Appaloosa (Ed Harris – 2008)

Appaloosa - Affiche du film 
Appaloosa est un western plus que classique dans la forme (plastiquement bien moins séduisant que « L’assassinat de Jesse James », par exemple), avec un scénario sans grande originalité (un duo de justiciers débarque dans une ville victime des mésactions [saviez-vous que le mot ‘mésaction’ n’existe pas ? Moi je le découvre aujourd’hui] d’un exploitant peu respectueux de l’ordre et de sa bande de malfrats, et sont engagés par le conseil qui dirige la ville pour y faire rétablir l’ordre).
Son intérêt réside essentiellement dans ses personnages : Virgil Cole (Ed Harris), le justicier au sang-froid inaltérable face aux hors-la-loi mais qui craque dès sa première rencontre avec Allison French (Renée Zellweiger), charmante femme distinguée mais à la moralité « souple » qui cherche le confort et la sécurité que peuvent lui apporter les hommes, les vrais (mais ils sont nombreux dans cet univers très viril ! Faut-il la blâmer pour son incapacité à se décider ?) ; et le vrai personnage principal, celui de Everett Hitch, incarné par Viggo Mortensen. Aussi admirable sinon davantage que Cole l’arme au poing ou dans toutes les situations qui requièrent un vrai talent d’homme de terrain (la scène avec les indiens). Et là où les faiblesses de Cole le rendent ridicule (son vocabulaire lui fait régulièrement défaut, il devient une carpette devant celle qu’il aime,…) le flegme décalé et la droiture virile de Hitch le rendent cocasse, à la fois sympathique et drôle.   
 
Bien qu’il ne cherche pas à élaborer de thèse ou à fournir une pièce documentaire, Ed Harris propose aussi avec ce film une histoire de l’apparition de la loi et de l’ordre aux Etats-Unis, où des malfrats profitent de leur force pour détourner l’ordre à leur profit, mais où la loi peut être appliquée par des justiciers à leur compte, où des hommes –même des shérifs- sont abattus sans poursuite, mais où des braves qui n’ont rien à y gagner peuvent faire tomber les responsables par la seule force de leur témoignage, un monde où ceux qui respectent la loi se voient contraints d’accepter qu’un malfaiteur convaincu puisse bénéficier d’une immunité légale, mais où un bon duel à la régulière permet de rétablir un peu de justice (excellente scène de la provocation en duel de Randall Bragg (Jeremy Irons) par Hitch)…
 
Un film agréable en tous cas, même si sa forme très classique et volontairement sobre, ne lui permettra hélas pas de marquer les mémoires. 

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