Only God Forgives (Nicolas Winding Refn, 2013)

Plutôt difficile de parler de Only God Forgives, le nouveau film de Winding Refn. Je ne vais peut-être pas lui rendre justice non plus, car je suis plutôt un néophyte en ce qui concerne le cinéaste danois dont je n’ai vu que Drive, son précèdent film. Très bon par ailleurs, mais qui selon la plupart des gens est son œuvre la plus accessible.


Surfant certainement sur le succès de Drive, Only God Forgives était particulièrement attendu et a bénéficié d’être présenté officiellement lors du festival de Cannes. Il a clairement divisé les critiques et je pense après avoir vu le film qu’il a également divisé les spectateurs ainsi que mon couple J


Deux frères expatriés vivent de petits trafics en Thaïlande. L’ainé, Billy, décrit comme le moins raisonnable des deux, va trop loin lors d’une soirée trop arrosée à la coke et assassine une prostituée. Le chef de la police locale est alors appelé et applique lui-même la justice en exécutant Billy, de façon plutôt moyenâgeuse. Apprenant la mort de son ainé, la mère des deux frangins fait le voyage depuis les Etats-Unis et va essayer de convaincre Julian, le cadet, de venger la mort de son frère…


Bon je voulais faire quelque chose de court, mais je me rends compte que cela ne va pas être trop possible ; il y a quand même pas mal de choses à discuter…


Tout d’abord, la mise en scène et la photographie sont superbes. Les plans sont léchés à la limite du contemplatif, avec une importance sans partage pour les couleurs. Par contre, si on n’aime pas la lenteur au cinéma, c’est sûr que ça risque de rebuter fortement. Du rouge, du jaune, du bleu et du vert seront les principales composantes de moments ou lieux clés du film. J’ai trouvé l’esthétique particulièrement réussie.

Mais tout le monde n’est pas du même avis, ou du Memesprit, et les critiques allaient bon train parce que justement la mise en scène était trop arrogante et prétentieuse, prolongeant la critique au film en entier, i.e. qu’il est simplement de la branlette intellectuelle. Je n’ai personnellement pas ressenti cela, mais je peux comprendre pourquoi et je vais expliquer les raisons.

Tout d’abord, le film n’a pas grand sens, on a l’impression que c’est une juxtaposition de scènes avec un fil directeur mais qui n’a ni queue ni tête et n’a pour prétexte que de montrer de la violence à la limite du soutenable. C’est principalement cela qui a valu à Only God Forgives d’être hué au festival de Cannes. Ce qui est sûr c’est qu’il y a une tension palpable tout au long des 90 minutes et que le réalisateur s’abandonne parfois à excès de violences extrêmes, même si au bout du compte je m’attendais à pire.


Je pense que le fait de ne pas pouvoir mettre un sens à l’histoire a aussi beaucoup frustré les spectateurs qui ont certainement manqué d’apprécier juste une série de scènes magnifiques et envoûtantes. Je partage ce sentiment à plusieurs niveaux, mais en ayant discuté du fond du film, je suis arrivé à une explication satisfaisante, sans m’en gâcher l’ambiance. Je serai d’ailleurs ravi de discuter l’allégorie des mains, omniprésente.


Il reste que les fans du cinéaste apprécieront car je pense que c’est un retour vers Valhalla Rising, un film plein de mysticisme et de sens caché, avec une identité unique qui peut subjuguer. On retrouve aussi certains points communs chers à Widing Refn, le héros qui parle très peu (interprété par son chouchou Ryan Gosling), une musique orientée très année 80, envoutante et portée lourdement sur le synthétiseur et aussi l’histoire qui peut basculer d’un moment à l’autre vers une violence extrême, sans prévenir.


Au final, c’est un film qui a clairement divisé son audience. Certains adoreront, d’autres détesteront. Personnellement, je suis plutôt circonspect, certaines subtilités ne m’ont pas échappées mais d’autres me sont passées au-dessus de la tête. Et parfois, ça ne me dérange pas d’être laissé pour compte, mais ici, ça m’a un peu frustré. Il reste que le cinéaste a un talent indéniable pour ce qui est de la mise en scène et de l’ambiance qui étaient tous deux somptueux.


Une bande-annonce, qui je vous l’assure ne représente pas du tout ce qu’est Only God Forgives mais donne plutôt une idée de l’ambiance.

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