Les Beaux Gosses (Riad Sattouf, 2009)
La première fois que j’ai entendu parler de Riad Sattouf, c’était dans la très chouette émission d’Arte Tracks.
On y évoquait ses bandes dessinées, notamment les Pauvres aventures de Jérémie, dont j’avais offert un tome à Marion pour un anniversaire ou un Noël… qui m’avait plutôt déçu par rapport à ce que le reportage de Tracks laissait entrevoir de l’auteur (assez marrant) et de son oeuvre.
Difficile aujourd’hui de ne pas avoir entendu parler des Beaux Gosses, le film de Sattouf, qui fait un gros buzz et connaît un succès critique inattendu pour une comédie assez crue centrée sur la vie pourrie (ou pas tant que ça) des adolescents pas cools (ceux qui n’ont pas des tonnes d’amis, un look à 1000€, qui ne sont pas à l’aise avec leur corps, n’ont encore jamais « conclu », etc.) .
Et force est de reconnaître que le film mérite vraiment les louanges dont il est couvert : c’est très (TRES) marrant (ça fait longtemps que je n’avais pas autant ri au cinéma, autant voire aussi fort), j’ai même déjà envie de le revoir, ce qui là non plus ne m’était pas arrivé depuis longtemps.
Vous voulez en savoir davantage ? Rien de ce qu’on peut en dire ne peut réellement traduire les qualités du film, mais disons qu’en gros, ça raconte l’histoire de Hervé, ado d’intelligence moyenne, au physique moyen, et de ses relations avec sa mère très présente, son pote Camel avec qui il partage les secrets de sa vie intime et un peu plus (quoi, vous en rajoutiez jamais quand vous racontiez vos « conquêtes » à vos potes ?), ses autres potes über geeks et les autres gars « cools » du bahut (qui se foutent de la gueule des « bouffons » et les maltraitent, forcément)… et bien sûr la relation à ces créatures bizarres et incompréhensibles que sont les filles.
L’humour est complètement premier degré, et la raison principale pour laquelle c’est drôle, c’est que c’est très bien senti. Riad Sattouf passe pour un excellent observateur du réel ce qui ferait la drôlerie de ses BD, mais là où ses planches, qui mettent souvent en images des choses vues ou entendues dans la vraie vie, me font juste conclure : « …et alors? », ici l’action est à la fois réaliste ET tordante.
– Réaliste, parce que vous reconnaîtrez nécessairement dans Les beaux gosses des personnages que vous avez connus, ou des scènes que vous avez personnellement vécues. L’un des atouts en ce sens du film, c’est son atemporalité : les expressions, certaines attitudes des jeunes, évoquent clairement les années 2000, mais les coupes de cheveux improbables du groupe de potes de Hervé, les tenues qu’ils portent, font qu’on peut parfaitement voir dans ces ados maladroits et assez cons à la fois des jeunes d’aujourd’hui et des jeunes de quand-vous-étiez-jeunes (je parle au moins pour les trentenaires). L’universalité de ces situations et de ces attitudes crée du coup une vaste communauté qui pourrait bien assurer au film un succès à très long terme.
– Tordant, parce que tout ce qui se passe dans le film, bien qu’essentiellement basé sur des comportements et des événements parfaitement vraisemblables, est brillamment mis en scène pour en faire ressurgir le côté énorme, et c’est là qu’on se rend compte de la différence entre une blague bien amenée et une blague qui tombe à plat. L’inadaptation sociale des ados, leur gaucherie et leur mocheté, leur hygiène un peu particulière (clin d’oeil à l’esthétique de la BD, chaque personnage ne portera qu’une seule panoplie de vêtements pendant toute la durée du film !), tous les travers de l’âge ingrat sont habilement utilisés par Sattouf pour en faire autant de sketches mémorables et qui deviendront sans problème des blagues de référence à l’instar des répliques de La cité de la Peur, du Père Noël est une ordure ou d’autres comédies cultes.
Une vraie réussite donc, et un film à ne pas manquer !
On en revient.
C’est effectivement marrant, mais pas non plus transcendant. On se disait en sortant avec Céline que c’est « La Boum » version trash et côté garçons (avec l’esprit de la pub pour je ne sais plus quelle banque relatant la vie du « jeune », et mix entre « Le Péril Jeune » et d’un autre film où on suivait trois loosers passant leur bac).
Il y a bien plusieurs scènes marrantes, certaines qui rappellent le passé (pour ma part, une seule au final, celle du réveil béat), mais c’est pas non plus LE film de la semaine à mon avis ^^