Henri Cartier-Bresson / Paul Strand : Mexique 1932-1934

Un cadre dans le cadre dans le cadre... et une figure qui en sort. La 3D avant l'heure ! (Cartier-Bresson)

La Fondation Henri Cartier-Bresson propose jusqu’au 22 avril 2012 une exposition présentant une sélection d’œuvres des photographes Paul Strand et Henri Cartier-Bresson, qui ont tous deux traversé le Mexique entre 1932 et 1934. Les deux hommes ne se connaissaient pas à l’époque (ils se sont rencontré peu de temps après, et ont œuvré ensuite ensemble au sein du collectif Frontier Film), mais ils partagent des convictions communistes (Strand deviendra membre de l’American Labor Party avant de fuir les Etats-Unis lors de la montée du Maccarthysme, Cartier-Bresson revendiqua avoir voté pour le Parti Communiste jusqu’en 1956) qui furent l’une de leurs motivations principales pour visiter ce qui était alors considéré comme « le pays de la révolution réussie » (la Révolution Mexicaine avait débarrassé le pays du général Porfirio Diaz après près de 30 ans d’occupation du pouvoir, pour finalement conduire -après quelques rebondissements et pas mal de morts- à l’avènement du Parti Révolutionnaire Institutionnel (il fallait l’inventer !) socialiste).

 

 

 

 

 

Nets, Paul Strand - les paysages de l'Américain sont souvent réussis

 

Cette sensibilité politique et le fait qu’ils pratiquent le même art sont néanmoins à peu près les seuls points communs qu’on peut trouver entre les deux hommes au vu de leurs œuvres. Le style de Strand, plus posé, plus composé, le voit particulièrement exceller à mon goût dans les paysages, alors que ses portraits, bien cadrés, classiques, sont plutôt plats et ennuyeux. A l’inverse, Cartier-Bresson prend davantage les événements sur le vif, au moment où ils se produisent, quitte à les provoquer éventuellement, ou à en révéler l’attrait par un cadrage astucieux. La différence d’âge (Strand a 40 ans à l’époque, Cartier-Bresson la vingtaine) explique peut-être cette différence de style qui rend (en tous cas aux yeux du visiteur d’aujourd’hui) les photos du dernier plus vivantes et donc plus intéressantes ou émouvantes, même si la perfection technique, la beauté du noir et blanc, se situe clairement plutôt du côté de l’Américain.

Vendeuses de journaux, Henri Cartier-Bresson

Exposés dans deux pièces distinctes sur les deux premiers étages de la Fondation Henri Cartier-Bresson -la sélection de photos de Strand au premier étage, celle de Cartier-Bresson au deuxième- les 90 tirages qui constituent l’exposition n’offrent toutefois vraiment qu’une mise en bouche un peu courte, rare en images marquantes, et que j’ai quitté en me demandant comment mes 6 € (ok, 6 € ce n’est pas grand chose pour une entrée) avaient pu si rapidement disparaître… Plutôt décevant, donc.

Les noirs et blancs de Paul Strand sont souvent plus beaux que ceux de Cartier-Bresson

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