Equalizer (Antoine Fuqua, 2014)

Equalizer, c’est l’histoire de Steven-Robert McCall (Denzel Washington), un type sans histoire qui bosse chez Home Mart, une sorte de Ikea, dans la banlieue de Boston.

Il est célibataire, maniaque, très organisé et dès les premières minutes, le spectateur est invité à se poser des questions sur son passé, car deux de ses jeunes collègues lui posent et lui reposent la question : d’où vient-il ? Que faisait-il avant comme métier ? Heureusement, pour le spectateur qui se sera un peu renseigné avant d’acheter son billet, il aura esquivé ce suspense intolérable : Steven-Robert est un ancien espion rangé des voitures, qui n’aspire qu’à une vie tranquille.

« Et donc, dans Germinal… »

Toujours est-il que Robert part de chez lui tous les matins à la même heure, prend son bus, enfile son uniforme de magasinier chez Home Mart, plaisante avec ses collègues en poussant et rangeant des trucs, reprend le bus et rentre chez lui. Puis, tous les soirs, toujours très maniaque et organisé, il ressort de chez lui avec un livre, va au même delicatessen du coin, s’installe toujours à la même table, repousse les couverts sur la gauche, et sort le sachet de thé du mouchoir qu’il a rapporté de chez lui. Le tenancier, visiblement habitué aux types célibataires, maniaques et organisés, lui apporte sans mot dire un mug d’eau chaude et à chaque fois, Robert prend bien soin de jeter son sachet de thé au même moment que l’autre verse l’eau bouillante. Il ouvre alors son livre et lit consciencieusement pendant que son thé refroidit (parce qu’on ne verra pas Robert en boire une goutte pendant les 131 minutes du film).

Seul élément un peu aléatoire dans la vie de Robert, c’est la présence régulière dans ce même bar d’Alina (Chloë Grace Moretz), une prostituée russe qui y prend ses pauses entre deux clients et avec qui Robert discute littérature (si, si). Il la voit se faire humilier, se faire battre, mais Robert continue sa vie tranquillou bilou : réveil, rasage, laçage de chaussure, bus, boulot, bus, maison, sachet de thé et livre, deli, lecture, rentrage, dodo.

Un soir, pour changer, Robert et Alina font un brin de chemin ensemble et Steven-Robert en profite sournoisement pour lui asséner des « dans la vie tu dois être ce que tu es car c’est ce que tu es que tu es » (je simplifie, pour une fois)(vous noterez le double sens philosophique des propos de Robert, lui l’ancien espion anonyme qui fait la leçon à l’ingénue prostituée de 15 ans qui aspire à devenir chanteuse).

Arrivent Igor et Gritcha, deux russes rustres qui claquent la gueule de la petite en dentelles et l’embarquent dans leur bagnole intérieur cuir, car elle n’aurait pas donné satisfaction et surtout, elle n’a pas décroché son mobile quand ils ont essayé de la joindre (Marjorie, prends-en de la graine !).

Robert rentre chez lui, et le lendemain, recommence sa journée de psychopathe (réveil, rasage, laçage de chaussure, bus, boulot, bus, maison, sachet de thé et livre, deli, lecture), jusqu’au soir, où Alina ne se montre pas au bar ; je ne sais plus comment, il apprend qu’elle s’est faite tabasser et qu’elle est à l’hosto, et là, c’est le drame : on ne sait pas trop pourquoi, mais Robert pète un fucking câble.

« Tu pues de la gueule mec ! »

Je vous la fais version courte : après avoir vainement tenté de négocier avec Igor et Gritcha le rachat d’Alina, il savate la moitié de la mafia russe à Boston, trucide quelques flics pourris, fait sauter des bateaux pétroliers et des laboratoires clandestins et finira même par un saut à Moscou pour électrocuter le big boss des méchants. Robert, il a la rage.

A la fin, une fois le calme revenu à Boston, il se fait accoster dans la rue par Alina, qui s’est fait refaire les dents et a commencé des études de musique : happy end.

Happy end et libération du Jika qui n’en pouvait plus.

Quand le film est sorti au cinéma, j’ai failli aller le voir car les critiques étaient plutôt bonnes. Il s’avère en fait que ce film est une bouse sans nom : l’intrigue est cousue de fil blanc, sans aucune surprise, et il y a tellement d’incohérences que j’en ai perdu le décompte. Quelques scènes d’action méritent peut-être d’être vues, mais c’est très cher payé par rapport à la qualité globale du film (je classe même cet article dans « la blague du jour » tellement c’était risible de nullité).

A propos de scène d’action, la première du film, la négociation foirée entre Robert d’une part et Igor et Gritcha d’autre part, m’a furieusement rappelé une scène similaire mais bien meilleure dans l’excellent True Romance, qui a un temps été un de mes films préférés :

C’est peut-être ça, finalement, l’intérêt d’Equalizer : se rappeler d’autres souvenirs.

4 réflexions sur “ Equalizer (Antoine Fuqua, 2014) ”

  1. stoeffler sur

    Ah, t’es sur de ne pas t’etre trompe dans la publication de cet article?
    Il aurait peut etre merite d’etre sur le blog de l’odieux connard :-)

    En tous cas, bah j’irai pas le voir, na!

  2. Akodostef sur

    Très rigolo cet article !
    (Steven, je ne sais pas si tu as vu, mais Jika a caché un message personnel secret dans son texte :p )

  3. stoeffler sur

    Ah, ca y est…
    C’est pas moi qui aspire par contre 0_0

  4. En vrai, le type s’appelle que Robert, pas Steven-Robert (parce que soyons clairs, un prénom composé avec Robert dedans, ça craint)

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