Mêmesprit

Comme pas mal de monde, Vorti et moi avons beaucoup aimé le premier Pirates des Caraïbes (la Malédiction du Black Pearl). C’est en mémoire de certaines de ses excellentes scènes, de ses répliques mémorables (dont certaines que nous utilisons encore aujourd’hui) et de son personnage principal génialement interprété par Johnny Depp, le baroque capitaine Jack Sparrow, que nous avions été voir le 2 (le Secret du Coffre Maudit), le 3 (Jusqu’au Bout du Monde), et aujourd’hui, le 4.

Pourtant, avant de voir ce dernier épisode, impossible de se rappeler ni du 2, ni du 3 -ni même apparemment de ce que nous avions pensé des deux puisque  nous avions en fait trouvé le 3 en-dessous de tout alors qu’il me semblait juste que les deux nous avaient seulement laissés indifférents. Ah, si Même Esprit avait déjà existé à l’époque, il me resterait une trace de tout ça !  ^_^

Alors, quoi de neuf dans ce quatrième opus ? L’histoire (sachant que je n’avais plus la moindre idée de là où nous avions laissé l’intrigue) : Jack Sparrow est en quête de la Fontaine de Jouvence, et, n’ayant plus ni navire, ni équipage, s’associe à une ancienne amante pour atteindre son but. Licence « Pirates des Caraïbes » oblige, d’autres parties sont bien sûr également en quête de la Fontaine, contre lesquelles il va falloir parfois lutter, ou parfois s’associer, selon… : d’une part, la puissante Couronne d’Espagne, qui envoie une armée sérieuse faire un boulot sérieux et qu’on verra relativement peu, et servira avant tout en tant que force inéluctable qu’il faut prendre de vitesse pour triompher ; d’autre part, le capitaine sorcier Barbe Noire (Ian McShane) et sa fille Angelica (Penélope Cruz), embarqués sur le mythique Queen Anne’s Revenge et que Jack est contraint d’aider, à son corps défendant ; enfin, la Couronne d’Angleterre, qui a envoyé l’un de ses corsaires inattendus : l’increvable Capitaine Barbossa (Geoffrey Rush), qui a choisi de servir -vaguement- le Roi pour obtenir sa vengeance.

L’intrigue est globalement beaucoup plus lisible que dans les précédents épisodes, ce que je trouve appréciable parce que les intrigues des 3 premiers Pirates étaient souvent inutilement complexes, au point qu’on finissait par décrocher du fond de l’histoire pour ne plus suivre que les rebondissements, simple passager à bord de l’attraction. Autre qualité de ce quatrième Pirates, on a enfin réussi à se débarrasser des deux pénibles Will Turner et Elizabeth Swann (Orlando Bloom et Keira Knightley), qui avaient pris de plus en plus de place dans la trilogie sans jamais devenir intéressants ; malheureusement, les producteurs ne considèrent toujours pas que le seul Jack Sparrow pourrait suffire à occuper le devant de la scène (et il faut reconnaître que maintenant que ses meilleurs tours ont été utilisés, Jack paraît moins délirant aujourd’hui et que certaines de ses postures soit tombent à plat, soit caricaturent l’original), et continuent de lui coller trois concurrents qui tentent de lui voler la vedette. Barbe Noire, pas suffisamment cauchemardesque, n’y parvient pas ; Angelica poursuit la ligne tracée par Elizabeth Swann du personnage féminin qui se veut aventurier mais qui n’est qu’une poupée hystérique -on aurait clairement pu en faire l’économie ; seul Barbossa prend un peu de profondeur en se trouvant une motivation personnelle qui le sort de la seule soif de pouvoir ou de richesse.

Je retiens un très bon duel dans le clair-obscur d’une taverne entre Jack et celui qui usurpe son identité ; l’image évocatrice de l’équipage entier du Queen Anne’s Revenge suspendu à ses gréements comme des insectes pris dans une toile ; la jolie séquence de l’approche des sirènes, qui fait adroitement monter la tension ; l’évasion de Jack, attaché à un palmier. Quelques petits plaisirs fugaces, donc. Mais pas vraiment de quoi faire un bon film, toujours.