[Albums presque parfaits] Garbage
Ça fait un moment que je me suis fait une liste d’albums que je trouve presque parfaits, et que j’ai envie de leur consacrer un petit article. Je me lance aujourd’hui parce que j’ai prévu d’offrir cinq de ces albums à ma filleule préférée pour Noël, et que ces articles me permettront de donner un peu de contexte et d’expliquer plus en profondeur pourquoi je trouve ces albums si extraordinaires. Si au passage ça permet à un lecteur occasionnel de découvrir ou redécouvrir l’une de ces perles, tout le plaisir sera pour moi :)
Je commence cette série d’articles par l’album Garbage, premier album du groupe… Garbage (ne me dites pas que l’album est éponyme s’il vous plaît ! Éponyme signifie « qui donne son nom à », donc si on veut absolument utiliser cet adjectif, c’est le groupe qui est éponyme, puisque c’est lui qui donne son nom à l’album).
Dans l’esprit du public, je crois pouvoir dire que l’image du groupe est principalement associée à celle de Shirley Manson, la chanteuse, dont la présence et la voix de gorge distinctive ont apporté au groupe un sex-appeal d’autant plus remarquable à mon sens qu’il n’est pas basé sur sa plastique : en musique comme dans beaucoup de contextes, le fait de pouvoir mettre en avant une femme séduisante est souvent un atout, mais Shirley Manson n’a jamais été particulièrement jolie et ce sont donc vraiment pour moi son timbre et sa façon d’être telle qu’elle transparaît sur les vidéos et sur scène qui ont fait son charme.
Néanmoins de mon point de vue l’un des atouts de Garbage sur ce premier album, c’est la présence de Butch Vig, en tant que batteur du groupe, mais surtout en tant que producteur. C’est en effet à Butch Vig que l’on doit la production de Nevermind de Nirvana, le premier album à propulser le grunge dans le grand public, en réussissant à rendre séduisant et efficace un son pourtant sale et abrasif à la base. C’est à lui qu’on doit également Siamese Dreams, le meilleur album de The Smashing Pumpkins, Dirty de Sonic Youth et Betty de Helmet, plusieurs albums mémorables du début de la décennie 90 : bref, Butch Vig était à son meilleur à cette époque en tant que producteur, et pour moi c’est lui qui insuffle beaucoup du son unique de Garbage. Au moment de fonder le groupe, Butch était lassé d’enregistrer des albums pour des groupes qui se contentaient d’aligner guitare-basse-batterie, et c’est son envie d’innover en ajoutant des samples et de l’électronique au bruit des guitares, en multipliant les pistes de son et en les mélangeant avec génie qui font de Garbage un chef d’œuvre.
Garbage, le groupe, est parti vers des ambiances plus pop avec son 2e album (que j’ai réécouté récemment avec davantage de plaisir qu’à l’époque, où ce changement de ton m’avait déçu), mais cet album-ci est incontestablement rock… et plus. C’est un album post-grunge, influencé par l’électronique qu’il est l’un des premiers à réussir à marier efficacement au rock pour créer un son nouveau et unique. Paru en 1995, il est à la fois vraiment dans son époque, et il définit en même temps un nouveau son, de la même façon que Nevermind quatre ans plus tôt.
Garbage est authentiquement rock, avec des grosses guitares dont le son est sali par la distorsion, mais rendu agréable à l’oreille grâce à une production raffinée, qui introduit les samples et l’électronique comme un élément du mix parfaitement marié aux autres. Les ambiances varient d’un titre à l’autre, avec des chansons plus groove comme Queer ou mélancoliques comme Milk, mais l’essentiel de l’album vibre d’une énergie puissante, qui donne envie de bouger son corps ou balancer sa tête, mais c’est une énergie sombre, sourdement rageuse à l’instar des paroles.
Pour vous dire comme cet album m’a marqué personnellement, c’est cet esprit énergique mais rageur qui m’a inspiré pour l’écriture du chant des premiers morceaux de mon propre groupe, GOne (plus tôt déjà avec mon groupe précédent, j’avais longtemps joué Not My Idea – j’ai toujours rêvé de reprendre Vow mais ça n’a jamais été possible à cause de la nature du son de cet album : il y a trop de couches de sons et d’électronique à introduire pour enrichir les pistes de guitares, un simple rendu rock n’est pas à la hauteur de la chanson).
J’ai découvert l’album avec les clips de Queer, Only Happy When It Rains et Vow – à l’époque heureuse où on pouvait allumer sa télé sur une chaîne musicale et entendre de la bonne musique (#c’étaitmieuxavant) – et l’esthétique des clips, bien dans cet esprit post-grunge dont je parlais plus haut, avait contribué à m’accrocher. Je vous propose de les écouter/voir à votre tour si vous ne connaissez pas encore ces excellents morceaux, ou de les réécouter pour le plaisir si vous les connaissez déjà.
Je les propose dans l’ordre indiqué ci-dessus, qui me paraît aussi être leur ordre croissant d’accessibilité pour un visiteur lambda « grand public » qui ne connaîtrait pas le groupe :
Queer :
Only Happy When It Rains :
Vow :
Stupid Girl, sorti ensuite, a été le plus gros succès commercial de l’album, et c’est pourtant la chanson que j’aime le moins (je précise pour les mauvais esprits que ce n’est pas parce qu’elle a du succès commercialement que je l’aime moins : je l’aimais déjà moins avant qu’elle sorte en single, et je n’ai pas compris pourquoi ils en avaient fait un single… ni pourquoi c’est devenu un succès. Mais c’est visiblement eux qui avaient raison puisque, effectivement, ça a été un succès). Comme c’est mon article, je m’autorise à ne pas mettre la vidéo dans ce billet :D
Une réédition augmentée de l’album a été publiée en 2015 à l’occasion de son 20e anniversaire, et c’est cette version que j’aurai le plaisir d’offrir à ma nièce. On y trouve plusieurs inédits qui étaient sortis sur les singles à l’époque où on achetait encore des disques – je vois qu’on parle même sur le Net de « Face B » comme à l’époque du vinyle ^_^), dont plusieurs excellents titres que j’avais eu la chance de connaître à l’époque parce qu’une amie m’avait offert un CD hyper rare qui les rassemblait tous.
Pour ceux qui ne les connaîtraient pas, je vous recommande en particulier 3 morceaux que je glisse ici : l’énergique Girl Don’t Come, #1 Crush (dont je lis en préparant cet article qu’une version remix utilisée dans le film Romeo+Juliet de Baz Luhrmann a connu un gros succès mais que je préfère dans sa version originale plus fidèle au son de Garbage que j’aime (c’est celle que je présente ci-dessous) et que j’avais eu le plaisir d’entendre au générique de la série Hex que la femme de ma vie a suivie il y a bien longtemps) et dans une autre ambiance plus douce mais toujours teintée de ce son un peu noir, Sleep, qui sera parfaite pour conclure musicalement cet article.
Girl Don’t Come
#1 Crush
Sleep
J’ai corrigé les liens vers les vidéos, c’est désormais plus simple sur WordPress que ce que j’avais gardé en mémoire…
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