Barbara (Christian Petzold, 2012)
Voilà un film qui nous aura demandé un peu de persévérance avant qu’on finisse par réussir à le voir. Apparemment promis par ses distributeurs à une audience confidentielle, il n’est en effet proposé que dans une dizaine de salles sur Paris (dont la moitié de salles d’art et d’essai, relativement petites), et comme la critique et le bouche à oreille qui l’entourent sont très bons ce n’est qu’à notre troisième tentative que nous avons pu obtenir des places, après deux séances qui affichaient complet au moment où nous étions arrivés (et même quand on arrivait à l’heure !). Qui aurait pu anticiper une telle affluence pour un film Allemand ?
Eh oui, le cinéma Allemand, ça existe aussi, et les quelques films qui ont réussi sur la période récente à traverser le Rhin jusqu’à nous sont généralement de très grande qualité (je pense à des films comme Head On de Fatih Akin, ou Good Bye Lenin ! de Wolfgang Becker). C’est davantage à l’émouvant et mémorable La Vie des Autres de Florian Henckel von Donnersmarck que devrait vous faire penser Barbara, de Christian Petzold ; bien que les deux films soient en réalité très différents, le fait qu’ils se déroulent tous deux en RDA et mettent en scène des personnages tourmentés par l’oppression du système autoritaire communiste, et surtout leurs qualités à la fois cinématographiques et humanistes appellent forcément à faire le rapprochement.
Dans Barbara, c’est le point de vue de la victime en révolte contre le système qui est adopté : l’héroïne, femme-médecin suspectée à juste titre de vouloir passer à l’Ouest, vient en effet d’être mutée dans un hôpital de province après avoir exercé à Berlin. Révulsée par la privation de liberté dont elle est victime, elle se ferme totalement à son environnement en attendant seulement la prochaine occasion de pouvoir s’enfuir. Sa fonction, et sa compétence, prouvent pourtant qu’elle peut être utile là où elle se trouve ; et le médecin-chef qui l’encadre à l’hôpital et qui est plus ou moins censé la surveiller, est visiblement lui aussi un homme plein de qualités, intelligent, humble, disponible, généreux… mais elle se contraint à rester furieusement froide et à rejeter sans ménagement l’amitié qu’il lui offre. Le doux docteur a pourtant le charme modeste de Ronald Zehrfeld, à mi-chemin entre Justin Timberlake et Russell Crowe, deux références qui ne sont pas des pires, en matière de sex-appeal ! C’est son regard qui, cadré en deux plans serrés, rend la scène finale du film formidablement touchante. Nina Hoss, dans le rôle principal, est de son côté irréprochable en femme d’acier dont la chaleur sincère ne peut manquer de transparaître au travers de failles discrètes et ponctuelles.
Il faut bien reconnaître que Barbara souffre un peu de la comparaison spontanée avec La Vie des Autres, qui était un film magnifique. Adoptant le point de vue de son héroïne, Barbara se montre froid et peu aimable durant la majeure partie du film, et ne suscite véritablement d’émotion que dans son dernier tiers, alors que se joue le destin du personnage-titre. C’est néanmoins un très bon film que je vous recommande, pour sa vision originale d’une RDA en pleine nature (alors qu’on garde systématiquement de l’ancien bloc soviétique une image grise de blockhaus triste) et pour son message d’espoir : contrairement au cri du cœur poussé par Barbara au milieu du film, même étouffés par un système sinistre et oppresseur, il est possible de trouver une part de bonheur grâce à la beauté d’âme de ceux qui partagent un même sort.
Un message profondément humain.
Il a du bide ton seducteur sur la photo!
Un film qui ne sortira surement jamais ici… :(
Ben oui il a le regard de Justin Timberlake, mais plutôt la carrure de Russel Crowe… peut-être en un peu plus enrobé c’est vrai. M’enfin, il a du charme, t’y connais rien Jon Snow !