Black Rebel Motorcycle Club (Bataclan, Mai 2010)

A l’instar de groupes comme les Eagles of Death Metal, les Black Rebel Motorcycle Club portent un nom évocateur d’un certain type de musique (ici, un métal bien  graisseux par exemple), alors que celle qu’ils jouent effectivement n’a à peu près rien à voir. Lancez donc la vidéo ci-dessous de Whatever happened to my rock’n’roll pendant qu’on discute, ça vous permettra de mieux comprendre ce que je raconte ensuite.

J’avais beaucoup aimé leur premier album éponyme (apparemment l’usage du qualificatif « éponyme » est erroné dans ce genre de cas (qui est celui dans lequel on le trouve à 99%), « éponyme » signifiant « qui donne son nom à » : c’est donc le groupe qui est éponyme, et pas l’album ; je le garde comme ça dans le texte, ça me permet d’en parler -fin de ma parenthèse digressive à la Jika ;p ), dont le son bardé d’effets me rappelait énormément un autre groupe que j’aime bien, The Jesus and Mary Chain. C’est la pochette de leur deuxième album qui traduit le mieux l’impression que me faisait leur musique : jaillie du fond d’un tunnel caverneux qui déforme chaque riff, le démultiplie et l’amplifie en une nappe atmosphérique bruitiste, sans pour autant que la mélodie soit oubliée. C’est en mémoire de ce premier album que j’avais acheté le suivant, puis deux autres encore, sans que je me souvienne ensuite exactement de ce qui se trouvait dessus faute de les avoir vraiment écoutés ; autant dire que j’allais à leur concert au Bataclan un peu en aveugle puisqu’on ne pouvait plus dire que je connaissais réellement leur musique (et c’est d’ailleurs en préparant ce billet que je me suis rendu compte qu’ ils ont en fait publié 6 albums à ce jour, quand je croyais les avoir tous : bref, j’étais à la rue ! ^_^).

Les voir sur scène m’a ainsi permis de découvrir qu’ils n’étaient que 3 (je pensais qu’ils étaient 5 -ben comme un Club, quoi ;p – à ma décharge, ils sont effectivement parfois plus nombreux, j’ai vu depuis pas mal de vidéos où ils sont 4), que le batteur était une batteuse (idem, Leah Shapiro n’est arrivée que récemment, après que le batteur original Nick Jago se soit fait kicker pour problèmes de drogue), et que… les deux gratteux tenaient alternativement le rôle du lead singer ! Ca c’était quand même la plus grosse surprise, parce que leurs timbres sont tellement proches que même sur les titres où ils chantent un couplet chacun leur tour, et même maintenant que je le sais et que je réécoute les albums, je suis incapable de dire quand on passe de l’un à l’autre Oo…

Que dire du concert ? Que l’ambiance était incroyable, Robert Turner en particulier assurant un show sobre mais intensément engagé (en gros, il ne racontait pas de blague entre les morceaux, mais on sentait qu’il était à fond dans ce qu’il jouait).

La mise en scène correspondait bien à ce que j’imaginais coller pour le groupe : une scène sombre et enfumée, avec d’importants jeux de lumière pour accompagner les ambiances (épileptiques sur les morceaux énervés, psychédéliques sur les titres plus planants à la My Bloody Valentine -auxquels certains de leurs meilleurs morceaux dans cette veine me font penser,…). Sur certains titres ou ponctuellement sur certains passages, les éclairages étaient en parfaite synergie avec la musique et j’ai eu comme ça un ou deux moments de très très gros kif ; la version de Weapon of Choice (en vidéo ci-dessous), que je trouvais plutôt anodine sur album (j’avais été déçu que ce soit ce morceau des BRMC qui ait été choisi pour Guitar Hero 4), était spécialement mémorable.

Le public hyper présent et enthousiaste m’a aussi franchement impressionné : personnellement ça me fait toujours plaisir de voir une bonne réponse des spectateurs à la scène, ça crée une bonne émulation et le spectacle n’en est que plus tripant pour tous ceux qui se trouvent emportés par l’énergie commune. Il y a bien eu un blaireau qui est monté sur scène (et s’est fait jeter), deux ou trois reulous qui ont imposé leur crowd surf, mais j’ai été très favorablement surpris quand, alors que le guitariste installait une ambiance en jouant seul sur scène et que certains, de bonne volonté mais se trompant sur l’esprit, se mettaient à claquer des mains en rythme, une partie du public est intervenue en faisant des « shhhhhhhhhhhh… » pour rétablir l’atmosphère silencieuse et planante voulue : les jeux de scène de ce genre sont trop souvent gâchés par des réactions inappropriées du public pour ne pas apprécier quand l’effet est sauvé par les fans eux-mêmes.

A la fin du concert, et malgré déjà deux heures de spectacle, on sentait bien que le public -décidément fervent- en aurait bien pris encore une petite rasade : les gars avaient laissé en place le dispositif lumineux du dernier morceau (une toile de rayons verts très fins dans l’obscurité presque complète, très sympa et assez poétique) pour accompagner la sortie du public ; comme la lumière ne se rallumait pas, beaucoup espéraient pouvoir éventuellement gratter un deuxième rappel et les applaudissements, cris et roulements de pieds se sont poursuivis encore un moment, jusqu’à ce que les roadies éteignent les amplis, et là, ça voulait vraiment dire qu’il n’y aurait pas d’autre morceau. La plupart des gens sont partis à ce moment-là, mais apparemment, comme le raconte StreetPress.com, il y a bien eu une troisième partie… dans la rue, en acoustique. Et ça, c’est quand même vraiment chouette : même si on y était pas, j’aime beaucoup l’esprit. Un gros bravo au groupe, et bravo au public, les deux ont été vraiment exceptionnels ce soir-là ; c’est clairement le genre de concert qui me donne envie de me replonger dans les albums pour mieux les apprécier.

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