Georges et Alexandre

Cette semaine, c’était la Saint-Georges, et une lectrice, que dis-je, une contributrice à ce blog, m’avait suggéré d’écrire un article sur Saint-Georges et le Dragon (sûrement un clin d’œil à ses parents, qui portent ces prénoms ?).

Étant passablement ignare en matière de science-fiction religion, je m’étais dit que ce serait une bonne idée. Puis bon… Finalement, tout le monde connait déjà l’histoire de ce soldat, arrivé aux portes de Beyrouth, alors terrorisée par un redoutable Dragon qui dévore tous les animaux de la contrée et exige des habitants un tribut quotidien de deux jeunes gens tirés au sort. Georges arrive le jour où le sort tombe sur la fille du roi, au moment où celle-ci va être victime du monstre. Il engage avec le dragon un combat acharné et avec la Sainte Aide (invention personnelle), il terrasse le monstre. La princesse est délivrée et le dragon devient toutou. Pas grand-chose à dire là-dessus, finalement.

A noter qu’il existe de par le monde plusieurs lieux faisant référence à ce héros (en plus d’innombrables autres références, voir mon saint-article de la semaine prochaine consacré à la Saint-Robert…) : il est notamment le saint protecteur de la Géorgie.

Saviez-vous d’ailleurs que la prononciation du nom « Géorgie » à l’occidentale venant du préfixe grec geōrg, on pensait jadis que le nom du pays venait de Saint-Georges ? On sait aujourd’hui qu’il vient en réalité du grec geōrgia, qui veut dire agriculture.

Et saviez-vous par ailleurs qu’Ajaccio tire son nom d’Ajax, que Bern vient du mot Bär signifiant ours, que Nice tire son nom du grec nikè, signifiant victoire (comme la célèbre marque), etc ?

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Bref, il n’y avait pas tant à dire que ça sur Georges. En tous cas, sur ce Georges-là.

La même semaine, il y avait la Saint-Alexandre. Oulala, Alexandre…  Lequel choisir ? Alexandre Le Grand, Alexandre 1er ? Le 2 ? Le 3 ? Les suivants ?  Alexandre Dumas, Pouchkine, Soljenitsyne, Jardin ? Alexandre Stavisky, Bouglione ? Les papes Alexandre 1er, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 ?

Ha, saviez vous qu’il existe des antipapes (dont un s’appelait… Alexandre) ? Chaque année depuis 1912, le Vatican publie un Annuaire Pontifical (Annuario pontificio), sorte de saintes pages jaunes de l’Église : il s’agit en effet de la liste et des coordonnées de tous les dignitaires et institutions de l’Église catholique romaine. Il recense aussi bien tous ceux qui occupent des postes officiels dans le gouvernement de l’Église que les titulaires de tous les diocèses  et de toute autre entité de l’organisation territoriale de l’Église dans le monde entier. Auparavant, et pour en revenir au sujet, il arrivait parfois, et de fait, c’est arrivé souvent, que plusieurs papes soient élus en même temps : lors de certaines périodes turbulentes de l’histoire de l’Église, des élections irrégulières ont porté sur le trône pontifical des prétendants alors qu’un pape exerçait déjà. D’autres antipapes ont été élus pendant une vacance du trône de façon irrégulière. Enfin, il est arrivé que les électeurs se divisent en factions rivales et élisent deux papes différents le même jour. Ceux qui n’étaient pas officiellement reconnus par les « vraies » autorités ecclésiastiques étaient désignés sous le terme d’antipape, sachant que le distinguo se faisait parfois a posteriori, des années après.

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Bref, je ne savais pas quel Alexandre choisir, jusqu’à tomber par hasard sur une émission radio consacrée à Alexandre II de Russie. Saviez-vous que cet empereur fut assassiné en mars 1881, quelques jours seulement avant la promulgation d’une constitution, pourtant signée, qui devait mettre en place en Russie une monarchie constitutionnelle ? La Russie était à l’époque le pays le plus influent d’Europe, et on peut penser qu’un tel changement de système politique à la fin du XIXème siècle aurait complètement changé la donne du XXème (Révolution de 1917, 1ère Guerre Mondiale, montée du nazisme, 2de Guerre Mondiale, Guerre Froide, départ des Burger King de France, etc.) : c’est fou, non ?

Saviez-vous également qu’Alexandre II, quelques années avant l’abolition de l’esclavage aux États-Unis, avait aboli le servage en Russie ? Et que si l’esclavagisme des afros-américains concernait environ 4 millions d’individus, c’est près de 42 millions de serfs russes qui furent libérés ?

Le truc encore plus fou, c’est qu’un peu à la manière de François Mitterrand avec Elisabeth Tessier, Alexandre II  avait eu recours aux services d’une voyante, sorte de conseillère spirituelle. Alors je ne sais pas trop pour Mitterrand, mais Alexandre prenait ces prédictions en grande estime, et notamment, sa voyante l’avait assuré qu’il ne serait assassiné qu’à la 7ème tentative. Après 5 tentatives ratées, l’Empereur, se disant sûrement qu’il lui reste encore un crédit, emprunte  donc en mars 1881 les rues de Saint-Pétersbourg pour se rendre, comme chaque dimanche, à une parade militaire. Le parti anti-tsariste Narodnaïa Volia (Volonté du Peuple) a placé des lanceurs de bombes sur les deux itinéraires possibles, et Alexandre II est tué par la deuxième bombe lancée par Ignati Grinevitski. Ainsi, la marabout voyante avait eu raison, ce fut la 7eme tentative d’assassinat qui fut la bonne…

Pour finir sur une note plus gaie, mais toujours sur une de ces cocasseries historiques dont je suis friand, sachez que les alexandrins tirent leurs noms du Roman d’Alexandre, un cycle de poèmes dont Alexandre le Grand est le héros, et qui est attribué à Alexandre de Bernay. Bien joué, Alex !

3 réflexions sur “ Georges et Alexandre ”

  1. Lulu sur

    C’est sa mère qui s’appelle George et son père dragon ou bien l’inverse ? :)
    Bref, je suis content d’avoir découvert ce blog.

  2. Jika sur

    Je laisse l’intéressée répondre, et on est également content de t’avoir … découvert.

    Tu nous as trouvé comment ? Quand écris-tu ton premier article ?

    :o)

  3. lacoste polo sur

    Ceux qui n’étaient pas officiellement reconnus par les « vraies » autorités ecclésiastiques étaient désignés sous le terme d’antipape, sachant que le distinguo se faisait parfois a posteriori, des années après.

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