Boyhood ou les chroniques sublimes d’une vie ordinaire : attention chef-d’oeuvre !
Je reprends la plume pour vous parler de mon dernier gros coup de cœur ciné : Boyhood. Un film brillant et attachant à ne rater sous aucun prétexte. Rien que ça.
Alors, on se penche de plus près sur cette pépite indépendante, véritable révélation de l’année 2014, et je vous donne 5 bonnes raisons d’y aller.
1. Pour le coup de maître
Boyhood, c’est tout d’abord une idée ou plutôt une ambition folle… Celle du réalisateur Richard Linklater, notoirement connu pour avoir réalisé l’excellente trilogie des Before Sunset, Before Sunrise et Before Midnight…Richard Linklater, donc, nous raconte l’enfance puis l’adolescence du jeune Mason, élevé par des parents divorcés, de ses 6 ans jusqu’à son entrée en fac. Là où ça se corse, c’est que le réalisateur a voulu faire les choses bien, en tournant, année après année, avec les mêmes acteurs durant 12 ans (dont sa propre fille qui joue la grande sœur du héros) ! Peu de metteurs en scène auraient osé relever ce défi, mais Richard Linklater l’a fait : il a réussi cette prouesse technique, celle de convaincre des producteurs de financer ce projet original et de réunir les mêmes acteurs sur une période aussi longue ! On ne peut que saluer la patience, la pugnacité et la volonté de fer dont il a dû faire preuve pour mener à bien cette expérimentation à total contre-courant des standards hollywoodiens. Le plus beau dans tout ça, c’est qu’il ne s’est pas contenté de réaliser un film conceptuel… mais qu’il l’a fait avec brio.
2. Pour cette façon si touchante de montrer la vie
Boyhood c’est une chronique sur l’enfance, la famille, la quête de soi… la vie en somme ! Sur ce que c’est de grandir, de se chercher, de faire ses choix, de transmettre ses valeurs. Un voyage initiatique et un peu nostalgique à la fois, fait de tout petits riens qui emplissent l’existence, de moments complices, de rencontres ou de discussions qui marquent une vie. Pas de drame à OK Coral, juste des scènes ordinaires qui nous plongent dans l’intimité d’une vie de garçon et des relations humaines qui se tissent autour de lui. Forcément, le caractère universel du sujet nous rappelle nos propres vies. Les 2h45 du film passent sans qu’on s’en rende compte, à l’image des années qui filent au rythme des déménagements, des coupes de cheveux et autres métamorphoses physiques. On se prend de plein fouet le spectacle du temps qui passe… C’est bluffant ! La mise en scène est fluide et remarquable, le rire et l’émotion constamment présents, en filigrane. Bref, on aime la subtilité et la sincérité qui se dégagent du film.
3. Pour un shoot de l’Amérique des années 2000
Boyhood, c’est aussi un film d’époque qui nous nous immerge dans un concentré d’Amérique des années 2002 à 2013, nous relatant l’après-11 septembre, de Bush à Obama en passant par la guerre en Irak, la folie Harry Potter et l’explosion des réseaux sociaux. C’est aussi une radiographie façon « passé continu » de la société américaine, si loin et si près à la fois, sur fond de folklore texan. Difficile de faire plus authentique et réaliste : le film a été tourné « dans son jus ».
4. Pour les acteurs
Les acteurs sont étonnants de justesse et de sensibilité, et les personnages vraiment attachants… C’est vrai quoi, on les voit grandir et mûrir sous nos yeux, comme si nous partagions ces mêmes instants de famille avec eux.
Chapeau à Ethan Hawke, acteur fétiche du réalisateur Richard Linklater, qui joue à la perfection son rôle de père proche et immature à la fois. Mention spéciale également pour Mason, incarné par Ellar Coltrane, casté à 7 ans et sur lequel repose une grande partie du film ! Un acteur à surveiller de près ! Impossible d’oublier ce visage que l’on accompagne de l’enfance jusqu’à son entrée dans la vie adulte… sa bouille d’ange et ses évolutions personnelles marquent particulièrement l’histoire de Boyhood, à la croisée du documentaire et de la fiction… Il n’y a en effet pas eu de scénario pré-établi, l’histoire déroulée ayant été « improvisée » chaque année autour des idées du réalisateur, mais aussi influencée par la vie et les suggestions des acteurs, de l’équipe de tournage et de leur entourage… Le réalisateur a par exemple réexploité dans son histoire l’intérêt naissant du jeune Ellar pour la photographie !
5. Pour la bande-son
Boyhood, c’est enfin une très belle bande originale ! On pense en particulier à la magnifique chanson « Hero » de Family of the Year, qui reste gravée longtemps dans nos mémoires après la fin du film.
Voilà, personnellement Boyhood m’a véritablement enthousiasmée et touchée… Un film qui fait tilt et touche juste ! Un film hors des sentiers battus comme on voudrait en voir plus souvent ! C’est tout le cinéma que j’aime ! J’y ai beaucoup repensé après, et je crois que ce très beau film peut trouver un écho auprès de beaucoup d’entre nous ! Dans tous les cas, ça m’a donné envie de revoir la série des Before et me pencher de plus près sur le travail de Richard Linklater !
Boyhood, sorti en salles le 23 juillet.
Boyhood est un film marquant, qui pousse à réfléchir sur son enfance, au rôle de parents.. Mais pas que : c’est avant tout un film expérimental, esthétique, lancinant, qu’on prend beaucoup de plaisir à regarder. Linklater sait capter les petits moments la vie, les poétiser ; avec lui le temps s’écoule naturellement, sans grandes révolutions mais dans une quête perpétuelle de soi-même…
Voilà, après l’Ours d’Argent du meilleur réalisateur, Boyhood est sacré de 3 Golden Globes : meilleur film, meilleur réalisateur et meilleure actrice de second rôle pour Patricia Arquette ! Des récompenses bien méritées !