Mêmesprit

Une fois n’est pas coutume, mon article d’aujourd’hui n’a rien à voir avec l’actualité, loin de là : il porte sur une chanson pas franchement récente puisqu’elle date de 1990, Can God Fill Teeth ? de Lard.

Lard est ce que les initiés appellent alternativement un « super-groupe » ou un « side-project », au sens de « groupe composé de plusieurs musiciens venus de plusieurs autres formations qui restent leur formation principale ». On y trouve essentiellement au chant l’activiste punk Jello Biafra des Dead Kennedys, Al Jourgensen et Paul Barker de Ministry respectivement à la guitare et à la basse.

L’ensemble de ce qu’a produit Lard n’est pas vraiment extraordinaire, même pour un fan d’indus, mais ce morceau se démarque très clairement par sa mise en scène et son propos, inattendus et assez fendards.

J’avais découvert le morceau par l’intermédiaire d’une amie à la fin des années 90 et je l’écoute régulièrement depuis, et c’est à chaque fois avec plaisir, et avec un sourire hilare sur la face ce qui n’est quand même pas fréquent avec ce genre de morceaux de rock pêchu.

Déjà, la chanson raconte une histoire, ce que d’une façon générale je trouve plutôt original et plus intéressant qu’une simple série de couplets et de refrains ; en outre, l’histoire se déroule en même temps que la chanson (par opposition à un récit d’un truc arrivé dans l’Histoire, par exemple), et on entend en direct ce que fait le narrateur, et ce qu’il fait est non seulement assez tordant, mais ça participe directement à la musique.

Je vous laisse vous faire votre propre opinion ci-dessous avec une vidéo très non-officielle (elle n’est pas parfaite-parfaite, j’ai fait comme j’ai pu pour mettre le morceau en ligne vu qu’il est introuvable), avec les paroles en sous-titre, et une traduction maison pour les pas-bilingues.

CAN GOD FILL TEETH ? de Lard, traduction par moi :

Me demandez pas pourquoi
Mais je me promenais dans les rues de Fairfax, en Californie
Quand j’ai vu ce flyer collé sur un poteau téléphonique, qui disait :

DIEU PEUT-IL REMPLIR LES DENTS?
Incroyable !

Pour seulement 10 $, venez voir des plombages en argent se transformer en or et d’autres manifestations dentaires surnaturelles.
De nouveaux bridges ! Des caries comblées !

Apportez une lampe de poche et un miroir et voyez vous-mêmes !

Mais attendez une minute
Est-ce que je viens pas justement de lire
Cette histoire comme quoi des flics incitent les parents
A mettre des dispositifs d’écoute dans les dents de leurs enfants,

Pour que s’ils disparaissent, on puisse les pister avant qu’on n’ait à mettre leur photo sur les briques de lait, et tout ça ?

Et est ce que je viens pas juste de lire
Que ces dispositifs peuvent aller dans les deux sens
Et que tout ce que je fais ou dit est enregistré sur une cassette en direct quelque part ?
Planté dans mes dents
Et sans me prévenir en plus
Pas étonnant que chaque ânerie
Qui sort de ma bouche
Se retrouve à chaque fois dans les compte-rendus d’évaluation de mes employeurs

Tous ces plombages
Toutes ces couronnes

Je vais leur montrer
Qui est le patron de ma grande gueule

Où est la Pliars
Nom de dieu ! Où est la Pliars ?!?
Où est-ce que t’as foutu ma perceuse électrique ?
Ca va dégager maintenant

AUJOURD’HUI !

Agh! Agh! Agh!
Agh! Agh! Agh!
Agh! Agh! Agh!

Ca doit être une sorte de complot
Le monde entier est un putain de complot
Si tu cherches n’importe où assez longtemps, tu finiras par trouver une conspiration
Merde, LA VIE est un complot !

Agh! Agh! Agh!
Agh! Agh! Agh!
Agh! Agh! Agh!

La foreuse de 12
Dans mon nez
-Agh!–Agh! —
D’où viennent tous ces fils ?
Jusqu’où est-ce que ça remonte dans mon crâne ?

Plus ça va, plus je sors de spaghettis en cuivre

Comment est-ce que mon Weekly World News s’est retrouvé tout mouillé comme ça ?
Putain de machin qui a encore fondu
Qu’est-ce qu’ils essaient de me faire ?

On peut plus rien garder de secret dans le pays de la liberté !

Voilà.

Personne ne va m’dire c’que j’dois faire
C’est pas grave de manger des aliments pour bébés
Le reste de ma vie
Pour être un homme libre
Enfoirés
Personne me comprenait jamais de toutes façons.