True Grit (Joel & Ethan Coen, 2011)

Bien qu’une large partie de leur filmographie soit constituée de polars, les Frères Coen sont des auteurs touche-à-tout et désormais très prolixes (1 film par an depuis 4 ans). True Grit est leur première incursion dans l’univers du western, un genre qui n’est pas la tasse de thé de tout le monde, de ce côté-ci de l’Atlantique. J’avoue que je n’avais pas du tout entendu parler du film pendant sa préparation et que je n’ai découvert son existence qu’au moment de la campagne d’affichage qui a précédé sa sortie une semaine avant. True Grit est aussi un film tiré d’un livre de Charles Portis de 1968, qui a déjà fait l’objet d’une adaptation au cinéma, en 1969, ce qui aurait pu en faire un film mineur, moins personnel, de la part des Frères Coen. Pourtant, la filmographie exemplaire des deux frères, la classe de l’affiche du film et de son titre (eh oui, c’est incroyable, mais ça reste des arguments en faveur ou en défaveur d’un film pour moi…) m’ont donné envie de le voir avant même de savoir de quoi ça parlait ni d’en avoir vu une seule image.

L’histoire, classique, est celle d’une fillette de 14 ans (Hailee Steinfield) dont le père a été tué et qui va recruter un marshall pour lui donner la chasse et le faire répondre de son crime. Le marshall en question est un vieux type rugueux (qui marmonne dans sa barbe avec un vieil accent de la mort, au point que Stoeffler, comme pas mal de natifs anglophones qui ont vu le film, n’ont pas compris tout ce qu’il raconte… mais ça colle au personnage -et ça a valu à Jeff Bridges, dont la bonhommie contribue à rendre le personnage attachant malgré tout, une nomination aux Oscars 2011), revenu de tout, parfaitement efficace dans son job mais dépendant à la bouteille, qui commence par l’envoyer bouler avant de finir par accepter la mission face à l’insistance dont elle fait preuve, mais rejette évidemment son exigence de l’accompagner… avant de s’incliner en voyant la détermination et l’audace dont elle est capable. C’est que, plus encore qu’à celui du personnage déjà haut en couleurs du Marshall (dont on se demande longtemps s’il est à la hauteur de sa légende -les dernières scènes permettent de trancher la question), c’est au caractère de la jeune fille que le titre du film, True Grit – »le vrai cran »- fait référence. Je l’avais imaginée pénible à partir de ce que promettait la bande-annonce, mais sa confiance en elle-même et dans la justesse de sa cause lui permet d’accomplir de véritables prouesses, que ce soit dans la bête négociation avec un boutiquier (excellente scène ! Hilarante et qui pose bien le personnage), ou plus tard dans des circonstances plus intimidantes avec le chef d’une bande de hors-la-loi, ou sur le terrain, dans l’incroyable traversée d’un fleuve puissant, accrochée à son seul cheval. Très rapidement, ce petit laideron étonne et impose le respect.

Ses personnages forts en caractères sont donc le point fort de ce film à mon sens : un troisième larron se joindra rapidement à l’expédition, sous les traits d’un Ranger souvent ridicule malgré lui (Matt Damon), qui viendra perturber l’aventure et empêchera que la relation entre le marshall et la fillette ne tourne à la bête relation « vieux briscard / jeune recrue », voire « père/fille ». L’estime que chacun des membres du trio finit par accorder aux autres répond ainsi aux sentiments qu’éprouve le spectateur à leur égard.

Pour le reste, l’intrigue est réussie, avec des épisodes amusants, du suspense, quelques passages mystérieux dans les brumes des terres indiennes… le tout filmé avec le savoir-faire des frères Coen, donc une image soignée et qui colle parfaitement à l’atmosphère. Ce n’est pas le film d’une vie, mais on passe un très bon moment en la compagnie de ces vrais héros, et personnellement je le reverrais avec plaisir (ce qui est généralement un bon indicateur du plaisir que j’ai pris à regarder un film). Je recommande !

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