Apprendre les gestes qui sauvent : cas concrets (part two)
Ca y est, je peux théoriquement (re)sauver des vies. Ou pas. Enfin, je sais que je peux agir, avec un peu de sang froid et de réactivité. Mais moi, qui peut me porter secours si je m’étouffe avec une cacahouète le soir du réveillon du Nouvel an ?
Peut-être vous, une fois que vous aurez lu ces quelques lignes de rappels et de conseils simples. Attention, ces derniers sont un condensé des enseignements que j’ai retenus pendant ce jour et demi de formation, avec j’imagine leur lot de raccourcis, inexactitudes et imprécisions. Car rien ne vaut de se former avec des pros… Après, ça ne mange pas de pain d’en faire profiter les copains ou les 2-3 lecteurs de ce blog. Car comme on dit, prévenir, c’est guérir.
Tout d’abord quelques réflexes à ne jamais perdre de vue :
– En arrivant près d’une victime, tout d’abord prendre le temps d’observer et d’analyser la situation et le danger éventuel. Puis protéger. Ca commence par se protéger soi en premier, car une seconde victime n’arrangera pas les choses. Puis les autres témoins et passants éventuels (vu que la victime ne tombera pas plus bas). L’idée c’est d’écarter le danger s’il est contrôlable et de sécuriser la zone en éloignant les gens qui n’ont rien à faire là. Mettre la personne en position adéquate (de repos c’est-à-dire assise ou allongée, ou en PLS), prodiguer les gestes de premiers secours et alerter sans tarder. Puis couvrir si possible la victime et la rassurer. Bête comme chou.
– Servez-vous des autres (passants, témoins) en criant à l’aide dès que cela est possible. Un temps précieux gagné pour donner l’alerte sans s’interrompre tandis que vous effectuerez les premiers gestes de secours.
– Eviter de faire quoi que ce soit qui puisse aggraver la situation, ou provoquer un suraccident.
Ex 1 : une voiture est accidentée et immobilisée en plein milieu de la route. Si vous pouvez, garez-vous sur la bande d’arrêt d’urgence non en amont mais en aval de l’accident. Cela permet d’éviter le suraccident et d’encombrer le passage des véhicules d’urgence. Mettez vos passagers en sécurité avant d’aller signaler l’accident aux automobilistes et aux secours (via un triangle de signalisation à 150 m en amont de l’accident par exemple, ou par des signes pour ralentir les automobilistes, en restant bien sécurisé sur le côté).
Ex 2 : une personne a un couteau ou des morceaux de verre plantés dans le bras. Même si la personne souffre le martyr, ne surtout pas chercher à extraire le corps étranger, pour éviter d’aggraver la lésion ou le saignement.
Ex 3 : une personne semble traumatisée sur une zone allant de la tête au thorax : risque que la colonne ou que la moelle épinière soit touchée. Ne surtout pas la déplacer (sauf en cas de risque vital comme expliqué plus bas), lui dire de ne pas bouger la tête (pas si évident que ça pour une victime !) et surtout la lui maintenir.
Qui appeler en cas d’urgence ? en dehors de votre petit(e) ami(e) ou de votre mère
Un petit rappel sur les 5 numéros à connaître par cœur, et à utiliser à bon escient, tant qu’à faire…
15 SAMU : problème de santé nécessitant assistance médicalisée pour un conseil, un renvoi vers une consultation ou une évacuation vers les urgences
17 Police ou gendarmerie : en cas de problème de sécurité ou d’ordre publique
18 Pompiers : secours aux personnes et incendie
112 n° européen d’urgence : en France renvoie vers les pompiers. A utiliser en priorité, car sert pour tout, fonctionne dans toute l’Europe et ce même sans avoir à déverrouiller ou débloquer le code PIN du portable par exemple, et parfois sur d’autres réseaux de téléphonie que son opérateur si ce dernier ne couvre pas la zone (je crois que les autres n° d’urgence marchent aussi pour le 2e cas)
115 SAMU social : pour les sans-abris dans la rue par exemple.
LES GESTES DE PREMIERS SECOURS
Voici les cas concrets abordés lors de la formation de PSC1. Ce sont les gestes à donner pour les adultes (à partir de 8 ans). Pour les enfants (de 1 à 8 ans), et les nourrissons (moins d’1 an), les manœuvres peuvent être légèrement différentes, adaptées à la taille et à la corpulence/fragilité des sujets…
Dégagement d’urgence en cas de danger immédiat et vital (un incendie ou un risque d’explosion par exemple)
Attraper la personne par les chevilles ou les poignets qui offrent une meilleure prise puis tirer et l’éloigner suffisamment loin du danger.
Etouffement total (plus de son, la personne n’arrive plus à respirer, ne peut plus parler ni tousser)
La priorité est d’aider la personne à dégager ses voies avant même de téléphoner aux secours car chaque seconde compte. Donner 5 tapes dans le dos en retenant la personne penchée vers l’avant, et si ça ne fonctionne pas, continuer avec la méthode de Heimlich (compression abdominale un peu au-dessus du nombril avec les deux mains, la personne toujours penchée) répétée 5 fois. Continuer à alterner les 5 tapes / 5 compressions pour faire sortir le corps étranger, et une fois que c’est fait, appeler les secours.
Etouffement partiel (la personne a du mal à respirer mais arrive quand même à crier, parler ou tousser)
Pas de risque vital immédiat. Dans ce cas ne pas intervenir comme précédemment afin d’éviter d’aggraver la situation (ce ne sont pas des gestes anodins, on peut casser des cotes ou pire obstruer complètement les voies aériennes), mais la mettre en position assise ou semi-assise, l’inciter à tousser pour expulser elle-même le corps étranger en attendant les secours.
Hémorragie (un saignement abondant et qui ne s’arrête pas)
Comprimer la plaie avec sa main pour boucher l’écoulement (en se protégeant avec un gant , un tissu propre ou un sac plastique par exemple) quand cela est possible (s’il y a du verre il ne faut pas chercher à appuyer ni à l’enlever) puis allonger la personne. La personne, si elle est consciente, peut bien entendu vous aider à comprimer la plaie. Si besoin de se dégager pour aller chercher de l’aide, appliquer un tampon-relais (un chiffon pressé en boule par ex) entouré d’un bandage de fortune. Couvrir la victime car elle se refroidit vite. Ne pas oublier de se laver les mains dès que possible pour enlever le sang !
Saignements de nez
Asseoir la personne, la tête penchée en avant pour éviter que du sang ne rentre dans les voies et comprimer du doigt la narine qui saigne. Si c’est lié à un traumatisme ou que ça ne s’arrête pas, appeler les secours.
Personne vomissant ou crachant du sang
C’est très grave, appeler immédiatement le 15 et allonger la personne.
Personne inconsciente mais qui respire
Plus aucun tonus musculaire, avec le risque d’avaler sa langue et de s’étouffer avec, ou même avec ses fluides si elle reste sur le dos. Défaire les col-cravate-ceinture et la placer en position latérale de sécurité (PLS, manoeuvre que je ne détaillerai pas ici… il vaut mieux la voir exécutée en vrai) puis appeler les secours, la couvrir et surveiller régulièrement qu’elle respire toujours.
Si elle semble touchée à la colonne vertébrale, eh bien oui c’est le même combat : il faut la mettre en PLS, car le risque vital prime sur la paralysie.
Cas particuliers :
– la femme enceinte : la mettre en PLS sur le côté gauche, à cause du fœtus.
– les personnes blessées : les mettre en PLS justement du côté atteint. D’abord parce que ces parties nécessitent davantage d’être immobilisées, et qu’elles n’aideront pas à améliorer la situation vu qu’elles sont déjà blessées. Il faut donc privilégier le fonctionnement des parties indemnes.
Personne inconsciente et qui ne respire plus
Alors là c’est hyper grave ! Les arrêts de respiration et cardiaques sont liés, quels que soient l’ordre par lequel ils arrivent (chez l’adulte toutefois l’arrêt du cœur entraîne le plus souvent celui de la respiration, alors que pour l’enfant c’est généralement l’inverse) : situation de risque vital nécessitant assistance médicalisée au plus tôt, donc dès que l’on constate qu’il n’y a plus de respiration même après avoir déserré les col-cravate-ceinture, cette fois-ci appeler immédiatement les secours.
Et seulement ensuite commencer la RCP (réanimation cardio-pulmonaire, communément appelée massage cardiaque) : 30 compressions avec les mains sur le centre du thorax (rythme de 100 / mn), en appuyant avec le talon de la main et en décollant à chaque fois d’un cm pour bien oxygéner le sang. Puis pencher la tête de la personne vers l’arrière, bloquer le menton avec une des mains, boucher les narines, puis souffler 2 fois avec la bouche bien « ventousée ». Recommencer l’alternance 30 compressions / 2 insufflations jusqu’à ce que les secours arrivent. Si la personne respire à nouveau, la placer en PLS. Si un défibrillateur est à portée de main, l’utiliser immédiatement en interrompant le cycle de la RPC. Le mettre en marche, toutes les instructions sont ensuite données vocalement. Ne pas le débrancher, ce seront les secours qui le feront (il peut donner plusieurs chocs si besoin). Puis une fois que le 1er choc est donné, continuer la RPC jusqu’à l’arrivée des secours.
Malaise (de poitrine, respiration, faiblesse, paralysie…)
Ecouter, observer, mettre le sujet au repos (allongé sauf en cas de problème de respiration, là c’est assis) et questionner avant d’appeler les secours (même si le malaise passe ou que les signes semblent anodins).
Plaie simple
Se laver les mains puis la plaie à l’eau et au savon. L’alcool à 70 ou 90 degrés ça sert à désinfecter les ustensiles et pas les êtres humains, en plus ça pîque. Alors utilisez juste de l’antiseptique avant de protéger avec un pansement.
Plaie grave (du fait de sa localisation, de son aspect, étendue/profondeur ou de l’origine)
Allonger la victime avant d’appeler les secours. Cas particuliers :
– plaie du thorax : mettre la personne en position demi-assise pour faciliter la respiration.
– plaie de l’abdomen : mettre la personne en position allongée, cuisses et genous fléchis pour la soulager.
– plaie de l’œil : allonger la personne, lui dire de ne pas bouger et fermer les yeux.
Brûlure grave (du fait de son aspect, son étendue ou de sa localisation)
Refroidir avec de l’eau pour soulager et si c’est une brûlure chimique, rincer sans discontinuer en attendant l’arrivée des secours.
Intoxication / Brûlure par ingestion de produits chimiques
Ne pas donner à boire ni faire vomir la personne pour éviter de brûler les voies une seconde fois. Appeler les secours et garder le produit.
Traumatisme des os et des articulations
– si dos, tête ou nuque touchés : interdire tout mouvement de la victime et maintenir la tête.
– si c’est ailleurs, ne pas bouger le membre atteint.
Voilà, ce n’est qu’un résumé rapide des bases. Vous pouvez maintenant faire un geste utile pour votre entourage en vous inscrivant pour passer le PSC1. Une bonne résolution à tenir pour 2010 ?…
D’après les lois de la science, de la statistique et de la nature, une personne qui périt d’un accident, l’a été car elle était trop faible pour survivre dans ce monde.
On obtient donc, moins de frais hospitalier et par conséquent, moins de charge sociale, du coup, ça pèse moins sur l’économie.
De plus, il y a 9 chances sur 10 que cela face un chômeur de moins.
Alors, réfléchissez bien avant de sauver une vie ! ;-)
O-O
Ne serait-ce que pour l’évocation du « 9 chances sur 10 que ça fasse un chômeur de moins », je pense que ta maîtrise des statistiques est à revoir !
Pour le reste, on va dire que c’était du second degré, hein…
(il fait décidément bien ses choix aléatoires d’avatars, ce blog, non ? :p )
Tiens…. http://memesprit.fr/?p=806
:D
Une fois j avais craché un peu de sang à la Fac à Vannes, j avais prévénu moi meme :-)
ca va, je suis toujours vivant :-)
Je ne savais pas que la femme enceinte devait etre en PLS coté gauche, idem pour l alcool à ne pas utiliser pour les êtres humains (je mettais du parfum sur mes plaies).
Le parfum sur les plaies, c’est pas mal quand tu suppures en permanence. Ca dissimule le côté mort-vivant, quoi… :p