Anna Calvi
Eh oui, comme beaucoup de monde en ce moment, je parle d’Anna Calvi. Je l’ai entendue la première fois complètement par hasard un soir en tombant sur la sympathique émission live de Manu Katché, One Shot Not, et en découvrant deux morceaux au son à la fois rock et envoûtant (vidéo ci-dessous, les deux morceaux se suivent, j’ai personnellement une préférence pour le deuxième, Desire, (qui commence à 5’30)).
L’atmosphère envoûtante de ces deux morceaux (surtout Desire, donc, avec son harmonium (c’est le bizarre et chouette instrument qu’on voit en image figée de la vidéo ci-dessus), la qualité des compositions et la prestation de la chanteuse, avec son chant de gorge s’envolant crânement vers des cimes que le risque de la fausse note interdit à bien d’autres chanteuses moins talentueuses, m’ont rapidement donné envie d’en entendre davantage. Et dans ce genre de cas, comme je trouve que pour bien écouter un artiste il faut lui consacrer du temps, plutôt que de chercher des vidéos sur le Net j’ai acheté son premier album le lendemain : ça tombe bien, il venait de sortir le jour même. Et excellente initiative, il est vendu à moins de 10 €, ce qui me mettait dans d’encore meilleures dispositions pour l’apprécier.
Et là, truc bizarre : je me mets à voir Anna Calvi partout. Une première page dans Métro (c’est un gratuit ok, mais il est distribué à l’entrée des métros à Paris et donc très lu) ; un article dithyrambique dans Télérama ; et le soir, alors que je me décide à prendre les places de concert pour le 8 février au Nouveau Casino après avoir eu la légèreté d’attendre UN JOUR pour proposer à des amis de se joindre à nous… le concert est complet, plus de billets à vendre, paf.
Bon, tant pis, pas de concert donc. Je me rabats sur le disque, que j’écoute tranquillement. Et finalement, je ne suis plus si emballé que ça : il y a bien trois chansons superbes sur l’album, et l’ensemble baigne dans les mêmes réverbes et la même atmosphère sombre et lyrique qui devrait m’emballer, mais le reste des chansons, malgré l’ambiance, est assez insipide et passe sans m’accrocher. Le dernier truc qui finit par me détacher de ce qui aurait pu être un coup de foudre, c’est la nouvelle date de concert sur Paris qui s’annonce dans la même semaine : au Trianon, le 22 avril. A quel prix s’il vous plaît ? 28 € ! +8 € en une semaine, pas mal ! Ben oui, malheureusement, l’artiste n’y est pour rien, mais moi les coups de hype qui font que les médias s’emballent en synchro et que les producteurs en profitent pour tondre les gens, ça m’ENERVE.
Reste que si cet album n’est pas l’album de l’année contrairement à ce qu’on essaye de nous faire subitement croire, ça reste très prometteur, que je l’écouterai encore avec plaisir (peut-être plutôt comme musique de fond, quand même), et que j’attends la suite de la production d’Anna Calvi avec optimisme.
Un dernier point pour finir, la comparaison systématique que j’ai lue dans chaque article parlant d’Anna Calvi en fait une héritière de PJ Harvey. Je vois bien certains aspects qui permettent de voir une certaine filiation (la fièvre de l’interprétation, le timbre de voix… le fait qu’elle soit anglaise comme elle ?), mais le son d’Anna Calvi, notamment la réverbération des instruments qui fait toute l’ambiance de ses morceaux, est quand même très différent de celui de PJ Harvey, et il y a un rythme hispanisant, flamenco parfois, qui donne énormément de leur personnalité à ses morceaux (elle adopte d’ailleurs sur scène un costume et une attitude qui prolongent cette coloration peu commune) qui n’a rien à voir avec PJ Harvey.
Rien à voir ? Eh… toute cette histoire m’a fait repenser à ma première écoute des Desert Sessions (le collectif musical de l’incontournable Josh Homme), pendant laquelle sur plusieurs morceaux je m’étais dit : « waouh (je me dis parfois « waouh », quand je me parle) cette fille chante comme PJ Harvey, mais ses morceaux sont encore meilleurs ! ». En fait, c’était PJ Harvey, et ses morceaux sur cet album méconnu sont effectivement extraordinaires, notamment cette chanson que je vous propose d’écouter avec la vidéo ci-dessous : on y retrouve le son, l’ambiance, l’intensité et le rythme flamenco des compositions Anna Calvi. Et là, d’accord, je trouve le morceau suffisamment puissant pour voir en lui la source de toute l’inspiration de la jeune anglaise (mais s’agissant d’un morceau atypique et très peu connu de l’œuvre de PJ Harvey, je maintiens que la comparaison que tout le monde fait systématiquement est plus que contestable). Ecoutez vous-mêmes, et appréciez.
Pour l’anecdote, Anna Calvi jouera demain 22 avril au Trianon, et Marion m’a convaincu de prendre des places.
Article à suivre, donc !