[La Chanson de la Semaine] Ahmedo (Aynur Dogan)
Bon, désolé, ce n’est pas encore cette semaine que je vous présenterais une « Chanson de la semaine » heureuse… Il faut dire que le thème de la rubrique m’invite plus facilement à penser à des chansons mélancoliques, dont la beauté me semble plus universelle, qu’à des titres énergiques, dont le son, rock, rap, électronique, ne séduirait probablement pas tous les publics… mais c’est promis : ça viendra, j’en ai dans ma besace !
Pour cette semaine encore, donc, une chanson triste, mais comme cette rubrique a quand même vocation à manifester un certain éclectisme, après un morceau de rock gothique, puis un titre plus pop, voici un morceau… oriental !
C’est dans le documentaire musical Crossing the Bridge : the Sound of Istanbul (Faith Akin, 2005) que j’ai entendu pour la première fois Ahmedo de la chanteuse kurde Aynur Doğan. Et j’ai été scotché. L’ensemble de la bande originale du film vaut le détour, mais ce morceau en particulier a su me toucher au point de me tirer régulièrement des larmes (si si) (et après on dit que j’ai un cœur de pierre ? HA !). Il existe une version studio d’Ahmedo, mais bien que très décente, elle ne peut rivaliser avec la version « live » que je vous propose ici : enregistrée dans des conditions acoustiques exceptionnelles, au-delà de sa perfection technique, l’interprétation d’Aynur y prend une intensité simplement bouleversante (tiens, je viens juste de me faire avoir à nouveau en la réécoutant pendant que j’écrivais, par la montée finale incandescente à 1’55).
Pour ne pas me contenter de simplement diffuser cette petite merveille, mais apporter ma pierre à l’édifice, je vous propose une traduction des paroles, d’après la version déjà interprétée du kurde vers l’anglais trouvée ici.
Ehmedo, ma lumière, toi que j’admire
Tu n’es pas un seigneur, ni un sorcier
Je ne suis qu’une pluie de printemps dans le cœur des rejetés de Dieu
Mais nous ne sommes pas en mai, en avril, ni mars
Je suis sur le cœur des rejetés de Dieu
Mais je ne pleus ni ne coule
Je suis une malheureuse
Une malheureuse dont le cœur est plein de langueur
La nuit est sombre, je ne peux te voir
On m’a dit que le chant des plaintes des hommes
a disparu de notre terre
Je ne resterai pas
Je ne resterai pas, pour disparaître dans la chaleur de l’été
J’espère ne pas trahir avec cette « version de version » la poésie de ce texte qui semble évoquer comme de nombreux chants kurdes la douleur de l’apatride, le Kurde étant apparemment une langue particulièrement délicate à traduire.
Pour finir : les deux premiers morceaux que je vous ai présentés dans cette rubrique étaient illustrés par des vidéos de plus de 7mn. Pour cette fois, j’ai donc choisi d’utiliser une version éditée, plus courte et peut-être plus efficace (encore que les coupures sont un peu brutales) d’Ahmedo. Mais si vous avez aimé cette chanson, ou que les sonorités du tenbûr -l’instrument traditionnel kurde qui accompagne notre chanteuse- vous ont plu, en voici une version plus longue (celle qui figure sur la bande originale du film), pour prolonger le plaisir…
Je ne m’en rends pas forcément compte parce que j’écoute à peu près toujours la musique au casque, mais ça change tout. J’ai écouté le morceau hier sur les enceintes de l’ordi et en faisant autre chose, et ça m’a laissé complètement indifférent…
Si vous pouvez, et à moins que vous ayez un dispositif audio de ouf et que vous puissiez vous permettre de monter le son pour lui donner l’ampleur voulue, écoutez donc plutôt cette chanson au casque, ça n’a rien à voir.
C’est vrai qu’on a cherché l’incandescence en vain là O.o
AU CASQUE, j’ai dit. Et fort. Et pas en jouant en même temps à Wordfeud.
Narkonopek, va.