L’étonnante créature gélatineuse de la Grotte de Willy-le-Borgne
Nous avons découvert une étonnante créature à l’occasion d’une randonnée sur Belle-Ile-en-Mer cet été, et nous avons investigué pour découvrir ce dont il s’agissait.
Cétait aussi l’année des 40 ans de notre ami Pierre Kerner a.k.a. Taupo, bien connu sur le Net et dans l’univers entier pour ses travaux scientifiques, et notamment de vulgarisation scientifique via son blog, sa page Facebook, son compte Twitter ou sa chaine Youtube Strange Stuff and Funky Things (SSAFT pour les intimes), et ses contributions au Café des Sciences, à Podcast Science ou à Strip Science : sur l’instigation de sa Wonderful Wife(tm), nous avons réalisé cette vidéo de « vulgarisation scientifique » comme cadeau pour son anniversaire.
C’était en juillet de l’année 2020. Nous parcourions la côte de cette ile isolée lorsque nous tombâmes sur cette grotte inhabitée, dont nous entreprîmes l’exploration et que nous baptisâmes pour des raisons évidentes « La Grotte de Willy-le-Borgne ».
Au son du plic-ploc des gouttes qui tombaient de la voûte de cette caverne traversante qui rejoignait la mer à son autre extrémité, nous fîmes bientôt une étrange découverte : au sol, se trouvaient des sortes de joyaux translucides.
Que peut bien être cette étrange chose gélatineuse ?
- Une créature extra-terrestre (forte présomption initiale) ?
- Une sorte de ver marin ?
- Une forme de zooplancton ?
- Un tentacule de méduse ?
- Une suite d’œufs d’une créature marine ?
En observant notre nouvel ami de plus près, nous apercevons d’abord qu’il est animé d’une sorte de pulsation : C’EST VIVANT !
Mais est-il bien prudent de s’approcher de cette créature inconnue dont la forme paraît conçue pour s’introduire de force dans le tube digestif d’un hôte ?
Nous réalisons ensuite que d’autres spécimens sont présents sur la plage, comme autant de chaînes composées des mêmes unités, mais de longueurs différentes. Chacune de ces unités présente une sorte de noyau plus ou moins dense, d’un orange plus ou moins prononcé.
Plus tard dans la journée, nous découvrirons des dizaines d’autres de ces chaînes nageant dans l’eau de mer, confirmant que les premiers organismes rencontrés avaient été abandonnés là par la marée.
Vous l’aurez compris, l’étonnante créature gélatineuse de la grotte de Willy-le-Borgne n’est donc ni une créature extra-terrestre, ni une sorte de ver marin, ni un tentacule de méduse, ni une suite d’œufs d’une créature marine. Il s’agit en réalité d’une variété de tuniciers pélagiques : des salpes, du genre soestia.
Cette FORME DE ZOOPLANCTON connaît un mode de reproduction asexuée dans laquelle chaque individu donne naissance, par blastogénèse, à plusieurs individus clonés, formant ainsi la chaîne que nous avons observée. Dans un second temps, chacun de ces individus se reproduit de manière sexuée en changeant de sexe au cours de son existence, devenant d’abord femelle puis mâle.
Le noyau coloré qu’on distingue dans le corps gélatineux rassemble à la fois l’appareil digestif et le cœur de l’animal. Les salpes semblent également posséder une forme primitive de système nerveux, de sorte qu’elles pourraient constituer un des « ancêtres » possible des vertébrés.
Comme les méduses, ils se déplacent par contractions, et pompent l’eau qu’ils aspirent lors de ces déplacements, ce qui leur permet de se nourrir du phytoplancton et des bactéries qu’ils y trouvent : l’eau qu’ils rejettent, du coup, est filtrée et épurée. C’est cette pulsation qui avait attiré notre œil au tout départ.
En conduisant nos investigations, on s’est rendu compte qu’on trouve pas mal de sources sur les salpes sur le Net ; si ça se trouve, tout le monde connaissait déjà.
Si ce n’est pas votre cas, ou si vous voulez en savoir plus, voici quelques-unes de nos sources :
Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Salpidae
Pour la phylogénie : https://www.researchgate.net/figure/Salp-Phylogeny-Based-on-Sequencing-of-18S-rRNA-Govindarajan-et-al-2011-Adult-oozooid_fig11_276535293
Pour le cycle de vie : https://www.researchgate.net/figure/The-Complex-Life-Cycle-of-a-Salp-Showing-Alternations-of-the-Sexually-Reproducing_fig2_305415995