Pourquoi j’ai mangé mon père ? (Roy Lewis, 1960)

J’avais déjà lu ce livre il y a plus de 15 ans, et j’en gardais un très bon souvenir. Toujours bloqué au tome 4 du Trône de Fer, j’ai fait une petite pause et relu ce bouquin en quelques trajets de RER, et même si Pourquoi j’ai mangé mon père ? est paraît-il devenu un classique, je me suis que cette relecture méritait bien un petit article.

L’action se déroule à peu de choses près en l’an -452000 avant Memesprit.fr, en plein pléistocène…

 

Ouais, dit comme ça, c’est pas très vendeur. J’en vois déjà qui ricanent derrière leur écran, et il est vrai que cette période de l’histoire n’est pas non plus ma préférée (bah quoi ?! Y avait des singes, y en a un qui s’est mis debout, il a pris deux pierres, les a frottées, ça a foutu le feu, voilà quoi…). Pour tout dire, mes connaissances en la matière remontent à mes cours au lycée (au collège ?), et à La Guerre du Feu. Néanderthaliens, Homo Erectus, Anthropopithèques, Discothèques, tout ça, j’y connais rien.

 

Mais Pourquoi j’ai mangé mon père ? (PJMMP ?) prend le parti de nous cultiver en nous faisant rire, ou inversement, et le pari est parfaitement gagné.

 

Nous suivons les aventures (r)évolutionnaires d’Ernest, un pithécanthrope, c’est-à-dire celui parmi nos aïeuls qui descendit de l’arbre pour marcher debout sur la terre ferme. Ce fut certes un grand pas pour l’Humanité, mais cela n’améliora pas immédiatement les conditions de vie de nos ancêtres dans une Afrique inhospitalière, peuplée de prédateurs plus nombreux les uns que les autres.

 

Edouard, père d’Ernest et chef de tribu, guide la petite horde vers un avenir meilleur en brusquant les habitudes établies, et un beau jour, gravit un volcan et en rapporte le feu. Cela permettra à notre petite tribu de se chauffer, de s’éclairer la nuit, de tenir en respect les bêtes les plus féroces, d’aménager dans ces grottes dont toute la tribu rêvait depuis longtemps mais qui étaient jusque là occupées par les ours… Il faut dire qu’elles sont bien lumineuses et idéalement situées.

 

Parfaitement progressiste (sauf en ce qui concerne la place des femmes dans la grotte, curieusement il les préfère aux fourneaux), Edouard force le destin et impose à ses quatre fils de chercher une femme à l’extérieur de la tribu, encourage les peintures rupestres d’un de ses fils, le dressage de chiens sauvages pour tel autre, etc. Il s’oppose violemment en cela à Vania, son frère ultra-conservateur qui considère tout progrès comme une hérésie et qui n’aura de cesse d’alerter la tribu sur les dangers induits par les inventions d’Edouard. Leurs antagonismes donnent lieu à des échanges savoureux, à des argumentations très drôles, auxquelles Vania mettra fin le plus souvent par son mot d’ordre : « Back to the trees !! ». Bon, ses craintes ne sont pas totalement infondées, Edouard étant un peu le Gaston Lagaffe du pléistocène… Il y a un épisode en particulier qui m’a de manière évidente fait repenser à un évènement survenu en Asie il y a un an, mais je laisse les éventuels lecteurs y réfléchir…

Les thèmes abordés par Roy Lewis sont très divers : sorte de parcours initiatique de l’Humain, PJMMP ? aborde des problématiques tout à fait contemporaines en faisant discourir ses personnages avec un langage soutenu, ce qui rend le tout absolument burlesque et intéressant. Aux aspects purement pratiques de la survie dans une période effroyable pour l’homme (attraper sa nourriture à quatre pattes quand on tient difficilement sur deux…), nos héros se posent des questions nettement plus profondes telles que le partage des connaissances, la démocratie participative, les frontières, la place des femmes dans la société, etc.

Par ailleurs, et c’est tout aussi cocasse, Edouard a même conscience de sa propre condition et il n’aura de cesse de se situer lui et sa petite tribu dans la longue galerie de l’évolution, interrogeant par exemple son autre frère Ian, le globe-trotter qui a parcouru le monde sur ce qu’il a vu, de la Chine aux Balkans en passant par la corne de l’Afrique…

PJMMP ? n’est évidemment pas à prendre au premier degré : il ne s’agit absolument pas d’un essai ou d’un documentaire sur la préhistoire, et pas non plus de science-fiction ou d’un délire d’auteur sous l’emprise de produits illicites. C’est un bouquin facile à lire, très instructif et drôle.

Même les parents de Lucie descendent de Lucy, et devraient jeter un œil sur ce livre qui vous parlera de vous, qui vous en apprendra un peu tout en vous faisant rire et réfléchir, et c’est franchement déjà pas mal !


Une réflexion sur “ Pourquoi j’ai mangé mon père ? (Roy Lewis, 1960) ”

  1. Akodostef sur

    J’ai du mal à comprendre à quel moment se situe cette histoire par rapport à Adam et Eve et tout ça ? 8p

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