Ma part du gâteau (Cédric Klapich, 2010)

Ma part du gâteau est le dernier film de Cédric Klapich à qui l’ont doit plusieurs succès tel que « Le péril jeune », « Un air de famille » ou « L’auberge espagnole » (que je vous recommande, excepté si par principe vous n’allez jamais voir de films français).

Le postulat de départ du film est un peu gros : France, une mère de famille dunkerquoise, licenciée économique, quitte sa famille et confie ses enfants à sa sœur pour « monter » sur Paris et y chercher du travail. Elle dénichera un poste de femme de ménage chez Steve, un trader, dont elle apprendra qu’il est en grande partie responsable de la fermeture de son usine…

Les personnages sont campés par Karine Viard et Gilles Lellouche, excellents tous les deux dans leurs rôles respectifs, Klapich évitant l’écueil du manichéisme et réussissant à en faire des personnages attachants ; France, bien sûr, du fait de sa fragilité, de sa situation, des sacrifices et des efforts qu’elle fait pour sauvegarder sa famille (et dont le choix du prénom n’est sûrement pas fortuit) ; mais Steeve également, car malgré son cynisme, son égocentrisme et sa recherche du profit à tous prix, il émeut le spectateur car au final, il fait pitié et semble perdu dès qu’il n’est pas question de bourses, d’OPA, de CAC 40 et d’indice Nikkei.

 

Saviez-vous, d’ailleurs, ce que signifie le sigle CAC ?

Ha bah, oui, vous le saviez !

 

Ma part du gâteau s’inscrit en pleine actualité, dans le contexte de la crise économique que nous connaissons depuis plusieurs mois et les situations et les personnages secondaires semblent tout droit sortis du journal de 20h, ouvriers combattifs et/ou désespérés et jeunes cadres dynamiques aux dents longues. Comme dans la vraie vie, les riches sont de plus en plus riches, les pauvres de plus en plus pauvres, et personne ne semble s’en soucier : j’ai particulièrement apprécié un monologue assez pertinent d’un des collègues de Steeve, dans lequel il explique la mondialisation par la production en masse des containers, un peu à la manière d’un jeu vidéo. Et une autre scène m’a également interloqué, celle du dîner mondain à la City où visiblement la présence à table d’une prostituée russe est moins gênante que celle d’une ouvrière devenue femme de ménage.


Un peu comme « Les Virtuoses« , sorti en 1997 (et que j’avais beaucoup aimé à l’époque), le film n’est pour autant pas uniquement axé sur ce côté social : celui-ci sert plutôt de contexte à une tragi-comédie romantique assez bien menée et qui n’est pas sans rappeler Pretty Woman, même si la pauvre fille des années 90 est aujourd’hui une mère de famille décidée à s’en sortir et le prince charmant un « handicapé social », sans ami et incapable d’exprimer ses sentiments.

Outre la grosse ficèle qui sert de trame au film, le film souffre, notamment dans sa deuxième partie, d’incohérences scénaristiques assez évidentes mais qui sont à mon avis assumées par Klapich. Je suis personnellement assez intolérant avec ce genre de défauts (les valises vides, tout ça, comprenne qui peut…), mais à part la scène finale du film, qui sent quand même bon la solidarité des contes de fées, j’ai vraiment bien aimé le film : de fait, je ne lui trouve aucun gros défaut. Ce n’est pas le film du siècle, certes, mais j’ai passé un très bon moment, entre révolte et rires.

 

A noter que pour la première fois à ma connaissance, un vrai film grand public (= pas un film de vacances ^^) a en partie été réalisé avec de « simples » appareils photo, en l’occurrence des Canon Mark IV (4500 € le jouet).



Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *