Puppetmastaz (Elysée Montmartre, 22 avril 2009)
On ne peut pas dire que je sois un gros fan de rap… l’univers du rap en général (le côté clinquant, macho) ne me parle pas du tout, et musicalement je suis rarement impressionné ou séduit par les compositions proposées, que je trouve généralement assez pauvres et peu inventives.
Les quelques groupes de rap qui me plaisent sont de fait justement ceux qui sortent du modèle standard du rap pour proposer des choses plus originales (le côté festif des Beastie Boys, la déconne des Svinkels, la musicalité plus pop de certains morceaux d’Eminem ou The Streets…). Dans le genre pas banal, les Puppetmastaz se posent là : il s’agit d’un groupe allemand (déjà) dont les rappeurs se cachent derrière un paravent lors de leurs concerts pour laisser la scène à… des marionnettes. Je les ai découverts grâce à la chouette émission d’Arte Tracks et leur premier tube, The bigger the better (voir ci-dessous la vidéo, pas super (le clip est pas extraordinaire, mais surtout la qualité de la vidéo, pourtant officielle, est à chier), mais le morceau est génial).
On trouve peu d’infos sur le groupe sur le web (seulement deux pages sur Wikipedia, l’une en français, l’autre en… allemand), mais il s’agit en gros d’un collectif de rap où chacun a une ou plusieurs marionnettes, dont certaines vedettes comme Mr Maloke, le crocodile bad boy habillé comme un mac, Snuggles le lapin excité, et Wizard le lézard. Chaque marionnette a sa propre voix et son propre style, qui se manifeste plus clairement en concert, où le jeu de scène constitue une part importante du spectacle.
Nous avions vu la fin de leur show en 2008 à Rock en Seine, et j’avais été moyennement emballé. La dispersion du son dans l’espace ouvert rendait assez inintelligible ce qui se disait sur scène, et passé le côté marrant de voir des marionnettes faire du rap, la blague tournait un peu court à mon goût. J’avais donc zappé le récent concert qu’ils avaient fait à Paris, et m’était fait sévèrement tirer les oreilles derrière par ma meilleure moitié qui, elle (alors qu’elle n’a toujours pas écouté le dernier album que j’ai pourtant chargé sur son IPod), voulait absolument les voir. J’ai donc profité de leur passage à l’Elysée Montmartre pour me racheter, même si j’y allais sans en attendre grand-chose (on avait quand même préparé une marionnette « ready-made » à partir d’une vraie marionnette de girafe ramenée en souvenir de notre voyage en République Tchèque et d’un costume chinois dont Jérôme et Céline voulaient se débarrasser mais qui collait parfaitement).
J’ai été du coup agréablement surpris par la performance : le son était bon (avec des aigus peut-être pas assez boostés, ce qui accentuait le groove mais effaçait pas mal les mélodies ; on comprenait par contre bien mieux les dialogues qu’à Rock en Seine), nous étions au milieu de la salle à une distance parfaite de la scène pour à la fois voir les vraies marionnettes faire le show, et bien suivre les effets vidéos (généralement une simple retransmission zoomée par caméra de ce qui se passait sur la scène) sur les deux écrans latéraux.
Le spectacle est conçu véritablement comme un spectacle de marionnettes (en un poil plus destroy, disons ^_^), avec un scénario développé au cours de scènes intercalées entre chaque morceau ; bon, le scénario n’a rien de transcendant (les marionnettes décident de profiter de la crise actuelle pour initier la révolution et renverser le pouvoir des hommes, mais évidemment les querelles de pouvoir apparaissent chez les petites créatures comme elles apparaissent invariablement dans ce genre de situation chez les hommes) et les scènes sont parfois un peu longues, mais pour l’esprit c’est marrant et c’est une trouvaille assez géniale pour faire participer le public d’une façon qu’un public ordinaire de concert de rap n’imaginerait jamais (il fallait crier pour donner son soutien à l’une des trois marionnettes vedettes pour l’élection du nouveau président, les gens ont bouhé (ils ont fait « bouh », quoi ; c’est pas exactement huer !) quand Mr Maloke a remporté son duel (à la tronçonneuse) contre Snuggles… ; quand à la fin du show les marionnettes ont fait au revoir de la main, il s’est même trouvé des spectatrices (dont une certaine jolie petite spectatrice brune) pour faire au revoir de la main en retour ^^).
Bref, c’était assez sympa, léger, décomplexé, dansant et original ; à voir si on n’est pas allergique au rap et qu’on parle bien anglais.
A noter : la première partie était assurée par un duo de rappeurs baptisé Blake Worrell qui a l’air assez intéressant même si neeeeeettement plus classique, mais la vitesse d’élocution de l’un des deux chanteurs m’a forcé à reconnaître que chanter du rap peut tout à fait s’avérer une performance remarquable (ce que j’avais déjà pu constater chez d’autres bien sûr (comme Ceza sur la BO de Crossing the Bridge, mais assister en direct à la performance est une expérience impressionnante et assez enthousiasmante).
Cool, ça fait plusieurs semaines que je voulais réécouter ce morceau et je ne me souvenais pas du titre :)
Ooops, schizoadmin a encore frappé :)