Le livre sans nom (anonyme, 2007)

Cadeau de noël de l’année passée (2010 donc !), je n’avais pas du tout entendu parler du Livre sans Nom. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le titre était déjà bien mystérieux, et qu’après avoir lu le pitch sur la couverture au dos de l’ouvrage, je me suis dit que j’allais passer un bon moment pendant sa lecture !

 

Rédigé puis publié sur internet par un auteur inconnu, le livre a connu rapidement un franc succès. Originellement publié en anglais en 2007, une version française a suivi courant 2010.

 

Tout cela, c’est bien joli, mais l’histoire alors ? J’y viens, j’y viens, on n’est pas aux pièces !

 

Santa Mondega est une petite bourgade perdue en Amérique du sud. Elle fut le théâtre cinq années auparavant d’un massacre apparemment perpétré par un homme encapuchonné, le Bourbon Kid, supposé être invincible lorsqu’il boit une rasade de bourbon.

Cinq années plus tard, alors que des meurtres inexpliqués sont commis à Santa Mondega, un enquêteur spécialisé dans le paranormal, Miles Jensen, est dépêché pour tenter de résoudre ces crimes qui, de par leur cruauté, sont apparentés à un retour du Bourbon Kid que l’ont croyait disparu. Il sera assisté par le vétéran de l’affaire, maintenant à la retraire, Archibald Somers.

Au même moment, dans une communauté de moines d’une ile perdue dans le pacifique, deux disciples sont envoyés à Santa Modega pour récupérer une pierre précieuse, l’Œil de la Lune, qui conférerait des pouvoirs magiques à son porteur. Leur mission : éviter qu’elle ne tombe entre de mauvaises mains.

Voilà le pitch donc ; à première vue, ça à l’air plutôt sympa et assez déjanté. De nombreuses critiques disent que le livre est bourré de références (c’est vrai) et qu’il rappelle certains films de série B (c’est vrai) dont raffole Quentin Tarantino ou encore Robert Rogriguez (toujours vrai).

 

Le livre passera en revue, des chasseurs de primes, des sosies d’Elvis, des vampires, des loups-garous, des moines qui font du karaté, des meurtres sanguinolents et des rebondissements à gogo, bref tout le toutim.

 

Et c’est là l’un des principal défaut du livre : l’excès. L’auteur pousse la description de l’attitude « cool » du voyou à outrance. Chaque personnage a plus de repartie ou semble plus coriace que le précédent, et qui était déjà bien cliché pour débuter. Alors quand le premier protagoniste est comme ça, on rigole, on pouffe, mais quand c’est quatre à la suite, ça devient lassant.

L’histoire n’a également ni queue ni tête (bon, on peut excuser, si on est dans le délire), certaines situations sont navrantes ou encore abracadabrantes et on sent à plein nez que c’est un amateur qui a rédigé le texte. Puis le récit nous amène inéluctablement aux rebondissements finaux, qui finissent malheureusement par tomber comme des cheveux sur la soupe.

Bourré de références de films, j’ai plus ressenti le livre comme un catalogue de répliques censées être cultes, ou de personnages censés être cool, mais qui au final tombe bien à plat.

C’est surtout le style du livre qui est déplorable et on a l’impression qu’un gamin de douze ans l’a écrit. C’est essentiellement ce qui m’a poussé à l’enfoncer de la sorte dans cet article : peut-être aurais-je été plus clément avec certains de ses défauts si une phrase sur deux ne me hérissait pas le poil, mais à moins de la moitié du livre, je voulais déjà le reposer car c’était trop, trop de détails insignifiants pour remplir plus de pages, trop de personnages caricaturaux et je ne pouvais pas supporter la manière dont c’était (mal) écrit.

Je ne sais pas si c’est du à une traduction hâtive ou à une œuvre originale déjà pitoyable (il faudra que je vérifie en lisant quelques pages en anglais), mais c’est vraiment mauvais, et en voici pour preuve quelques extraits pris au hasard :

 

« Jefe tira de son gilet de cuir noir un fusil à canon scié qu’il pointa sur la tête de Mukka qui etait lui aussi plutot balèze, bien qu’il n’eut que 20 ans. Il lui restait encore quelques kilos de muscles à prendre, et il n’était pas très courageux. Un jour, dans quelques années, il serait lui aussi un vrai salopard ; mais, en outre, il n’avait pas d’arme à feu sur lui. » p122. Sublime…

« C’était bien une question, mais déjà le ton de la Dame Mystique indiquait qu‘elle en connaissait déjà la réponse, tout comme un présentateur de jeu télévisé connaît la réponse aux questions qu’il pose aux concurrents sur leur vie, juste avant de commencer le jeu à proprement dit. » p176. J’ai déjà mal à la tête…

« Non, toi va te faire enculer, grogna Jefe en lâchant sa main, avant d’avancer son visage si près de celui de Miguel qu’ils auraient presque pu se piquer les joues à la barbe de trois jours de l’autre. » p349. Du grand art…

 

Alors ok, le boulot de traducteur est d’offrir une version la plus exacte et la plus proche du texte original, mais la ça va trop loin dans la fidélité du massacre de syntaxe !

 

Au final, à moins que par miracle j’ai pu vous donner envie de l’acheter, passez votre chemin si vous croisez celui du Livre sans Nom, vous avez certainement mieux à faire que de le lire.

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