The Dandy Warhols (Trianon, 10 mai 2016)

Certains artistes ont le malheur -relatif- de produire une oeuvre tellement parfaite, que tout ce qu’ils pourront réaliser ensuite ne pourra qu’être comparé à cet aune, et donc nécessairement déprécié par rapport à sa juste valeur : parmi ceux-ci, je classe par exemple Weezer et Garbage avec leurs premiers albums éponymes respectifs, les Deftones et leur White Pony, ou The Hives (Tyrannosaurus Hives), pour ne citer que quelques-uns de mes albums fétiches.

Comment vouloir écouter un autre album du même artiste, lorsqu’on aime autant une œuvre en particulier ? Si on a envie de l’écouter, c’est de façon mécanique, implacablement et fatalement logique, que notre choix se portera sur l’œuvre favorite, encore et encore, parce qu’on sait qu’on l’appréciera à coup sûr, de bout en bout (notez que ce phénomène va peut-être s’estomper avec les nouveaux modes de consommation de musique en streaming, qui génèrent des playlists par artiste en recomposant la structure de l’œuvre globale et en abolissant progressivement la notion d’album, avec un début, une fin, et un ordre entre les morceaux).

 

Come Down

Les Dandy Warhols ont eux aussi atteint cette sorte de perfection de leur style et de leur son avec leur deuxième album, Come Down (en…1996, argh) : rock mais cool, noisy mais pop, il installait son atmosphère vaporeuse et mélodieuse dès les deux premiers incroyables morceaux, Be-in et Boys better. Le reste de l’album n’avait plus qu’à suivre cette ligne directrice pour plonger l’auditeur dans son ambiance à la fois cotonneuse et abrasive, avec une nouvelle pointe d’enthousiasme extatique sur Every day should be a holiday.

Et du coup donc, je n’ai jamais accordé autant d’attention aux albums suivants, n’y retrouvant -évidemment- jamais la perfection de Come Down, et ceux-ci étaient restés dans mon esprit comme des albums « OK, mais sans plus », malgré quelques pépites disséminées de ci de là (Bohemian like you, Get off, We used to be friends,…). Ce qui est particulièrement injuste, je m’en rends compte aujourd’hui, pour l’album qui a suivi, Thirteen Tales from Urban Bohemia, qui est lui aussi un très bon album -juste, nécessairement inférieur à l’indépassable Come Down.

 

Au fil des années, nous avions perdu le contact avec les Dandy Warhols, d’autant que leur image médiatique (perçue de loin pour ce qui me concerne) les décrivait comme des junkies aux performances au mieux inégales sur scène, et en tous cas en perte de vitesse critique depuis la fin des 90’s.

C’est à Rock en Seine en 2012 que nous avons renoué avec le groupe, grâce à un set qui à la fois nous avait fait retrouver le plaisir de l’écoute de leurs meilleurs morceaux, et nous avait fait ressentir pas mal d’empathie pour Courtney Taylor-Taylor, chanteur et leader de la bande, qui semblait en état de grande solitude et de profonde douleur sur la scène démesurée du festival.

Nous les avions manqués lors de leur passage suivant à Paris en mars 2015 (le Trianon, où ils passaient déjà à cette occasion, n’est pas une très grande salle -1000 places, évoque quand même la page Wikipedia- et les billets s’étaient vite vendus), mais cette fois j’ai réussi à obtenir des places en ne tardant pas trop pour les prendre.

Un très bon concert

Nous sommes arrivés trop tard (comme souvent malheureusement, alors que j’aime bien découvrir des groupes à ces occasions) pour entendre le groupe qui assurait la première partie (les Londoniens de Happyness).

Puis après un petit temps d’attente, le concert des Dandy Warhols a débuté, de la meilleure des façons possibles avec Be-in, le morceau qui ouvre justement Come Down et qui installe l’atmosphère de l’album. Ici de même, avec ses stridences et ses longues nappes instrumentales disparses, bientôt prolongées par l’harmonie des chants planants et hypnotiques de Courtney et du batteur Brent DeBoer (très chouettes harmonies et qui sont à mon sens l’une des forces de Come Down) cette introduction a installé cette forme de rêverie confuse, pourtant pas dénuée d’énergie comme en attestait le plancher mouvant de la salle, qui rebondissait en rythme avec les mouvements d’un public visiblement aussi content que moi de cette entrée en matière.

La playlist s’est tranquillement déroulée à partir de là, faisant la part belle aux titres de Come Down (un petit quart du set, je pense) sans oublier à peu près tous les singles à succès des albums suivants (hormis Not if you were the last junkie on earth, peut-être leur plus gros succès mais qui m’agaçe un peu, et qui est probablement pour beaucoup dans l’étiquette de poseurs et de drogués qui leur colle à la peau, donc tant mieux).

Ils ont naturellement aussi joué quelques morceaux tirés du dernier album (Distortland), dont un que la clavieriste (Zia McCabe) a réellement interprété à la basse (je n’avais jamais percuté avant ce concert que la basse, pourtant très présente chez les Dandy Warhols, était en fait jouée au clavier). Autre originalité notable, le chanteur était équipé de deux micros dont il se servait alternativement pour varier ses effets vocaux.

Interlude

Le groupe a quitté la scène au milieu du concert, laissant le chanteur seul avec sa guitare le temps de deux morceaux, The Grow-up Song, dernière plage du nouvel album dont je n’ai pas bien compris si la fin abrupte était d’origine ou si elle avait été causée par les perturbations du public (qui au départ ne s’est pas montré très enthousiaste, puis a battu des mains légèrement à contretemps) ; puis Every day should be a holiday, sur lequel Courtney a fait chanter tout le public, un moment d’empathie sympathique, mais qui nous a privé de ce morceau -mon préféré- dans sa version originale, électrique et entraînante.

Et final

Le set s’est conclu lui aussi de la meilleure des façons possibles avec Boys better, là encore un de leurs tous meilleurs morceaux et donc un final idéal pour se quitter sur une bonne impression, avec un morceau super en tête. Étonnamment, il n’y a pas eu de rappel, les lumières se rallumant dès la sortie de scène du groupe, ce qui est je trouve plutôt bien, au sens où 1), ça sort de la mécanique routinière des concerts, 2) le final d’un concert est généralement un des plus gros tubes du groupe, mais on n’est pas forcément d’accord les groupes et moi, sur ce que sont leurs meilleurs morceaux ;p Là, pour moi, c’était la conclusion idéale à un très chouette concert.

Je suis bien content de les avoirs vus là, dans ces bonnes conditions, ça m’a donné envie de réécouter tous leurs albums, y compris ceux que j’ai loupés par désintérêt. Je retournerai les voir avec plaisir, et j’espère vous avoir donné envie de faire de même !

En bonus, la setlist pour Stoeffler ;p

  1. Be-In
  2. Crack Cocaine Rager
  3. Get Off
  4. Pope Reverend Jim
  5. STYGGO
  6. I Love You
  7. The Last High
  8. Plan A
  9. Search Party
  10. The Grow-up Song
  11. Everyday Should Be A Holiday
  12. Well They’re Gone
  13. Good Morning
  14. Baby Come Back (cover de The Equals)
  15. You’re Killing Me
  16. We Used to Be Friends
  17. Solid
  18. Bohemian Like You
  19. Godless
  20. Pete International Airport/ Boys Better

 

 

2 réflexions sur “ The Dandy Warhols (Trianon, 10 mai 2016) ”

  1. Stoeffler
    Stoeffler sur

    Ha! Genre t’as cru que si tu laissais un commentaire m’etant destine, j’allais pas relever? =8P

    Bon, ben la premiere chose que j’ai faite ce matin, c’est de me passer Come Down!
    Y’a deux / trois chansons un peu trop lente a mon gout mais sinon je suis de ton avis, cet album est bourre de tubes. Deux premieres chansons tres atmospheriques qui posent l’ambiance, puis de bons gros morceaux qui suivent.
    Thirteen Tales etait bien aussi, avec egalement de gros hits mais j’avoue que comme toi le groupe est passe a la trappe apres cet album.

    Ton article donne forcement envie d’aller les voir en concert – mais aussi de se replonger dans leur discographie.
    La j’ai « As Cool As Kim Deal » qui passe dans mes oreilles en ce moment ^^ – meme les titres des chansons depotent!

  2. Akodostef sur

    Coolos :)On a le même esprit, mec ;D

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