Mêmesprit

Shigurui est un manga japonais dont a été tiré une série animée de 12 épisodes, et qui sera le sujet de cet article.

Fujiki Gennosuke

L’histoire débute en 1629 lors d’un tournoi de kenjutsu; malgré les objections de ses conseillers, le daimyo responsable de l’organisation a insisté pour que l’usage de vrais katanas soit autorisé, plutôt que les usuels bokken (sabre de bois).

Les deux premiers participants sont Fujiki Gennosuke et Irako Seigen; le combat promet à priori d’être assez barbant, le premier combattant étant manchot et le second aveugle et boiteux. Mais dans la foule, un des spectateurs promet que le contraire va se produire et alors que les deux hommes se mettent en position de combat l’histoire embranche sur un flashback qui narrera la rencontre et l’évolution des relation entre Gennosuke et Seigen au fils des années…

Je ne connaissais rien de cet animé avant de l’avoir acquis, et la raison principale de mon intérêt a été les quelques commentaires lus sur le net ainsi que le nombre d’épisodes proposés; j’ai beaucoup de mal avec un certains nombre d’animés qui débutent bien mais qui sous la pression du succès, en arrive à un nombre d’épisodes totalement ridicule (oui, oui, Bleach, Naruto ou One Piece en sont les parfaits exemples…) et qui pour une raison X ou Y n’en finit pas, ou plus. 12 épisodes me paraît être une quantité appréciable et qui permet de développer une histoire ainsi que la terminer correctement.

Irako Seigen, l'a l'air d'avoir un p'tit soucis...

Mon sentiment après avoir visionné Shigurui est assez mitigé pour être honnête, tirant tout de même sur le positif.

Une qualité qu’on ne pourra pas nier, c’est la beauté du dessin. J’avoue que jamais je n’ai vu une série aussi belle, tous les plans sont magnifiques, les décors ainsi que la lumière sont soignés, il y a de nombreux détails concernant les armes, les costumes et les personnages, quelque soit l’angle sous lequel ils apparaissent, sont tous très bien dessinés. Un énorme coup de chapeau à la bande son également, les musiques sont tout simplement géniales et collent parfaitement à l’ambiance de l’animé.

L’histoire et les personnages sont assez complexes. Le passé des protagonistes est minutieux et chacun a un rôle à jouer dans la trame, ce qui est assez appréciable; on n’a pas l’impression que certains sont la juste pour faire de la figuration. Notamment les deux héros, Gennosuke et Seigen. Contrairement à des animés traditionnels où il est facile de distinguer le bien du mal, ici, même si les deux personnages sont antithétiques (et qu’on voit que l’un penche plutôt du bon coté), leurs réactions sont je dois dire assez fidèles à la voie du samouraï telle qu’on pourrait se la représenter: l’honneur, satisfaire son supérieur priment avant tout, même avant l’amour ou sa propre vie. Je trouve que la série a bien rendu le caractère extrême de ce mode de vie.

L’histoire repose aussi sur la qualité de duelliste des différents personnages et là encore je dois dire que le réalisme (enfin, tout est relatif on va dire) des combats est assez saisissant. On n’a pas affaire à une surenchère de pirouettes et de pouvoirs magiques. La plupart des combats, des duels je devrais dire, se règle en un seul coup. L’attention est portée essentiellement sur les combattants se tenant face à face et attendant le meilleur moment pour porter leur coup (messieurs joueurs de L5R CC, on comprend ici tout à fait le sens du mot focus :o)). C’est une opinion et une mise en scène originale qui n’est pas souvent employée dans les séries du même style.

Mie, un autre personnage de la série

Ce dernier point peut cependant se trouver être un défaut, qui est assez récurrent pendant la série; c’est la lenteur de certaines scènes ou même certains plans qui trainent en longueur et présentent un intérêt qu’on l’on peut questionner. Pour un néophyte de l’animé, cela peut être particulièrement dérangeant.

Autre point qui pourrait faire tiquer le spectateur, c’est la violence outrancière présente tout au long de la série. Et quand je dis violence, ca n’est pas claques dans la figure ou coup de pieds dans l’arrière-train, les scènes sont extrêmement graphiques, on voit à plusieurs reprises des boyaux, de la mutilation et des actes de cruauté extrêmes (et parfois injustifiés, mais bon c’est mon avis). Il vaut mieux être prévenu !

Il y a également pas mal d’érotisme (comprendre de corps nus), principalement féminins et il faut bien l’avouer juste au dessus de la ceinture, donc ca n’est pas si choquant que cela. Quoique j’ai eu parfois du mal à comprendre l’intérêt de certaines de ces scènes. Enfin, comme je l’expliquais précédemment, la qualité du dessin est magnifique donc il ne faut pas se plaindre non plus…

Le dernier reproche que je ferai à l’animé, c’est la fin qui ne conclut rien, mais alors rien du tout et nous laisse totalement frustré. Il faut que je fasse quelques recherches pour savoir si le manga papier continue l’histoire plus proprement car l’intrigue et les personnages méritaient vraiment qu’on passe plus de temps sur le dénouement.

Au final, Shigurui est une curiosité qui se démarquera par une qualité graphique et sonore indéniable, avec une histoire intéressante et des personnages complexes.

Malgré tout, ses défauts et le caractère ultra-violent en font une série qui est vraiment difficile d’accès. Je ne conseille qu’aux curieux ou aux fans d’animés.

Ici, la bande annonce officielle pour le Blu-ray: