Frédric Sigrist – Le Caveau de la République
Je ne connaissais pas Frédéric Sigrist la semaine dernière, mais c’est à l’occasion d’un anniversaire et d’une virée sur billetreduc, ma billetterie de référence, que j’ai vu que son spectacle coïncidait bien avec mes exigences de lieux et d’horaires : vendredi soir, deuxième partie de soirée, Paris ; humoriste inconnu, bonnes références, pas hors de prix.
Comme pratiquement à chaque fois que j’ai tenté un one man show d’un inconnu, j’ai été agréablement surpris ; à l’arrivée devant la salle j’ai eu un petit moment de recul car malgré le froid terrible, il y avait une queue de 30 mètres (une autre ici). Habitué aux salles modestes, voir intimistes, pour ce qui est des spectacles d’humoristes via Billetreduc, j’ai pensé qu’à 4, on ne trouverait jamais de place ensembles… Mais non, le Caveau de La République est une grande salle, confortable (haa, de la place pour les jambes ! Haa, de la place pour nos 7 clavicules !), il y fait bon, ni trop chaud ni pas assez. Bref, bien.
Et Sigrist a été la bonne surprise de la soirée, avec un show d’une heure et demi percutant, drôle et sans longueur. Alors attention, son humour n’est pas forcément toujours « familial », il est parfois même trash. Pour tout dire, son spectacle commence par un extrait musical de la Compagnie Créole ; Frédéric Sigrist, métis (moitié antillais, moitié lorrain), explique alors comment cette musique l’horripile par son air et ses paroles débiles et que « c’est ce qui arrive quand on abolit l’esclavage ». Et d’ajouter qu’il est désolé, que c’est Eric Zemmour qui écrit ses textes. Personnellement, ça me fait rire, mais je sais que c’est borderline, et pas forcément du goût de tout le monde… D’après Sigrist d’ailleurs, on ne peut pas rire de tout : effectivement, « comment le faire en 90 minutes ? », ha ha !
Le spectacle de l’humoriste s’intitule « Sigrist refait l’actu » et c’est exactement ce qu’il fait tout au long de son show, de manière pointue, avec sarcasme et ironie. Il nous parle de Sarkozy qu’à la manière de Stéphane Guillon il regrette en tant que source inépuisable de sketches, il nous parle du duel Copé-Fillon, il nous parle de Hollande, de la tempête qui s’est abattue sur New-York (mais aussi sur Haïti !), il nous parle d’Obama… A propos d’Obama, il m’a bien fait rire en disant comment lui-même avait été fier de porter un tee-shirt à l’effigie du président américain, et comment « c’est une belle revanche pour un noir de figurer sur un tee-shirt en coton » !
A propos de ce duel Copé-Fillon, dont je pense au passage qu’il faut se désoler que l’on soit de droite ou de gauche (on peut éventuellement s’en désoler tout en ricanant), connaissez-vous le nom de la commission qui devra a priori départager les deux dauphins : il s’agit de la Commission Nationale de Recours, dont le sigle est donc… CONARE. Yeaah, baby…
Ça me fait repenser à une de ces anecdotes historiques que j’affectionne : pendant la seconde guerre mondiale, l’occupant allemand instaure en France le Service du Travail Obligatoire, le STO, qui envoya plus d’un demi-million d’ouvriers français travailler dans les usines allemandes. Ce dont on ne se souvient pas forcément, c’est que dans les premiers temps, cette réquisition s’appelait Service Obligatoire du Travail, alias le SOT ; le nom fut rapidement changé à cause des moqueries (dans le même esprit : « Travail Famille Patrie » fut souvent détourné en « Tracas Famine Patrouille »).
Sigrist écorche donc royalement les politiques (il se tape pratiquement tout l’éventail de nos chers élus), il se moque des personnes âgées, des personnes de droite, des personnes âgées et de droite, il se moque de Mélenchon, il se rit de Hollande et de Ayrault, il nous parle des sérial killers, de Delarue, etc. « Aujourd’hui dans « Toute une Histoire », êtes-vous pour ou contre les chiens enragés sans muselière qui mangent des enfants laissés dans des voitures surchauffées par des parents n’ayant plus de place dans leurs congélateurs ? ». Hr hr hr…
A vrai dire, nous étions 4 et nous avons ri tout du long :-) Sur le coup, j’avais ressenti une petite longueur mais en y repensant plus tard je n’ai pas retrouvé le moment en question. Mes 3 collègues de sortie ont adoré.
Bref, si vous cherchez un spectacle actuel, piquant, achetez, c’est d’la balle !