Robert Frank : Un regard étranger (Jeu de Paume)
L’exposition s’intitule « ROBERT FRANK, Un regard étranger : Paris/ les Américains », au Jeu de Paume du 20 janvier jusqu’au 22 mars 2009.
Robert Frank est un artiste suisse, qui déambule dans l’Amérique des 50’s (entre 56 et 57 précisément) en prenant des clichés plus ou moins à la volée, avec un Noir&Blanc et une lumière crayeuse qui contrastent avec l’enthousiasme affiché par les Etats-Unis de l’époque et évoquent au contraire un univers de désenchantement qui est à la fois une réalité de l’Amérique, et une part du propre vague à l’âme de l’artiste. Se nourrissant des événements et de la réalité qu’il rencontre et non d’un programme préétabli, il rompt avec les convenances d’une image bien cadrée et composée, pour une photographie plus subjective, assumant une certaine négligence vis-à-vis des rudiments de la technique photographique et privilégiant la liberté et l’intuition qui sont la source d’une nouvelle manière de prendre des photos, que Robert Frank va construire peu à peu.
De ses milliers de prises (28 000, annonce le commentaire de l’expo), il tire 83 photos dont il définit soigneusement l’ordre dans lequel elles apparaissent dans son ouvrage intitulé « Les Américains », et qui sont exposées dans leur intégralité au Jeu de Paume. Robert Frank se battra pour que les photos soient publiées seules, sans aucun texte les accompagnant ou les légendant. Il obtient ce qu’il souhaite avec la deuxième édition de 1959, dans laquelle il accepte quand même une courte introduction à son ami l’écrivain Jack Kerouac : l’œuvre achevée se veut donc une séquence non narrative, non démonstrative, mais qui doit suivre un certain cours. La mise en page est simplissime, utilisée ponctuellement pour dénoncer des inégalités sociales ou pour projeter l’émotion particulière d’une scène sur une seconde, proche.
L’ouvrage est donc un tout disparate en ce qu’il offre de regards et de perspectives différentes, mais cohérent dans ce qu’il révèle de la vision, du discours et du style du photographe.
L’exposition comprenait en sus de cette présentation des photos de « Les Américains », une section sur Paris et le travail qui effectua Frank dans l’après-guerre quelques années avant son périple américain, et où l’on retrouve quelques-unes de ses marques de style (la déambulation hasardeuse dans les rues, le choix de scènes et de personnages a priori banals qui évoquent avant tout une ambiance…).
L’expo propose aussi deux films du photographe, Pull My Daisy (1959) et True Story (2004). Il s’agit là de cinéma expérimental et mieux vaut que je m’abstienne de donner mon avis là-dessus, ça m’évitera de passer pour un con de réac’ (m’enfin c’est quand même super-chiant et sans intérêt).
Marion surtout et Pierre et Elise (avec qui nous avons été voir cette expo) en sont ressortis satisfaits, Marion entendant même faire l’acquisition du livre « Les Américains » (et étant supposée écrire ce billet sur la visite de l’expo).
Pour ma part j’étais plus mitigé : entre dix et quinze photos m’ont plu sans qu’aucune me transporte vraiment. Au-delà du témoignage historique sur l’évolution de la prise de vue et des choix des sujets en photographie, je n’ai pas été plus emballé que cela par les qualités intrinsèques de ces images, qui ont peut-être perdu de leur force aujourd’hui du fait qu’elles ont perdu de leur exceptionnalité.
Note : je me suis pas mal ‘inspiré’ de cette page pour rédiger la partie « présentation de l’artiste » de ce billet.