Louise Bourgeois (Centre Georges Pompidou)
Attention, billet polémique qui pourra facilement être taxé de réactionnaire ou de ras-du-front…
Il y a des oeuvres, et des artistes, qui gagnent à être présentés, expliqués, décryptés. C’est même souvent le cas, et moins on est pointu en art, plus les éclaircissement sous souvent nécessaires.
Cette expo permet de comprendre qu’avec Louise Bourgeois, c’est résolument le contraire. Ayant déjà entendu l’artiste parler (des interviews non formelles), j’avais l’impression qu’elle n’était pas loin de la sénilité, ce qui était dommage, mais naturellement pas condamnable. Là, à moins que tous les textes de l’expo n’aient été rédigés à partir de ses déclarations récentes, il apparaît qu’en fait LB n’est pas retombée en enfance du fait de son grand âge: elle ne l’a simplement jamais quitté. Ce qui peut chez certains susciter une certaine admiration (un force imaginaire intacte!) est ici franchement affligeant.
Sans connaître l’artiste en tant que femme, je n’appréciais pas toutes ses oeuvres, mais j’en trouvais plusieurs réellement réussies et je croyais bien aimer Louise Bourgeois. Et l’impression se trouve confirmée en fait avec plusieurs des pièces de l’exposition qui se tient au Centre Georges Pompidou du 5 mars au 2 juin 2008, qui possèdent toujours une qualité esthétique ou une capacité évocatrice enthousiasmantes, intriguantes voire inquiétantes. Mais en vérité, grâce aux éclairages donnés par les textes qui accompagnent les oeuvres, on apprend que le discours de l’artiste est fondamentalement bidon (« la peur c’est le passé, il faut être capable d’avancer pour vivre dans le présent ») et gnan-gnan (cette jambe en bois déstabilisante qui flotte, suspendue dans la cage en fer de « Passage dangereux » c’est… le souvenir de la soeur Henriette qui boite…) (et les chaises percées suspendues au grillage, à proximité d’une balançoire et d’une chaise électrique: la réminiscence de l’atelier du père; les araignées, c’est sa maman, parce qu’elle était gentille et protectrice).
A ce régime-là, je préfère franchement rester dans le mystère de la création et imaginer mes propres interprétations à partir des oeuvres, plutôt qu’on m’explique des trucs aussi tartes et anti-évocateurs. En sortant de l’exposition, qui insiste lourdement sur la dimension nombriliste pardon, autobiographique de l’oeuvre de LB, j’avais l’impression d’avoir assisté à l’exposition des dessins d’une petite fille à qui on avait répondu un jour que, oui, son dessin était très joli, mais à qui on n’avait jamais cessé de donner des encouragements, même quand la maturité aurait requis une approche un poil plus exigeante de l’oeuvre. Alors, Louise Bourgeois: artiste naïve?
Je ne sais pas si c’est l’expo qui donne cette impression à tort, ou si c’est vraiment le fond de son oeuvre, mais au final je n’aime plus Louise Bourgeois, et mon sentiment est que ses meilleures pièces sont faites malgré elle. Bah, après tout, c’est sans doute ça qu’on appelle l’inspiration…