Mêmesprit

Une fois n’est pas coutume (mais ça arrive quand même souvent), c’est mon ami Steven qui m’a fait découvrir à la fois le groupe, Gossip, et cet album, Standing in the Way of Control, un disque parfait pour vous donner la patate et vous donner envie de sauter dans tous les sens.

Je me souviens parfaitement des circonstances dans lesquelles j’ai écouté cet album pour la première fois : nous étions en vacances ensemble à) Sigonce (Alpes de Haute Provence), et il a mis le CD dans le lecteur de la voiture que nous partagions (oui, à l’époque – en 2006 – c’était comme ça qu’on écoutait la musique). En entendant la voix de Beth Ditto, j’ai d’abord pensé aux Bellrays, un groupe qui marie le garage rock des instruments avec la voix soul de la chanteuse – un groupe que j’aime bien comme ça, mais qui bien qu’il ait tous les ingrédients pour me séduire, n’a jamais réussi à m’accrocher… Je suis donc resté sur ma réserve, comme je le suis souvent quand on essaye de me faire découvrir un nouveau groupe. Les morceaux se sont enchaînés, et à un moment on est descendus de voiture  pour chercher notre chemin, et pendant ce temps la musique continuait à jouer : est arrivé Your Mangled Heart, à mon sens le troisième tube imparable de cet album avec Fire with Fire et Standing in the Way of Control… et je me suis mis à danser, vaincu par le groove et l’énergie du morceau.

L’une des particularités du groupe est d’être une formation guitare-chant-batterie : il n’y a pas de bassiste. Sur Standing in the Way of Control mieux que sur aucun autre de leurs albums, le guitariste joue à la fois les riffs guitare funky, et des sons et des rythmes de basse qui jouent énormément sur le côté sautillant et groovy des morceaux. Si vous n’avez pas l’oreille particulièrement musicale et que vous ne voyez pas ce que je veux dire, lancer la deuxième vidéo ci-dessous (Standing in the Way of Control, le morceau) : Nathan Howdeshell y alterne dans les premières mesures d’abord un riff de guitare, puis un motif typique de basse avec un son de basse, avant de retourner à un nouveau riff de guitare. Vous pourrez laisser tourner le morceau tant que vous y êtes, il est trop bien :p

Autre particularité du groupe, moins rare : la chanteuse ne joue pas d’instrument. De mon point de vue (et ça a été un problème pour moi au moment où dans mon propre groupe, GOne, j’ai abandonné la basse pour ne plus être que chanteur, mais ça m’a aidé à progresser) quand dans un groupe le chanteur ne fait que chanter, il a intérêt à être sacrément bon, soit par son chant, soit par sa présence : on s’en rend encore mieux compte sur scène bien sûr, mais Standing in the Way of Control, l’album, donne clairement à entendre la voix et l’énergie extraordinaires de Beth Ditto qui se marie parfaitement avec le dynamisme des instruments.

Je vous propose de refaire avec moi ce chemin musical en trois morceaux extraordinaires (ne me dites pas qu’ils ne vous donnent pas la patate, je ne vous parlerai plus) :

Fire With Fire

Standing in the Way of Control

Your Mangled Heart

Groupe alternatif à la base, Gossip a connu avec cet album un succès qui lui a ouvert les portes des major (Sony en l’occurrence) et du très grand public (souvenez-vous du single Heavy Cross qui habille la pub pour le parfum J’adore de Dior). La chanteuse Beth Ditto quant à elle, avec sa personnalité, son corps et son énergie hors norme, est devenue une porte-parole et une égérie des défenseurs des modes de vie alternatifs, des minorités sexuelles, et de celles et ceux qui contestent la vision normative du corps de la femme : écoutez un peu les textes des chansons, même s’ils ne sont pas extraordinaires, ce sont souvent des textes engagés, en soutien aux victimes d’une oppression qui peut prendre toutes sortes de formes, parfois même auto-infligées.

Standing in the Way of Control est leur meilleur album sans discussion possible – tcht tcht, j’ai dit pas de discussion : si l’album suivant Music for Men est OK (mais sacrifie son énergie rock funky en faveur de plus de pop), les albums précédents étaient moins aboutis aussi bien dans la forme que dans la composition, et le dernier A Joyful Noise est daubique, parti trop loin dans le délire pop-dance.
Standing in the Way of Control se situe donc exactement au bon moment de l’évolution musicale de Gossip, leur chef d’œuvre parfait après leur période punk bof et avant leur virée dance pourrie.

Pour cet article, je ne vous fais pas la revue du reste de l’album (allez, je vous mets quand même plus bas les liens vers deux vidéos des deux singles de l’album, Listen Up ! et Jealous Girls), sachez juste que tout le reste est très bien et s’écoute à 100% sans qu’on ait jamais l’envie de passer à la chanson suivante (ce qui est quand même extrêmement rare) : efficace aussi bien au niveau des riffs que du son hyper propre, groovy et péchu, Standing in the Way of Control fait partie des albums dont je sais que je peux les lancer les yeux fermés quand j’ai envie de quelque chose qui donne le sourire ou la patate.

Je le recommande sans hésitation à tout le monde, il n’y a même pas besoin d’être féru de rock pour aimer cette musique super facile d’approche.