pas), le groupe a splitté ce soir-là. Dur. Nous, ça nous fait toujours 15€ de remboursés sur notre billet donc on est plutôt contents ! :p
Pour finir, nous avons été jeter un oeil sur la petite Scène de l’industrie, réservée à Rock en Seine aux artistes en devenir à Oceana, ancienne choriste de Maceo Parker, dont le tubesque Cry Cry sonne comme un classique de la soul, une chanson qu’on croit connaître depuis toujours, m’avait donné envie d’en entendre plus. Malheureusement, sa jolie voix et son excellent déhanché (un peu gênant quand même : comme elle était en robe très courte et qu’on était à trois mètres de la scène, on avait un peu l’impression qu’elle cherchait à nous montrer sa culotte… ^_^ ) n’ont pas réussi à me faire supporter la balance désastreuse (un phénomène malheureusement récurrent pendant tout ce festival, on aura l’occasion d’en reparler) qui mettait tellement la basse en avant que c’en était simplement pénible. L’ingénieur son était pourtant cinq mètres derrière nous ! Dommage… du coup je réserve mon avis sur l’artiste, même si je pense que le reste de son oeuvre n’est malheureusement pas à la hauteur de ce que pourrait laisser espérer le single.
[à suivre]
La suite!!!!
Le chanteur de Bloc Party qui a la voix de Robert Smith, j’ai mal…
Je crois que Stef va pas aimer ce que je suis en train d’écrire :p
J’attends, j’attends :)
Tant pis si ça heurte ma sensibilité, ça fera débat comme ça ;)